Boys Noize records presents "Super Acid"

Voici une véritable machine pour dancefloors. Boys Noize nous présente via son label BNR sa première compilation de l'année avec ici un thème imposé, l'Acid house. Ce son cartonnait vraiment à la fin des années 80 et ceci au moins jusqu'au milieu des 90 avant que la déferlante de genres électro vienne doucement l'envoyer sur la touche. Sans avoir totalement disparue, l'Acid house a quand même eu du mal à se placer ces dernières années et chez les nostalgiques, dont je fais partie, l'Acid a toujours sa place dans un bon set. Encore faut-il qu'elle soit bonne et c'est le cas ici car Boys Noize nous propose une matière idéale pour réaliser un mix aux petits oignons. Sur certains morceaux comme "1010" de Boys Noize, l'efficace "Bleep" de Housemeister & Dave Tarrida, "Extreme compote" de Brodinsky, Noob, Djejdjotronic et Harvard Bass, ou l'excellent "Azid" de Krikor et Joakim, on se trouve clairement devant du classique Acid, et immédiatement quinze ans en arrière. D'autres morceaux essayent d'apporter un peu de fraicheur à ce style. Un tout petit peu car le disque reste quand même bien calibré, mais Djedjotronic avec "Uranus" et surtout Siriusmo avec "I like my voice" et sa ligne de basse géniale ont une approche qui ne cherche pas l'efficacité immédiate. Il est évident que cette compilation ne comblera pas tout le monde et il y a quelques morceaux un peu creux mais si vous adoriez ce son et que vous voulez retrouvez un peu de votre jeunesse, foncez dessus. C'est aussi une bonne façon de découvrir cet hommage au séquenceur TB-303 de Roland, même si j'imagine que certaines pistes ont du être montées avec un émulateur. ça n'empêche que "Super Acid" mérite de squatter les bons dancefloors pour un moment.

BoysNoizeRecords presents - Super Acid- BNR - 2011

 

Hasna El Becharia « Smaa Smaa »

Hasna El Becharia a seulement 16 ans lorsque qu'elle décide de monter dans un bus à Béchar en direction d'Oran, à 800 kilomètres de là. Et malgré la désapprobation de son père, musicien gnaoui et guérisseur, son but est simple, il s'agit de dégotter une guitare et un ampli électrique. Sans argent, elle se déleste alors de ses bracelets en or hérités de sa mère pour  s'acheter l'objet de ses rêves. C'est le point de départ d'une vie entière dédiée à la musique. Pendant de nombreuses années, elle va animer des fêtes, des mariages, des baptêmes se forgeant une véritable réputation notamment auprès des femmes qui louent son courage.  Seule femme a jouer la musique gnaoua, habituellement réservée aux hommes, elle garde le caractère bien trempée de son adolescence qui la pousse à refuser tout enregistrement par défiance envers le système. Ce n'est qu'en 2001 à 50 ans que paraît son 1er album « Djazair Johara ». Elle s'est alors installée à Paris après la 1ère édition du festival « Femmes d'Algérie » en 1999 à laquelle elle était invitée. C'est aussi à partir de ce moment qu'Hasna s'approprie le guembri, instrument à trois cordes, avec lequel elle pose sur la pochette.
C'est au début de l'année 2010 qu'est sorti « Smaa Smaa » et il n'est vraiment pas trop tard pour se plonger dans cette merveille enregistrée à Tariq, à 100 kilomètres au sud de Béchar, en Algérie. Des notes de guitares, le guembri en guise de basse, des percussions et quelques claquements de mains pour donner le rythme, une voix grave presque masculine, des paroles en arabe (et que cette langue est belle et émouvante), des chœurs féminins qui donnent le frisson, une petite touche de clarinette qui ne fait que renforcer le côté brut de la musique et quelques nappes de violons qui renforcent la mélancolie, tout est réuni pour une véritable immersion. On s'imagine immédiatement à partager le thé à la menthe avec Hasna et son équipe au cœur du Sahara.
Le père  d'Hasna utilisait la musique gnaoui comme thérapie, Hasna, elle, ne guérit pas, mais sa musique fait un bien fou. À consommer sans aucune modération.

Hasna El Becharia - Smaa Smaa - Lusafrica - 2010

 

Ghostpoet "Peanut Butter Blues & Melancholy Jam"

Obaro Ejimiwe alias Ghostpoet, MC britannique originaire du Niger offrait déjà une belle surprise avec son Ep "The Sounds Of Strangers" sorti en juin dernier. Avec "Peanut Butter Blues & Melancholy Jam" il semble avoir trouvé l'alchimie rendant l'électro, le dubstep et le hip-hop solubles l'un dans l'autre. Si ses productions penchent souvent vers l'expérimentation, son flow nonchalant fait mouche et nous rappelle aussi bien LKJ que Roots Manuva en moins toasté mais non moins stimulant. Il n'est donc pas surprenant de le retrouver sur le label de Gilles Peterson : Browswood, connu pour abriter une partie du meilleur de ce que la discothèque mondiale a à nous offrir.

 Ghostpoet - Peanut Butter Blues & Melancholy Jam - Browswood - 2011

Les nouveaux talents de la NBA

Alors que le All Star Game 2011 a vu la victoire de Kobe Bryant dans sa salle de Los Angeles, quelles sont les futures stars à suivre en NBA?

Blake Griffin, Attention nouveau prototype de joueur : métissage parfait, issu d'un père noir et coach au lycée et d'un mère blanche et rouquine, Blake est une fusion explosive. Monté sur ressort, Griffin rend le basket plus simple : ses coéquipiers lancent la balle en l'air et lui la reprend pour la smasher. Meilleur rookie de la saison, il vient d'obtenir sa place au All Star Game dès sa 1ère année en NBA (une 1ère depuis Tim Duncan en 1998) et y a remporté le concours de dunk (en sautant par dessus une voiture). Son jeu est tellement spectaculaire qu'il relance la fréquentation des matchs de sa fade équipe des L.A. Clippers, qui espère peut-être enfin rivaliser dans les années à venir avec les voisins des Lakers. Si Griffin évite les blessures (qui l'ont empêché de jouer la saison passée) et perfectionne son shoot, il sera la joueur de demain. 

Kevin Love n'a lui pas le profil d'un joueur très spectaculaire : grand blanc de 2,08m avec une carrure de bucheron. Il est pourtant la meilleure évaluation de la ligue : c'est le meilleur rebondeur et un très bon shooteur à 3pts. Son principal défaut : être dans la faible équipe de Minnesota. Love a notamment réussi à 31pts et 31rebonds dans un seul match cette année.

Derrick Rose est le jeune meneur de Bulls de Chicago et la 1er joueur du club à être titulaire au ASG depuis un certain Michael Jordan. Rose est rapide, élastique, adroit et aérien. Comme Love, il est membre de l'équipe des USA, championne du monde 2010. Epaulé par Joakim Noah, Rose veut envoyer les Bulls vers les sommets, mais devra d'abord passer les favoris de la conférence Est : Miami et Boston qui totalise 7 joueurs Allstars le week end dernier!

Enfin, un petit mot pour George Eddy. La voix du basket NBA en France. Ce Floridien est devenu le plus grand partisan du basket français, qu'il a fréquenté dans ses années pro (2 fois meilleur marqueur de la 2è division) . Ainsi, derrière ses expressions choc, se cache un fin analyste du basket et surtout un shooteur hors pair : la preuve, il a battu le record du monde de lancer franc marqué dos au panier: 6 à suivre! Regarder un match nba devient triste sans la voix de notre George. Ne change pas, surtout!
Kenavo

La Guerre en Irak II dite des ADM*

Crédit photo: A young Iraqi girl watches a U.S. Army patrol walk by. Auteur: Stefan Zaklin
CinéDoc : Tour d'horizon d'un sujet de société ou d'actualité à travers le cinéma.

1er septembre 2010, Barack Obama déclare à la nation la fin de l'engagement militaire en Irak. La mission américaine en Irak est officiellement terminée. Les 50 000 soldats encore sur le sol irakien ne participeront plus aux opérations de combat. Leur retrait définitif aura lieu fin 2011.
« Nous avons assumé nos responsabilités. C'est l'heure de tourner la page. » Barack Obama
Au même moment, l'ex-secrétaire d'État, Colin Powell, avouait aux médias que son fameux discours de 2003 au cours duquel il accusait l'Irak de détenir des ADM* était une "tache" dans son dossier. Tu m'étonnes! Pourtant c'est bel et bien ce discours qui avait justifié l'importance d'une guerre contre l'Irak afin de mettre la main sur les ADM qu'était censé posséder le régime irakien. Une thèse développée à l'époque par G.W.BUSH. (Voir la vidéo pour celles et ceux qui étaient en vacances à l'époque) 
*ADM : Arme de Destruction Massive.

En matière de cinéma, on peut louer la promptitude de nos amis américains à toujours rester dans l'actualité. Contrairement à la France, il est toujours de bon ton aux États-Unis de parler d'un sujet qui peut fâcher. Pour preuve, cette liste non exhaustive de films ayant pour thème cette guerre qui n'a même pas dix ans.

Dans la Vallée d'Elah (2007), un film de Paul Haggis
Avec Charlize Theron, Tommy Lee Jones

L'image qui reste de ce film est cette séquence finale dans laquelle le personnage interprété par Tommy Lee Jones, pourtant fervent patriote, hisse le drapeau américain à l'envers signe que le pays marche sur la tête et a perdu ses valeurs.



Redacted (2007), un film de Brian De Palma
Avec Kel O'Neill, Daniel Sherman

« Une fois encore, une guerre absurde a provoqué une tragédie absurde. J’ai déjà raconté cette histoire il y a des années dans mon film Outrages (Casualties Of War). Mais les leçons de la guerre du Vietnam ont été ignorées. » Brian De Palma

Le vieux routard De Palma signe l'un des films les plus modernes de ces dix dernières années. Le film s'appuie sur une multitude de sources audiovisuelles, vidéo surveillance, documentaires, vidéos personnelles, témoignages sur internet, pour dénoncer les désastres qu'occasionne la guerre sur les soldats et les populations civiles. Lors de sa sortie en salle, ce film a valu à De Palma d'être taxé d'antipatriote. Il fut soutenu par certains de ses confrères dont Eli Roth, réalisateur de Hostel. (film souvent cité comme étant une métaphore des atrocités commises en Irak)


Green Zone (2010), un film de Paul Greengrass
Avec Matt Damon, Greg Kinnear, Amy Ryan, Brendan Gleeson, Jason Isaacs, Khalid Abdalla...

Le désarroi d'un militaire américain qui a beau chercher des ADM dans le désert irakien, ne trouve que du sable. Par contre il trouvera dans la zone verte (cette fameuse zone de non-combat située autour du palais de Saddam) une part de la vérité sur cette guerre "fabriquée" de toutes pièces par d'ambitieux politiciens. Un film d'action typiquement hollywoodien, soumis à la loi du "star system" où il est quand même possible d'émettre une opinion qui va à l'encontre de celle établie.


In the Loop (2008), un film de Armando Iannucci
Avec James Gandolfini

Une comédie anglaise produite par la BBC. Satire au vitriol sur les arcanes des pouvoirs anglo-américains. Un constat redoutable de la lâcheté et de l'incompétence des politiques. Ceux là même qui prennent la décision de vie ou de mort sur une population civile ou militaire.

Art Melody « Zound Zandé »

Le hip-hop d'Art Melody respire l'Afrique, non seulement en raison des langues utilisées, le Mooré et le Dioula, mais aussi des thèmes abordés (l'éducation, son pays, son continent). Mais ce n'est pas l'Afrique dans le sens roots qu'on l'entend généralement puisque le flow très personnel du Burkinabé à la voix grave est allié à des sonorités très contemporaines voir parfois urbaines. C'est le beatmaker bordelais Redrum, amateur de soul et de jazz qui lui a concocté ces ambiances rappelant parfois les grandes heures du trip-hop de Bristol (« Beog kamba », « Kari kian Fo », « Rasta Wena Wagdre »). Mais le son se fait aussi parfois plus funky et bourré d'énergie (« Kienrib laamail »), ou encore nu-soul avec « Afrik yanbre », le tout, sans jamais perdre son identité africaine, pour preuve « Zound Zandé », espèce de raggamuffin à l'africaine. Sur « L'hebene est dans le noir », Art Melody se fait revendicateur et chante l'Afrique en français façon Tiken Jah : « A cette allure mon continent restera dans l'obscur, ne connaitra jamais d'évolution c'est sur, bien sur je ne jette aucun sort, aucune malédiction à tous ces gens, mais quand j'entends, quand je vois nos chefs d'états, qui ne pense qu'à profiter de l'Afrique et détourner son fric au nom de la Françafrique je ne peux que pauser mes critiques. ».
« Zound Zandé » est le 2ème album d'Art Melody, et pourrait être la parfaite bande-son de la « Révolution Africaine Promise ». Une définition du R.A.P. qu'il faisait lui-même dans le reportage Tamani(2008), dont une partie lui était consacrée.

Art Melody - Zound Zandé - 2011 - Banzaï Lab / Tentacule Records

Playlist Belgique

Pierre Desproges a déclaré dans les années 80 : « Ce n'est pas parce qu'elle était stérile que la reine Fabiola ne s'est jamais reproduite. C'est parce qu'elle préférait ne pas avoir d'enfant du tout plutôt que de pondre un Belge ». Il semblerait aujourd'hui que certains Belges se soient rangés à l'avis de Fabiola. Ainsi, la sénatrice Marleen Temmerman invite les femmes belges à faire la grève du sexe. Objectif : Mettre la pression sur les politiques pour qu'ils mettent fin à l'invraisemblable situation de la Belgique qui n'a plus de gouvernement fédéral depuis plus de huit mois! Benoit Poelvoorde a, quant à lui, proposé aux hommes belges de cesser de se raser, ce qui, parait-il, aurait renforcé certaines femmes peu friandes de barbus dans leur résolution gréviste.
  1- Saule « Bienvenue » sur « Western » (2009)
  2- Jacques Brel « Lalala » sur  « Jef » (1964)
  3- Ghinzu « Get Up » sur « ElectronicJacuzzi » (2000)
 

Pour ceux qui s'étonnent que les Flamands et les Wallons aient eu un jour l'idée de constituer une seule nation, il faut rappeler que le territoire correspondant aujourd'hui à la Belgique est placé sous une même autorité depuis Philippe de Bourgogne, ce qui fait quand même presque sept cents ans... Après de longues périodes de dominations étrangères (bourguignonne, austro-espagnole, française), les Belges catholiques se débarrassent en 1830 de la tutelle hollandaise et protestante du prince d'Orange, Guillaume 1er. La Belgique est née et les Belges dont la devise est « l'union fait la force » résistent alors fièrement aux visées expansionnistes de leurs voisins Français laïques et Néerlandais protestants.
  4- Funkadelic « One Nation Under A Groove » sur « One Nation Under A Groove » (1978)

Bien qu'aujourd'hui, Flamands et Wallons se frittent, il ne faut pas oublier que la Belgique fut longtemps perçue comme le moule de l'Europe du futur. Les particularismes régionaux étaient alors considérés comme une force et une richesse et on imaginait l'Europe à l'image de la Belgique : multilingue, multiculturelle, tolérante et avec des autoroutes éclairées la nuit. Mais la Belgique semble maintenant vouloir retrouver son vieux surnom : le champ de bataille de l'Europe. Bien sûr, on ne verse plus de sang sur le sol belge mais les pathétiques querelles de clocher ont fini par avoir raison de l'esprit bonhomme et tolérant des Belges. Les Belges qui n'ont plus à craindre d'être détruits par leurs voisins ont décidé de se détruire eux mêmes. Mais quel avenir pour une Flandre et une Wallonie indépendante? Est-il sensé de couper un pays en deux parce que les panneaux de signalisation ne sont pas dans la bonne langue? Est il impossible d'imaginer que les enfants belges soient francophones et néerlandophones? Les québécois qui font tant vivre et évoluer la francophonie ne sont-ils pas très majoritairement bilingues? En tous cas, au moment où beaucoup de pays européens voient ressurgir les vieux démons nationalistes et que les plus éminents de nos dirigeants ne se privent plus de considérer publiquement le multiculturalisme comme un échec, la situation de la Belgique donne du grain à moudre à tous les Cassandres anti-européens.
  5- Pansanel-Comelade-Pascual « La Dernière Frite à L'Europe » sur « Montpellier » (2011)
  6- Jacques Brel « Zangra » sur « Le plat pays » (1962)
  7- Noir Désir « L'Europe » sur « Des visages des figures » (2001)
 
De la lune on entend tout est un blog musical et pour les amateurs de musique, le mélange des cultures (la "batarsité" comme dit Paco) est avant tout un heureux phénomène auquel ils doivent de nombreux orgasmes auditifs. Il y a bien quelques amateurs de football sur ce blog qui verraient d'un bon œil le rattachement de la Wallonie à la France. Mais coach Swight, est-il bien raisonnable de souhaiter l'implosion de la Belgique pour le seul plaisir de voir Eden Hazard avec un maillot bleu? 
  8- Danyel Waro « La meteo » sur « Foutan Fonnker » (1999)
 
Au delà de la Belgique, y a t'il une place dans le monde pour une Europe recroquevillée sur ses régions, une Europe où on ne veut plus rien partager avec ses voisins. N'avons nous rien d'autre à mettre en commun que notre monnaie? Ceux qui utilisent la crise belge pour condamner l'Europe feraient bien de réfléchir aux conséquences d'une telle attitude. Pour ma part, je continue à penser que l'union fait la force et à souhaiter une Europe sans frontières, unie et solidaire dans ses différences, où les européens seront plein d'appétit et de curiosité les uns pour les autres et où seuls les mauvais peintres hongrois seront invités à éviter la France.
  9- Lee Fields & The Expressions « Money I$ King » sur « My World » (2009)
  10- La fanfare du Belgistan « Le Kangourou Maléfique » sur « La Fanfare du Belgistan » (2004)
 
La playlist :

"Au-delà" Clint Eastwood

Quand j'ai vu le sujet du dernier film de Eastwood, je n'étais pas emballé. Certes le bonhomme avait déjà fait quelques tentatives dans le domaine fantastique avec notamment quelques éléments dans "Minuit dans le jardin du bien et du mal" par exemple. Il ne me semblait pas que ce soit son domaine de prédilection. D'autant qu'avec Au-delà il n'en aborde pas moins que le thème de la vie après la mort. Un sujet pour le moins délicat. Le sieur Clint étant désormais produit par notre ami Spielberg, j'avais la crainte de voir un de ces films hollywoodiens tout plein de guimauve. Spielberg ayant traité du sujet dans son film "Always".
J'y suis tout de même allé, ne pouvant résister à l'appel d'un film du grand Clint . Même si Au-delà n'est pas son meilleur cru, Eastwood reste un bon équilibriste, un vieux briscard toujours plus "fino" qu'il n'y parait. Et son film m'a plu.
Le film démarre très fort avec cette scène ou un tsunami emporte notre Cécile de France nationale jusque dans l'Au-delà. Une scène parfaitement maitrisée, sans fioriture, sur-découpage ou autre musique symphonique tonitruante. Par la suite le film suit trois personnages qui ont évidemment tous un point commun et qui vont évidemment se rencontrer avant la fin du film. L'histoire des jumeaux m'a particulièrement touchée, plus intéressante à mon sens que celle du personnage français, mais l'ensemble se tient bien. Matt Damon est comme a son habitude, parfait, ici dans le rôle d'un médium.
Eastwood aurait peut-être pu se passer de quelques effets comme notamment ces images qui représentent l'Au-delà. Avec ce film, Eastwood atteste surtout le fait qu'il est plus agnostique que athée. Il garde la foi et nous la foi en lui. Vivement ses prochains films.

Cheveu "1000"

Le test du second album, celui de la maturité ? de la confirmation ? et bla bla bla et bla bla bla ... Donc "1000", le deuxième album du groupe Cheveu vient donner un grand coup pied à tous ces clichés. Sans modifier l'ensemble de leur style ils envoient les choses différemment et c'est tant mieux. ça reste du Cheveu mais les tons et les ambiances varient sérieusement. Les cordes ajoutées d'entrée à "Quattro stagioni" en attestent, l'amorce pop de "Charlie Sheen" aussi, mais dans ce morceau une véritable déflagration balaye l'atmosphère après trente secondes et puis ça sonne comme une évidence, ce morceau qui aurait pu être sympa sans plus, prend une toute autre dimension avec ces hurlements, on reste scotché. C'est un peu ça "1000", les pistes s'enchainent et surprennent souvent. Leur musique est dépouillée, toujours, garage par moments mais ils s'aventurent souvent où on ne les attend pas. Si "Ice ice baby" n'est pas l'un des titres les plus forts de l'album, cette reprise d'un tube hip hop variété de Vanilla Ice reflète un peu l'ambiance de l'album. Et quand on prend le temps de l'écouter, on se retrouve devant un disque solide avec son paquet de magots, à "Quattro stagioni" et "Charlie Sheen" s'ajoutent "Like beer in the headlights", "My first song", "Bonne nuit chéri" ou "Impossible is not french". Le mieux c'est qu'on a le sentiment que l'ensemble est géré avec une certaine nonchalance et c'est ce qui donne à ce disque une réelle "classe". Alors oui, Cheveu confirme mais le plus important c'est que "1000" est encore meilleur que son devancier et que ce trio dispose d'une belle réserve de créativité, vivement la suite.

cheveu - 1000 - Born Bad - 2010

Un Bulgare au pays des pharaons

Rares sont les personnes à se rappeler de Stoïtcho Mladenov (СТОЙЧО МЛАДЕНОВ). Il est pourtant aujourd'hui au cœur de l'actualité égyptienne. Cet ancien joueur de football professionnel a en effet été international bulgare à 59 reprises de 1978 à 1988 pour 15 buts, avec une participation en coupe du monde au Mexique en 1986 comme aboutissement de sa carrière. Niveau club: après plus de 100 buts dans le championnat bulgare, il finira sa carrière sous le soleil portugais. Puis commence pour lui les années d'entraineur globe-trotter, avec des clubs bulgares, portugais, grec et saoudien. Il sera même le sélectionneur de la Bulgarie de 1990 à 1992, qu'il quittera juste avant l'heure de gloire de cette sélection en 1994 : qualification pour la coupe du monde aux USA en 1994, à la dernière seconde au dépend de la... France (sacré Kostadinov!) et une 4ème place mondiale.
 
Depuis 2009, Mladenov est entraîneur du ENPPI du Caire. Ce club récent (fondé en 1985) a le soutien de l'armée et appartient à une compagnie pétrolifère et gazifère égyptienne fondée en 1978, d'où l'acronyme d'ENgineering for the Petrolium & Process Industries. Le club accède pour la toute première fois en 1ère division en 2002. Grâce à de gros moyens financiers, le club gagne la coupe d'Égypte en 2005 et est vice-champion la même année. L'année suivante, il gagne même la Ligue des Champions Arabes.
 
Or la révolution actuelle a profondément transformé le quotidien doré égyptien de Mladenov et de ses quelques 300 expatriés bulgares (principalement sportifs et musiciens), qui ont fuit la corruption et la misère de leur pays d'origine. Le 1er février 2011, le 1er ministre bulgare a ainsi fait rapatrié dans son airbus officiel Mladenov et ses compatriotes bulgares expatriés. Mladenov a expliqué ainsi qu'il espérait retrouver cet eldorado égyptien, même si l'armée égyptienne leur a signifié que le championnat était fini pour cette année. Symbole de la mobilité des hommes liée à la mondialisation économique, Mladenov est, pour ainsi dire, aussi une « victime »de la révolution égyptienne. Mais des victimes comme cela, on en veut bien d'autres. L'histoire de Mladenov permet ainsi de relativiser les résultats sportifs face aux événements politiques! Kenavo.

Quelques images d'archives du joueur Mladenov (attention aux oreilles en même temps) :

Shawn Lee's Ping Pong Orchestra « World of Funk »

La mère de Shawn Lee est pour moitié Libanaise et pour un quart Indienne d'Amérique, quant à sa femme, elle est Indienne née à Londres de parents de Tanzanie (C'est possible ça!?). Des origines et un environnement familiales des plus cosmopolites qui contribuent certainement à l'intérêt de l'artiste américain pour les sons venus d'ailleurs : que ce soit la musique psychédélique turque, superbement exploitée l'an dernier par GonjaSufi, la musique de  Bollywood, la pop brésilienne, l'éthio-jazz de Mulatu Astatqe, ou encore l'afro-funk, lui-même déjà fortement influencé par la musique américaine, on retrouve tous ces styles dans ce nouvel album. Et comme Danyel Waro,  certes dans un style bien différent, Shawn Lee se plait à parler de batarsité de la musique : « When we bastardize each other’s sounds/ music and get it wrong - we get it so right. It mutates and becomes something extraordinary. Now that is funky! ».
Et c'est pour mieux "batarsisé" sa musique que Shawn a réuni ici des invités d'origines très diverses : Chhom Nimol, chanteuse d'origine cambodgienne du groupe Dengue Fever, Clutchy Hopkins, personnage mystère dont il se murmure qu'il pourrait bien être Shawn Lee en personne,  Michael Leonhart, multi-instrumentiste aux collaborations aussi multiples que diverses (de James Brown à Sharon Jones & the Dap-Kings plus récemment en passant par Mos Def ou encore Steven Tyler d'Aerosmith),  Natacha Atlas, la chanteuse d'origine anglo-égyptienne née en Belgique,  Curumin musicien/chanteur de Sao Paulo, habitué des formations cosmopolites,  Bardo Martinez et Cava, chanteur et chanteuse hispanophones, Nany G, sa belle-mère, et  Elliot Bergman leader du groupe Nomo mais aussi collègue de label chez Ubiquity. Du bien joli monde pour un voyage dans le monde du funk qui l'est tout autant. Et alors qu'on reproche souvent à l'artiste super-prolifique (déjà une vingtaine d'albums à son compteur et presque autant de collaborations) de proposer des albums inégaux on a ici un album abouti avec (presque) aucune baisse de régime, et dont le cosmopolitisme, vous l'avez compris, est le maitre-mot.

Shawn Lee's Ping Pong Orchestra - World of Funk - 2011 - Ubiquity

Stranded Horse « Humbling Tides »

Stranded Horse est le projet de Yann Tambour, connu depuis « Churning Stride » sous le nom de Thee Stranded Horse en 2007, ou encore lorsqu'il se cachait derrière le pseudo Encre. Et comme sur la cover où il sauve une kora des eaux, c'est encore sur cet instrument que le Normand dresse les projecteurs. Mais ce n'est pas pour autant pour plagier les maîtres de la musique mandingue tels Toumani Diabaté ou Ballaké Sissoko et c'est bien là que réside sa force. Et si il s'approprie l'instrument, c'est pour mieux l'adapter à sa musique pop-folk aux influences anglo-saxonnes. Ainsi, en mariant la kora à la guitare, la magie opère. On est bercé par la délicatesse des arpèges  et la mélodie du chant (le plus souvent en anglais aux exceptions de deux titres dont le superbe « Les axes déréglés ») parfois doublé pour renforcer son intensité. Les changements de rythme subtils, et les interventions du violon et du violoncelle, nous sortent de temps en temps de notre rêverie pour mieux nous la faire apprécier. Un album épuré, simplement lumineux.

Stranded Horse - Humbling Tides - Talitres - 2011

"Poupoupidou" Gérald Hustache-Mathieu

Marilyn for ever! Comme le souligne clairement le titre, Ce film est un hommage à la star des années 50. C'est aussi un polar atmosphérique et une comédie décalée. Même si L'influence du cinéma indépendant américain sur le film est très appuyée, avec des références aux Coen et à Lynch, et tout particulièrement à Twin Peaks, l'ensemble est plutôt réussi.J'ai pris beaucoup de plaisir à visionner ce film. L'histoire fonctionne bien, La neige crée comme à son habitude l'ambiance nécessaire à l'étrangeté des choses, bien filmés, les acteurs, Jean-Paul Rouve et Sophie Quinton sont au diapason, et parfaitement secondés par de solides seconds rôles, comme par exemple Guillaume Gouix et Olivier Rabourdin dont la silhouette nous apparait de plus en plus familière au sein du cinéma français. — Petit bémol à mon enthousiasme, j'ai trouvé le film un petit peu long, mais c'est relatif dans la mesure ou j'ai senti que le réalisateur se faisait plaisir. Un bon moment. Tous à Mouthe!