La playlist-vidéo du mois de septembre

Ce mois-ci dans la playlist-vidéo, retrouvez de la soul culte, du hip-hop US et du hip-hop d'ailleurs, un hommage au roi de la pop, une star de la pop, une chanteuse frenchie, et plein de bonnes choses encore. Alors installez vous dans votre meilleur fauteuil pour près d'1h30 de musique en images.
  • Timber Timbre "Too old to die too young" sur "Creep On Creepin' On" (2011)
  • PepeSoup "Pump Tire" sur "Pump Tire (ep)" (2011)
  • Sola Rosa "Love alone feat.Spikey Tee" sur "Get It Together" (2009)
  • Marvin Gaye "What's Going On / What's Happening Brother" sur "What's Going On"(1971)
  • Pip Skid "You soooo much" sur "Skid Row"(2011)
  • FM Belfast "I don't want to go to sleep either" sur "Don´t want to sleep"(2011)
  • Beirut "Siki Siki Baba" (live)
  • Black Lips "Modern Art" sur "Arabia Mountain" (2011)
  • Dj Shadow & Afrikan Boy "I'm excited" sur "The Less You Know, The Better" (2011)
  • Camille "Too Drunk to fuck" (live) sur "Music Hole" (2008)
  • Khaderbai "Wintertime" sur "Krüml no​.​01 - D'schildchrodd" (2011)
  • Scroobius Pip "Introdiction" sur "Distraction Pieces" (2011)
  • Das Racist "Michael Jackson" sur "Relax" (2011)
  • PJ Harvey "The Words That Waketh Murder" sur "Let England Shake" (2011)
  • Spank Rock "#1 Hit" sur "Everything is Boring and Everyone is a Fucking Liar" (2011)
  • Rodney P "Live Up feat. The Peoples Army & Mighty Moe" (2011)
  • Guts le bienheureux "And the leaving is easy" (2007)
  • Action Bronson "Barry Horowitz" sur "Dr. Lecter" (2011)
  • Gogol Bordello "Start Wearing Purple" sur "Gypsy Punks" (2006)
  • Gummy Soul "Fela Soul" sur "Fela Soul" (2011)
  • A Band Of Buriers "Stuffing A Chest With Twigs" (2011)
  • Bonnie Prince Billy "Quail and Dumplings" sur "Wolfroy Goes To Town" (2011)
  • Delaney Davidson  "I Slept Late" sur "Self Decapitation" (2010) 
  • Björk "Moon" sur "Biophilia" (2011)
  • Backpack Jax "Da Goodsh!t" sur "Remember the Future" (2011)
  • Calle 13 "Latinoamérica" sur "Entren Los Que Quieran" (2011)

Piers Faccini « My Wilderness »

Depuis « Leave No Trace » en 2004, Piers Faccini  a réalisé 2 albums, « Tearing sky » en 2006 et « Two grains of sand » en 2009. Des albums plutôt bien accueillis, mais dans lesquels on ne retrouvait pas la magie et la sensibilité du premier. Avec « My Wilderness », enregistré chez lui dans les Cévennes, l'artiste anglo-italien nous offre une merveille d'inspiration folk à la Nick Drake ou à la Tim Buckley. On y découvre aussi un artiste aux oreilles ouvertes plus que jamais sur le monde. L'Afrique avec la présence du n'goni sur « Tribe » ou avec des lignes de guitare inspirées d'Ali Farka Touré sur « That cry », l'Italie sur « The Beggar & the Thief », très cinéma italien des 70's, ou encore l'Orient avec les cordes du très touchant « Three Times Betrayed ». Et c'est avec un plaisir immense qu'on s'immerge dans le monde de Piers Faccini, un monde cartographié sur la cover de l'album, un monde épuré et lumineux qui devient parfois carrément magique comme sur le « Dreamer » illuminé par la trompette d'Ibrahim Maalouf.

Piers Faccini - My Wilderness - Tôt ou Tard - 2011

Écoutez l'album en streaming

Extrait du film "A New Morning" de Piers Faccini & Jérémiah :

She Keeps Bees « Dig On »

« Dig On » est le 3ème album du duo brooklynien de She Keeps Bees composé de Jessica Larrabee, au chant et à la guitare, et d'Andy LaPlant à la batterie, après « Minisink Hotel » en 2006 et « Nests » en 2008. Cet album transpire la sensualité, c'est rock, c'est blues, c'est brut, c'est minimaliste mais c'est aussi et surtout très charnel. Avec des morceaux souvent très courts, la plupart font moins de 3 minutes, le plaisir est souvent immédiat. Des explosions électriques comme sur le single « Vulture », des emballements rythmiques à la Jeff Buckley, la fragilité en moins, sur « See Me », et des montées en puissance avec « Make You My Moon ». Mais aussi des titres plus calmes comme le bien nommé « Calm Walk In The Dark » ou mélancolique avec « Farmer » magnifiquement porté par la voix. Mais le diamant de l'album est « All Or None/Dark Horse » qui commence à capella, suivi de percussions et quelques subtiles notes de guitares. Un titre puissant sans user de la puissance électrique. L'ensemble est brut à souhait, sexy et sans fioritures.

She Keeps Bees - Dig On - 2011 - Ryko

L'album en écoute :




Vidéo d'un titre inédit :

Drôle de Macédoine

Photo d'origine : Ivan Martinovic/Reuters
L'Eurobasket vient de se terminer en Lituanie avec une belle médaille d'argent pour nos Français, pour la 1ère finale de leur histoire dans cette compétition. Mais l'équipe surprise reste bien la Macédoine, dont certains ne devaient même pas savoir qu'il s'agissait d'un pays européen! Les Macédoniens ont en effet fini 4ème de cet euro, après avoir éliminé le favori lituanien chez lui, lors d'une fin de match que seul le basket peut nous apporter. La Macédoine, en tant qu'ancienne république de l'ex-Yougoslavie, est en effet une terre de basket. D'ailleurs les 6 nations issues de l'ex-Yougoslavie étaient qualifiées pour cette phase finale ; mais pour une fois ce ne sont pas les Serbes ou les Croates qui se sont fait remarquer, mais bien les Macédoniens emmenés par leur Américain naturalisé Bo McCalebb (les équipes nationales ont en effet droit à un naturalisé par effectif). Cette performance, célébrée par les 2 millions de Macédoniens notamment dans la capitale Skopje, a plus qu'un enjeu sportif, c'est aussi une affirmation géopolitique. En effet, le nom de Macédoine, terre natale d'Alexandre le Grand, est rejeté par les Grecs, qui considèrent que ce nom est déjà celui de la région du Nord de leur pays. Officiellement la Macédoine a donc du s'appeler ARYM (ancienne république yougoslave de Macédoine) ou FORYM (en anglais). Aussi pour s'affirmer, les Macédoniens ont eu la bonne idée de battre les Grecs à l'Euro... des Grecs qu'ils pourront retrouver pour le tournoi de qualification pour les J.O. en 2012. Affaire à suivre...

Résumé-vidéo du quart de final au dénouement incroyable contre la Lituanie :

Fanfare ciocărlia & Boban i Marko Marković orchestra "Balkan Brass Battle"

Quelle est la la championne toutes catégories des fanfares des Balkans ? Il y a encore quelques années, il y avait de fortes chances que le Taraf de Haïdouk remporte la mise. Mais aujourd'hui, par l'entremise du producteur Henry Ernst, c'est la Fanfare Ciocarlia et le Boban & Marko Markovic Orchestra qui se disputent la couronne. D'un côté, 12 musiciens, originaires d'un village isolé de la Moldavie roumaine, bien ancrés dans la tradition. De l'autre, un père et son fils, accompagnés par une dizaine de musiciens roms plutôt bien bâtis originaires du sud de la Serbie. Si la fanfare roumaine a la réputation d'être la plus rapide du monde, les Serbes ont quant à eux, remporté tous les prix possibles dans leur pays, notamment au fameux festival de Guca, avant d'enflammer les salles du monde entier. Autant dire qu'il y a bien match et que les trompettes, clarinettes, saxophones, et tubas sont à la fête. Les titres joués par la Fanfare Ciocarlia prennent des airs de ska alors que les Markovic évoluent plus vers le jazz. Les deux bandes proposent chacune leur propre version du « Caravan » de Duke Ellington, l'occasion d'entendre la différence de style, et se réunissent pour le meilleur sur le thème de James Bond, ou encore l'extraordinaire « Devla ». Un album qui annonce des joutes scéniques très intenses où la rakia-maison risque de couler à flot.

Balkan Brass Battle - Asphalt Tango - 2011

Stand High Patrol - L'entretien

Stand High Patrol est composé de Pupa Jim, MC aussi assigné au son, Mac Gyver spécialiste des effets et du dub et de Rootystep, qui fait les mix. Nous les avons rencontré au Festival Chausse Tes Tongs, quelques heures avant qu'ils ne clôturent la soirée.

Historique
« Stand High Patrol, c'est la RN12 puisqu'on vient de Guingamp, de Rennes et de St Brieuc ! On a créé le groupe au Lycée Savina à Tréguier alors qu'on était en section arts appliqués il y a une dizaine d'années. On a d’abord tourné à deux en jouant des vinyles en formation sound system. Puis on est allé à Londres où on a découvert une scène très différente de la scène jamaïcaine. Ce sont ces sons qu'on a voulu rapporter en Bretagne. Jim nous a alors rejoint avec ses compositions et à partir de 2005-2006, on ne jouait plus que des compositions de Jim ou des compostions d'amis producteurs. »

STAND HIGH PATROL
« On s'est fait connaître sur Nova grâce à « Television addict » qu'ils ont passé direct et qu'ils ont présenté sous le nom de Pupajim. Mais c'est aussi car on leur avait envoyé le morceau sans bien précisé notre nom. De toute façon, c'est bien parce que ça a fait le buzz autour de nous alors on va pas s'en plaindre. Nova c'est quand même Nova et puis c'est reconnu, même à l'étranger. Alors, du coup, on nous prend parfois pour deux projets différents, Pupajim et Stand High; on devrait peut-être demander deux fois plus de tunes finalement! Il arrive même que des organisateurs précisent Stand High Patrol avec Pupajim  sur les flyers pour éviter la confusion. Mais on s’appelle bien Stand High Patrol. »



La scène
« On a pas mal tourner en Bretagne où on a écumer les bars de Guingamp à Rennes. Notre première grosse scène, c'était à Bout'40, un festival plutôt reggae-dub à côté de Rennes. On a aussi beaucoup tourné dans une scène spécifiquement dub, à Lyon une ou deux fois, à Paris, au Pays Basque, à Nantes, Lille, Genève. On s'est constitué un réseau et on échange les invitations, un coup ils viennent sur Brest, un coup c'est nous qui sommes invités. Mais On aime bien jouer aussi dans les endroits où la musique est variée, on a ainsi fait Solidays et les Vieilles charrues. »

Les Influences
« Notre base c'est le reggae digital des années 80 mais on aime aussi le hip-hop, la new wave, l'électro. Après, même si on écoute aussi du Lee Perry, on a plus accroché à la scène anglaise. C'est beaucoup moins planant et beaucoup plus axé sur la basse et sur la danse. Et nous ce qui nous plait, c'est de faire danser le public, on ne fait pas une musique à message. »

hip-hop
Pupa Jim : « Je kiffe le hip-hop mais il faut écrire deux fois plus de paroles et personnellement j'ai pas un rythme très soutenu. En plus, comme je chante en anglais, ça ne facilite pas les choses. Mais on fait du dub-reggae dans l'esprit hip-hop. Tout notre travail est basé sur des samples, souvent très courts. Ce ne sont même pas des boucles tellement c'est court même s'il nous arrive aussi d'en utiliser. »

enregistrement
« On a notre propre label sur lequel on a sorti 2 maxis uniquement en vinyles. On réfléchi à la réalisation d'un album avec uniquement des nouveaux enregistrements. On souhaiterait quelque chose de vraiment cohérent, dans l'esprit de ce qui se fait dans le hip-hop. »

"La piel que habito" Pedro Almodovar

Enfant prodige de la Movida, ce grand mouvement populaire, artistique et libérateur de l'après Franquisme, Almodovar est toujours là! Après tant d'années de succès, il n'a rien perdu de son talent, de son regard singulier. Fidèle à lui-même, il aborde une nouvelle fois dans La piel que habito la thématique du Genre. Le film flirte avec le fantastique et cette histoire entre le professeur Ledgard, interprété par Antonio Banderas et sa créature/création, Marilia interprétée par Elena Anaya n'est pas sans rappeler le classique docteur Frankenstein.
Après avoir vu le film j'ai voulu lire le livre de Thierry Jonquet, Mygale dont le scénario est issu. J'étais en effet étonné de voir combien l'histoire correspondait à l'univers du maître espagnol. Finalement, même si le livre et le film ont beaucoup de chose en commun (la vengeance…), les univers sont assez éloignés. Almodovar a su adapter cette histoire sombre et farfelue à son univers excentrique et baroque. Il a largement remodelé le scénario à sa guise, faisant de La piel que habito une œuvre très personnelle. La séquence, qui fait notamment intervenir le personnage du "tigre" est pour le coup très "Almodovar" et fait penser à une scène de Kika.
Almodovar une fois encore réussit à nous surprendre, sa réalisation évite toujours les gros effets, du style uppercut visuel facile, qui sont de mise dans le cinéma d'aujourd'hui. Il joue la finesse, par le hors-champs ou l’ellipse, offrant ainsi une réalisation empreinte de subtilité même dans les moments "choc". C'est un plaisir aussi de découvrir Elena Anaya et de retrouver Antonio Banderas dans un grand film. La piel que habito du fait de son ancrage dans le cinéma fantastique constitue un tournant dans la carrière du madrilène. Et le choix d'offrir à Banderas le rôle principal de "la Piel…" ne serait-il pas pour le réalisateur, un petit appel du pied aux producteurs américains?

Dj Mehdi (1975-2011)

« Leave it alone »


"Mehdi Favéris-Essadi, plus connu sous le nom de DJ Mehdi, est décédé cette nuit à l'âge de 34 ans suite à un accident à son domicile." Tsugi Magazine

Paul White "Rapping with Paul White"

Le format court n'est visiblement pas la tasse de thé de Paul White, et c'est tant mieux. Son nouvel album "Rapping with Paul White" possède 18 pistes (26 si l'on compte les versions instrumentales de certains morceaux). Cela peut paraître dense mais on se retrouve au contraire devant un album de hip hop riche et varié, où des ambiances modernes rencontrent des boucles plus old school. L'univers de Paul White est aussi bien servi par tous les guests présents sur l'album avec entre autres Guilty simpson et Moe Pope. Sur le génial "One of life's pleasure", c'est Danny Brown qui envoie un flow tonique et à la première écoute on jurerait écouter un nouveau morceau d'Outkast. Samples triturés ou boucles plus soul, le beatmaker anglais déroule pour ses invités du véritable velours où ils n'ont pas à forcer leur talent pour poser leurs voix. Même l'auto-tuné "The doldrums", s'il n'est certainement pas l'un des meilleurs morceaux de l'album, s'écoute sans s'arracher les oreilles grâce aux beats impeccables de Paul White. Mais pour le reste c'est du tout bon, "Run shit", "Stampeding elephants", "Rotten apples"ou "A weird day" pour ne pas tous les citer s'écoutent en boucle. Les instrumentaux sont aussi plutôt réussis et c'est avec un insolent talent qu'il alterne les ambiances et embraye les pistes pour un résultat assez bluffant, frais et complètement addictif. Certainement l'un des disques hip hop de la rentrée.

Paul White - rapping with paul white - 2011 - one handed music


L'album en intégralité :

En images :

Stanley Brinks & The Kaniks « Jamaica Inn »

Stanley Brinks sort 3 ou 4 albums par an, en toute discrétion. Pourtant, ces derniers temps, ils sont quasiment tous aussi bon les uns que les autres. L'an dernier, on a eu le droit à du très bon avec « Claps » et carrément un chef-d’œuvre un peu plus tôt avec « Hoots ». Cette fois, c'est du côté d'Egersund en Norvège et non dans une « auberge jamaïcaine », comme le laisse entendre le titre, que l'ex-Herman Dune a donné rendez-vous à The Kaniks, groupe d'autochtones, membres du Bergen Mandolinband et d'I Was a King. Le résultat donne une musique folk qui prend des airs de country avec le banjo et la mandoline, et de New-Orleans avec le souffle du trombone. Les chœurs qui se conjuguent majoritairement au masculin couplés au violon donnent une couleur très mélancolique à l'ensemble comme sur « How do I know »  ou « It's All The Same to me ». Dans la même veine, il est difficile de résister à « Once in a while », qui se termine de façon sautillante par « Who? Who? Who in the world is better than you? ». C'est bien une question qu'on te retourne Stanley, un « Broken man », cassé autant par le temps que par le monde.

Stanley Brinks & The Kaniks - Jamaica Inn - 2011 - b.y_Records

L'album complet en écoute :


En images :

"Les Schtroumpfs" Raja Gosnell

Adaptation cinéma de l'univers des Schtroumpfs créé en 1958 par le dessinateur Peyo. Voilà tout est dit, ou presque! Pour ma part j'étais assez surpris de voir Hollywood adapter cette BD qui fut l'une de mes premières lectures. Je ne savais pas que ces petits bonhommes bleus étaient connus outre-Atlantique. Il faut rendre à César ce qui lui appartient : les Américains font tout de même bien les choses et rendent véritablement hommage à l’œuvre originale tout en l'adaptant à leur sauce. Ici les Schtroumpfs débarquent à New-York! Quand on adapte une BD en France au final on obtient tout autre chose, je pense à l'adaptation de Blueberry par exemple (??? là je m'adresse aux producteurs s'ils m'entendent : la prochaine fois au lieu de faire "Blueberry, l'expérience interdite", il faudrait mieux faire 2 films. le premier s'appellerait "Blueberry" et serait l'adaptation de la BD et le deuxième s'appellerait "L'expérience interdite" et serait un film sur un cowboy métaphysique qui rendrait hommage à Jodorowsky et à Moebius ). Longue parenthèse! Revenons-en à nos moutons ou plutôt nos petits hommes bleus. Le film est bourré de placement de produit ( Ah! ces chers petites têtes blondes, de vrais consommateurs en puissance! passons!) mais l'ensemble est bien fait, drôle et sympathique, Gargamel et Azraël sont affreux et méchants à souhait et les scénaristes n'hésitent pas sur l'auto-dérision en se moquant notamment de cette mélodie horripilante qui à en partie fait le succès des Schtroumpfs. A voir avec les enfants. ils schtroumpferont certainement!

Tinariwen « Tassili »

C'est au milieu du désert Tassili N'ajjer, dans un décor lunaire à dominante ocre, que Tinariwen a installé son campement en novembre-décembre 2010 avec tout le matériel nécessaire à un enregistrement. C'est dire si ce 5ème album respire plus que jamais le désert. Mais dans ces conditions particulières les Tinariwen ont délaissé les guitares électriques (même si elles n'ont pas complètement disparues) pour les instruments acoustiques. Leur musique devient ainsi beaucoup plus mélancolique et empreinte de tristesse, perdant la rage revendicative des précédents albums. Ils n'ont pas pour autant abandonné leur combat pour la survie du peuple touareg et sa culture, mais il s'exprime maintenant à la manière d' « un feu intérieur qui brûle ». Finis aussi les chœurs et les youyous féminins, faisant place à des collaborations assez inattendues où les invités mettent tout en œuvre pour s’imprégner du rythme et de l'esprit touareg. La palme revenant aux deux TV On The Radio, le guitariste Kyp Malone et le chanteur Tunde Adebimpe, sur l'extraordinaire « Tenere Taqhim Tossam ». La collaboration avec The Dirty Dozen Brass Band n'est pas mal non plus même si on regrettera que le brass band de la Nouvelle Orleans n'envoie un peu plus la sauce sur « Ya Messinagh ».
L'esprit du désert règne en maître sur cet album, le fantôme d'Ali Farka Touré s'invitant même sur « Tenidagh Hegh Djeredjere » peut-être attiré par le chant murmuré et habité d'Ibrahim ag Alhabib sur  « Tameyawt ». Une nouvelle belle pépite dans le désert touareg.

Tinariwen - Tassili - V2 Music - 2011

"Melancholia" Lars von Trier

L'été 2011 est plein de bonnes surprises, du moins en ce qui concerne les sorties cinéma. Outre les quelques gros films habituels, les exploitants ont eu la bonne idée de sortir quelques œuvres d'auteurs présents à Cannes plus tôt qu'à l'accoutumée. L'avenir nous dira si cette manœuvre commerciale est une réussite ou pas, toujours est-il qu'elle permet aux estivants d'avoir un spectre de choix plus large que d'habitude au mois d'Août.

Première surprise, la sortie de Melancholia, dernière œuvre du trublion provocateur Lars vont Trier. Personne n'a oublié son expulsion du festival après les propos qu'il a tenu lors de la conférence de Presse de Melancholia. Son film est resté en compétition mais le bonhomme s'est retrouvé Persona non grata du festival! pour combien de temps? Pour enfoncer le clou (et pour arranger la dépression chronique de Lars), il s'est avéré courant de l'été que l'un des films préféré du tueur d'Oslo était "Dogville". Pas facile d'être dans la peau de Von Trier ces temps-ci. L'homme semble avoir du mal à encaisser le monde et il tente aux travers de ses films de faire comprendre ses interrogations, son mal-être, souvent par le biais d'un questionnement métaphysique pas toujours compréhensible (du moins au premier abord).

A ce propos, difficile d'isoler Melancholia de son précédent film "Antichrist". Les deux films ont en commun d'avoir valu à leur actrice principale le prix d'interprétation à Cannes (Charlotte Gainsbourg pour l'un, Kirsten Dunst pour l'autre) mais aussi d'être pour le spectateur des expériences très intenses. Le mot qui me vient est "viscéral". Ça n'est pas nouveau chez Von Trier "Breaking the wave" l'était aussi. Ce qui diffère par contre, c'est l'axe et le traitement qu'y apporte le réalisateur. Autant dans "Antichrist", Von Trier exorcisait ses interrogations par le biais d'un récit cauchemardesque, plein de sombres méandres, faisant du film une œuvre dure, limite malsaine, autant ici il semble plus apaisé et livre une œuvre magnifique.

Lars Von Trier sait prendre le spectateur aux tripes, l'entrée en matière de Melancholia est grandiose. Une série de plans surréalistes en hyper-ralenti et "compositing" sur la musique de Tristan et Iseult de Wagner, un grand moment de cinéma à n'en pas douter. La suite en caméra épaule se déroule en deux parties qui se répondent et se complètent. Lars von Trier aborde la fin du monde, puisqu'il s'agit ici d'Apocalypse, par le portrait en huis clos de deux sœurs. Ce qui est une façon pour le moins singulière de traiter ce sujet! Chacune des parties est ainsi consacrée à dessiner le portrait d'une des sœurs: Justine (Kirsten Dunst) et Claire (Charlotte Gainsbourg).
Tout les oppose, la première est blonde et pulpeuse, la seconde brune et longiligne, La première n'est pas mère la seconde l'est, La première présente des fragilités, la seconde semble équilibrée, etc...
La première partie est consacrée à Justine. Dans cette partie Claire tente d'aider sa sœur a surmonter une grave maladie psychologique : la mélancolie. Elle organise avec son mari (Kiefer Sutherland) le mariage de Justine au sein de leur grandiose propriété. En vain. Dans la seconde partie, les relations basculent. C'est Justine qui aidera sa sœur à vaincre ses peurs afin d'accepter l'inéluctable : une planète, dont le nom correspond étrangement à la maladie de Justine, va percuter la terre et l'anéantir. Justine personnage central est intrinsèquement reliée à la nature, du fait de sa maladie, elle sait les choses, détachée du monde matériel mais également en conflit avec la Terre, elle s'avère finalement libre. Comme dans "Antichrist", c'est un personnage emprunt de paganisme - sorcière en quelque sorte - détachée du monde matériel et scientifique (l'enfant la surnomme Tata Steelbreaker, sûrement en rapport avec sa folie mais aussi son lien avec la Nature), contrairement à sa sœur qui elle tente de s'accrocher au monde concret, aux rituels. Justine est déjà dans la mort, Claire tente de s'accrocher à la vie (son statut de mère l'y oblige).

Pour autant, là ou dans "Antichrist" le personnage s'exorcisait dans la violence, ici Justine est détachée. Là ou il y avait scène de masturbation et d'automutilation, ici il y a contemplation, osmose avec les éléments . Le personnage de "Antichrist" était frontalement en guerre contre la Nature, ici Justine trouve la paix dans sa relation cosmique avec l'univers, elle se réalise dans le chaos. Lars von Trier a du manger une cagette de valium entre les deux films!

La mélancolie de Justine est libératrice, rien ne sert de lutter, de s'accrocher au matériel c'est ainsi… "Laisse aller Claire, c'est une valse ou plutôt un grondement sourd qui approche qui approche et qui emporte tout!" Une philosophie nihiliste, une fin onirique, magnifique et belle. Un lâcher prise total… (No futur!)

Même si chez le Danois, la violence reste inhérente au propos et aux interrogations qu'il porte sur le bien fondé de l'amour de l'humanité, il fait de "Melancholia" un grand film, certes plus facile à "encaisser" que son précédent, à son grand dam, mais aussi bien moins misogyne, plus subtil. Je le reverrais avec plaisir, ce qui n'est pas le cas pour "Antichrist". De plus, il s'est entouré d'un casting 4 étoiles : Charlotte Rampling, John Hurt, Kiefer Sutherland, tous parfaits. Il offre après "AntiChrist" un nouveau grand rôle à Charlotte Gainsbourg, rôle qu'elle défend à la perfection. Kirsten Dunst quant à elle, toujours aussi "mimi" avec ses petites fossettes trouve ici son rôle le plus intéressant depuis "Virgin Suicide". Après la palme d'or "Tree of Life", il est intéressant de voir combien les réalisateurs avaient besoin cette année de se confronter à ce qui relie l'Homme au cosmos, à l'infiniment grand, à la Nature. Cette Nature qui fait l'homme et toutes ses interrogations. Von Trier n'a pas eu la palme. Est-ce à cause de sa boutade foireuse ou le jury a t-il préféré l'homme sage (Malick) à celui qui est sur la "voie".

Toujours provocateur, Lars Von Trier a annoncé que son prochain film serait un Porno. ça ressemble à un effet d'annonce mais s'il réussit son porno comme il a réussi son film catastrophe, l'expérience sera sans aucun doute unique pour le spectateur.