Micatone « Wish I was here »

Micatone est composé de 5 musiciens, originaires de Berlin pour la plupart, aux influences musicales diverses, du jazz (Lisa Bassenge, la chanteuse, et Paul Kleber, le bassiste, jouent aussi dans The Lisa Bassenge Trio) à l'électro (Tim Kroker, le batteur, joue aussi avec le groupe belge Front 242, et Sebastian "Hagen" Demmin, le clavier, a longtemps baigné dans la scène électro-house berlinoise). Rien à voir donc avec Pink Floyd si ce n'est ce titre d'album qui fait forcément penser à leur « Wish You Were Here ». Sur « Handbrake », le 1er morceau un peu rétro,  Stuart Staples, la voix des Tindersticks, vient se mariée parfaitement avec celle de Lisa. On entendra ensuite tour à tour du trip-hop façon Goldfrapp (oui, mais du bon!) sur « Souvenir » et « Just A Boy » ou encore façon Tricky époque « Maxinquaye » sur « Save Me », et de la soul funky à la Curtis Mayfield sur « Break My Heart ». La voix rappelle de façon surprenante celle de Camille sur « Sweet Pain », alors que sur le morceau final « Dirty Town », titre plus« sale » elle prend des airs de Janis Joplin. Un album plus qu'agréable malgré des temps un peu plus faible comme « Gun Dog » et sa pop un peu « trop » sucrée.

Micatone - Wish I was here - Sonar Kollektiv - 2012


La playlist vidéos de mars 2012

Prenez le temps de savourer cette nouvelle sélection vidéos et vite!
  • Trombone Shorty "Hurricane Season (Live on KEXP)"sur "Backatown"(2010)
  • Nick Cave and the Bad Seeds "Red Right Hand" sur "Let Love in " (1994)
  • Band of Skulls "Sweet Sour" sur "Sweet Sour"(2012)
  • Filastine "Colony Collapse" sur "Colony Collapse ep" (2012)
  • Islands "Hallways" sur "A Sleep & A Forgetting" (2012)
  • Soap&Skin"Boat Turns Toward The Port" sur "Narrow" (2012)
  • Yael Kraus "Floor" sur "Boutique" (2010)
  • Abbey Lincoln "Spread the Word" dans "La Blonde et moi (The Girl Can’t Help It)" (1956) de Frank Tashlin avec Jayne Mansfield
  • DJ Nu-Mark "Dumpin' Em All feat. Bumpy Knuckles" sur "Broken Sunlight hard" (2012)
  • De la Soul "Must B The Music" sur "De La Soul's Plug 1 & Plug 2 present First Serve" (2012)
  • Chip Taylor & The New "Fuck All The Perfect People" sur "Fuck All The Perfect People" (2012)
  • The Dø "Gonna Be Sick!" sur "Slippery Slope" (2011)
  • Astronautalis "This Is Our Science" sur "This Is Our Science" (2011)
  • Groundation "Humility" sur "Building An Ark" (2012)
  • Céu "Retrovisor" sur "Caravana Sereia Bloom" (2012)
  • Willis Earl Beal "Evening's Kiss" sur "Acousmatic Sorcery" (2012)
  • Anais Mitchell "Coming Down" sur "Young Man in America" (2012)
  • Zetina Mosia "Lately" sur "The Roundabout"(2012)
  • The Goats "Typical American" sur "Tricks of the Shade"(1992) - à écouter aussi sur le Pouss'Disques "Some Of my HipHop Classics vol.1"
  • Camille "Mars Is No Fun (acoustique)" sur "Ilo Veyou"(2011)
  • YAPA "Le Pas Sage Des Voies Ferrées" sur "Wagamumbai"(2012)
  • Amy Winehouse "Half Time Feat. AlboRosie" remix d'un titre présent sur "Lioness Hidden Treasures"(2011)
  • The Speakeasies' Swing Band! "Black Swamp Village" (2012)
  • Kottarashky & The Rain Dogs "Demoni" sur "Demoni"(2012) 
  • Parov Stelar "Jimmy´s Gang" sur "Jimmy´s Gang ep"(2012)


Balkan Beat Box « Give »

Le Balkan Beat Box, groupe New-yorkais fondé par des expats d'origine israélienne, un ancien du Gogol Bordello (Ori Kaplan), et un ancien de Firewater (Tamir Muskat), rejoints ensuite par un chanteur explosif (Tomer Yosef), a forgé sa réputation sur un mélange de musique balkanique (chants bulgares, fanfare serbe ou macédonienne), de touches orientales, de beats électro et un flow hip-hop, avant d'intégrer petit à petit de la cumbia et du reggae-dub. Cette fois, le groupe s'est recentré sur lui-même, utilisant beaucoup de samples, et de sons électroniques avec de vieux synthés et quelques instruments-jouets, tout en gardant son style caractéristique en prise avec la réalité de son époque. Pour preuve ce « Part of the Glory », entre Dj Mujava et le « King of Bongo » de la Mano Negra, qui traite des médias sociaux, de YouTube et de la notoriété que tout un chacun recherche. Il se fait aussi revendicatif et impliqué socialement avec un « Political Fuck », presque digne de Rage Against The Machine, en bien plus policé tout de même. Ceux qui n'adhéraient pas au BBB auparavant ne devraient pas être plus convaincu par ce nouvel album, les autres se régaleront de ce nouvel album où les tubes jaillissent du porte-voix !

Balkan Beat Box - Give - Nat Geo Music - 2011



Spoek Mathambo « Father Creeper »

On avait découvert le Sud Africain Spoek Mathambo en 2010 avec « Mshini Wam », un 1er album plus que prometteur. Il revient avec « Father Creeper » après un passage, semble t-il, convaincant aux dernières Transmusicales, et c'est un petit foutoir, un véritable éclatement sonore. Sur « Kites » il pose son flow sur des bidouillages électro-rock que Rubin Steiner ne renierait pas, avec « Let Them Talk », le refrain prend des allures de ska punk sur une ligne de basse à la Fishbone. « Put Some Red On It » et « Father Creeper » tendent plus vers le hip-hop froid façon GhostPoet, et il n'oublie jamais ses origines africaines comme avec cette guitare high life sur « Dog To Bone », morceau  qui se termine en jungle sonore expérimentale. Mais avec « Stuck Together » il touche à la limite de son élargissement musical en se rapprochant dangereusement du mielleux Lenny Kravitz. Spoek Mathambo tente d’intégrer de la pop, de l'électro, du hip-hop à ses racines africaines au même titre que Vampire Weekend intègre de la musique africaine dans sa musique pop. Il inverse la donne, avec plus ou moins de réussite, mais ça fait vraiment pas de mal de voir le monde à l'envers !

Spoek Mathambo - Father Creeper - Sub Pop - 2012

"Méridien de sang", Cormac McCarthy

Méridien de sang ou le rougeoiement du soir dans l'Ouest risque de laisser des traces dans vos mémoires. À lire la deuxième partie du titre on pourrait penser rencontrer les p'tites Ingalls au crépuscule devant leur bicoque dans la prairie... mais non.
C'est un Western "barré" entre folie meurtrière capillaire et chevauchée nihiliste, l'histoire d'une horde sauvage sillonnant le Mexique et les États Unis vers 1850. Trois protagonistes principaux dans ce maelström de violence : le gamin, le capitaine Glanton et le Juge. Orné de scalps, paré de colliers d'oreilles séchées et d'oripeaux puants, cette trinité ne connaîtra qu'un survivant : le bon, la brute ou le truand ?
On retrouve dans cette œuvre les grands thèmes chers à l'auteur (nature puissante et hostile à grand renfort de détails, ambiance apocalyptique et métaphysique, protagoniste au seuil de l'humanité...) mais sans l'économie de moyen et de style qu'on lui connait aujourd'hui. Pas d'épure dans cet opus écrit vingt ans avant "La route" et où rien ne vous sera épargné (même parfois de reprendre votre souffle - absence de virgule & utilisation de conjonction de coordination "abusive"). C'est cru, dur, horrible... trop fort. Mais le souffle et le talent de Cormac McCarthy vous emporteront dans ce "voyage au bout de l'enfer".

Cormac McCarthy, Méridien de sang, Seuil, Points : 2001

Pouss'Disques N°5 - Some of my hip-hop classics vol.1

Une sélection hip-hop sans classement ni chronologie, du tout-venant qui me procure toujours autant de plaisir. Il en manque tellement, impossible de faire le tri. En voici déjà une partie dans ce 1er volume. Enjoy !
  • Prefuse 73 "Whisper in my ear to tell me you hate me"
  • Eminem "Never enough (feat. 50 Cent & Nate Dogg)"
  • The Goats "Typical american"
  • Hanifah Walidah & E. Blaize "The battle for the 5th dimension"
  • Public Enemy "Shut'em down (Pete Rock remix)"
  • Outkast "xplosion feat. B-Real"
  • The Herbaliser "Intro"
  • Saul Williams "Twice the first time"
  • Beastie Boys "Get it together"
  • Mr Scruff & Roots Manuva "Jus jus"
  • House of Pain "On point"
  • Snoop Dog "G-funk intro"
  • Themselves "Good people check"
  • A Tribe Called Quest "We can get down"
  • Jaylib "Nowadayz"
  • Dj Vadim "Terrorist feat. Monshun man"
  • Rjd2 "Shot in the dark"
  • Jurassic 5 "Lesson 6, the lecture"
  • Madvillain "Figaro"
  • Dj Shadow "Mongrel

Chip Taylor & The New Ukrainians « Fuck All The Perfect People »

Chip Taylor est une légende de la musique américaine à qui l'on doit le non moins légendaire « Wild Thing » interprété par The Troggs en 1966 et sauvagement réinterprété par le Jimi Hendrix Experience au Festival de Monterey l'année suivante. Alors qu'il reste bien moins connu en Europe que sa nièce, une certaine Angelina Jolie, il revient avec un imparable single « Fuck All The Perfect People », issu d'un album du même nom, très folk voir country comme l'endiablé « Phoned In Dead ». Mais l'Américain ne s'enferme pas dans un style, et avec The New Ukrainians, sa bande d'origine scandinave, et son fidèle guitariste John Platania, il nous offre un album jalonné de quelques pépites, marquées d'une voix aérienne superbement accompagnées de chœurs féminins et d'un clavier vintage. Il revendique Townes Van Zandt comme influence, on entend aussi du Bob Dylan, du Leonard Cohen, du Johnny Cash, du Bill Callahan, voir du Van Morisson. Vous savez donc à quoi vous en tenir !

Chip Taylor & The New Ukrainians - Fuck All The Perfect People - Train Wreck Records - 2012

"Fuck America - les aveux de Bronski", Edgar Hilsenrath

Ce roman quasi-autobiographique met en scène le quotidien de Jacob Bronski, immigrant juif à New York au début des années 50. Avec  une bonne dose d'humour et de libido, il tente de survivre de petits boulots et d'écrire le livre de sa vie. La Big Apple des bas fonds et des délicatessens sont le lieu où Hilsenrath vient démystifier à  grands coups de pied dans les "roubs" le rêve américain. On est en prise directe avec la réalité sans fard d'un personnage burlesque où dialogues (souvent avec lui même) et fantasmes (pas toujours assouvis)  sont des moteurs essentiels de l'existence et de la création. D'une manière originale, la fin du roman nous délivre les clés pour comprendre notre "branleur" et ses pul-sa-tions... le bronski beat quoi ?! (oui, j'ai osé).
L'écriture est simple, directe et vivante. C'est drôle, caustique, parfois un peu cru mais tout est "kascher"... Parmi les œuvres récemment publiées ou rééditées "Le nazi et le barbier" et "Nuit" sont aussi de bons livres, "Fuck America - les aveux de Bronski" reste mon préféré. Les différentes couvertures de ces romans sont géniales (Éditions Attila). Et si en plus c'est beau, que demande le peuple ?

Edgar Hilsenrath, Fuck America - les aveux de Bronski, Points : 2010

Lee Fields "Faithful Man"

Lee Fields, qui approche de la soixantaine, n'a jamais paru autant en forme. Son précédent album "My world", déjà sur Truth & Soul, était une réussite. En reprenant la même équipe, c'est à dire Jeff Silverman et Leon Michels aux commandes ainsi que The Expressions pour l'accompagner, il enfonce le clou avec ce "Faithful Man". Lee fields dispose d'un organe vocal majestueux, il sait varier les mélodies et les intensités de ses morceaux avec élégance. Avec The Expressions, il a aussi le bonheur de disposer d'un band intelligent qui a su trouver un équilibre parfait dans les arrangements. On pense évidemment à l'âge d'or de la Motown ou de Stax car l'album se rapproche de ce son, on a aussi le sentiment que l'ensemble ne cherche pas nécessairement à sonner vintage et c'est tout à l'honneur de The Expressions qui a su finement trouver une balance mélodique dans chaque morceau permettant à Lee Fields de se sublimer. Truth & Soul dispose dans ses rangs d'une véritable étoile et inutile de tourner autour du pot, "Faithful Man" est une véritable merveille, un chef d’œuvre de Soul music comme il n'en tournera certainement pas dix de ce niveau cette année. De la classe et de l'émotion pure, tout simplement essentiel.

Lee Fields - Faithful Man - Truth & Soul - 2012

Soko « I Thought I Was An Alien »

SoKo est une actrice française, pas inconnue des cinéphiles, avec notamment une nomination au César du meilleur espoir féminin en 2010 pour son rôle dans « À l'origine », le film de Xavier Giannoli. Mais c'est de musique et de son premier véritable album qu'il est question ici, alors qu'en 2007, elle faisait déjà parler d'elle grâce à Myspace (et oui, une autre époque!) avec « I'll kill her ». La patience a des vertus puisque cet album est assez irrésistible, malgré un début un poil trompeur avec « I Just Want To Make It New With You », sa batterie synthétique et sa grosse ligne de basse qui nous laissent imaginer un album disco-punk 80's. La suite, ce sont des arpèges de guitare couplés à une voix tremblotante pour une musique folk minimaliste. Elle nous rappelle Coco Rosie avec « I Thought I Was An Alien », « People Always Look Better In The Sun (Part 1) », et « You Have Power On Me », Cat Power avec « We Might Be Dead Tomorrow », Kimya Dawson sur « For Marlon », le côté sombre et synthétique de Fever Ray sur « Destruction Of The Disgusting Ugly Hate », alors que « Happy Hippie Birthday » ne peut nous empêcher de faire le lien avec Tender Forever, une autre « Bordelaise », qui nous avait proposé un « Happy Birthday » dans la même lignée en 2005. Mais s'il ne fallait ne retenir qu'un titre ce serait sans conteste « First Love Never Die » avec son refrain subit qui l'illumine et son final-surprise tout en cuivre. Merci Soko!

Soko - I Thought I Was An Alien - Because Music - 2012

Carolina Chocolate Drops « Leaving Eden »

Sur leur site internet les Carolina Chocolate Drops se décrivent comme « A modern take on a traditional sound ». Ça dit tout de ce groupe originaire de Caroline Du Nord qui nous plonge dans les racines de la musique américaine, du folk au jazz en passant par le blues et la country. Pour « Leaving Eden », leur nouvel album, le groupe a subi un léger remaniement avec l'arrivée de Hubby Jenkins aux guitares, banjos et mandolines à la place de Justin Robinson, mais n'a pas pour autant perdu de son enthousiasme. Entre compositions personnelles, morceaux traditionnels et reprises comme « West End Blues » de Etta Baker ou « No Man's Mama » de Ethel Waters, on est vraiment gâté. Certains titres sont irrésistibles comme « Boodle-De-Bum-Bum » au refrain entêtant, « Country Girl » où Rhiannon Giddens se met au hip-hop soutenue par le beatboxing d'Adam Matta, ou encore « Leaving Eden », à la mélancolie accentuée par le violoncelle de Leyla McCalla. Qu'il est bon d'écouter ces jeunes Noirs américains se réapproprier cette musique d'une autre époque!

Carolina Chocolate Drops - Leaving Eden - 2012 - NoneSuch

"À tombeau ouvert", William Styron

Quelques mots sur un livre de nouvelles posthumes de W. Styron, l'auteur notamment d'un roman célèbre "Le choix de Sophie" adapté au cinéma par J. Pakula avec Merryl Streep & Kevin Kline. "À tombeau ouvert", c'est vingt pages (la nouvelle qui donne son titre au recueil qui en compte cinq) à tomber par terre tellement c'est bon et court comme un week-end, les w.e. d'un jeune Marine, spécialisé dans le tir au mortier, qui n'aspire qu'à vivre avec frénésie les plaisirs (charnels) de l'existence tant qu'il en est encore temps (avant le départ vers le front, la peur et la mort). Une virée de 800 bornes à toute berzingue avec un ami troufion pour rejoindre New York et sa dulcinée pour des joutes amoureuses, un retour halluciné où l'on frôle la mort, toute l'absurdité et la monstruosité de la guerre au travers la morsure d'un chien. Le style est simple et efficace. Élégant aussi, d'assez longues phrases, du rythme, de l'humour... Bref du bon, du très bon. Pas de post coïtum animal triste à la fin de cette lecture car deux autres nouvelles (elles aussi de grandes qualités) viennent clore ce très bon moment. Un autre volume de nouvelles est édité chez Gallimard "Des havanes à la Maison-Blanche" qui recèle quelques belles pages aussi, mais un peu plus inégales à mon sens.

William Styron, À tombeau ouvert, Paris , Gallimard : 2011.