Stranded Horse « Luxe »

Derrière Stranded Horse se cache en réalité Yann Tambour, un musicien d'origine normande. Il a débuté sa carrière en 2001 avec un projet baptisé Encre qui alliait les samples aux instruments à cordes et au piano. Avec Stranded Horse, c'est la kora qui est au cœur du projet avec une approche très personnelle. « Luxe » est son troisième album sous ce pseudonyme avec toujours beaucoup de délicatesse. Ici les invités foisonnent : le trio Vacarme et ses cordes ensorcelantes, un jeune prodige sénégalais de la kora, Boubacar Cissokho, la chanteuse du groupe Arlt, Eloïse Decazes ou encore Amaury Ranger de Frànçois and the Atlas Mountains. On navigue entre  airs mandingues et chanson en passant par la pop. D'ailleurs un morceau comme « Ode to Scabbies » me fait furieusement penser à une composition de Love, ce groupe américain des années 60/70 emmené par le chanteur métisse Arthur Lee. « Luxe » est un album hors des modes, complètement intemporel. C'est un album qui marie les style avec naturel, un album du monde pour tout le monde. Un véritable puits de lumière dans un monde plutôt sombre.

Stranded Horse - Luxe - Talitres - 2016

Christine Salem « Larg Pa Lo Cor »

Sur la cover de cet album, on découvre la Réunionnaise Christine Salem arborant une coupe afro, façon Angela Davis, l'un des plus grand symbole de la lutte afro-américaine des années 60/70. Et comme Christine Salem est née un 20 décembre, le jour anniversaire de l’abolition de l’esclavage à la Réunion en 1848, on peut dire qu'elle la porte plutôt pas mal cette coupe afro. C'est enfant que Christine Salem a découvert le maloya, musique traditionnelle de l'île de La Réunion, musique longtemps interdite par les autorités françaises. Elle se place aujourd'hui comme l'une des figures emblématiques de cette musique au côté d'une légende comme Danyel Waro. Et avec sa voix grave, habitée, superbe, c'est l'une des rares femmes chanteuse de maloya. Avec son sixième album, Christine Salem avoue « aller au bout de ses envies ». Et autant vous dire que ses envies nous plaisent car on tient là un album d'une beauté rare, un album qui respire la liberté. Un album réalisé par Seb Martel, touche à tout de génie, qui a le dont de magnifier ses productions. Et c'est encore le cas avec ce maloya aux accents folk et blues.

Christine Salem - Larg Pa Lo Cor - Zamora - 2016


Sufjan Stevens "Carrie & Lowell"

Je dois bien avouer que je me suis parfois perdu dans certains projets grandiloquents de l’Américain Sufjan Stevens. Ici, on en est bien loin puisqu’il revient à beaucoup plus de simplicités avec onze titres d'une beauté naturelle, pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Dès le premier morceau, le ton est donné : des arpèges de guitare, pas de section rythmique (ni basse, ni batterie) et un chant plein de mélancolie. Sur la pochette de cet album, on découvre une photo ancienne, une photo tirée des archives familiales de Sufjan, avec le portrait d'un couple, Carrie et Lowell, autrement dit sa mère, récemment disparue, et son beau-père avec qui le chanteur avait monté son label musical Asthmatic Kitty. Et c'est un peu l'Histoire de cette famille que raconte ici Sufjan Stevens. il parle surtout de l’absence de sa mère, dépressive et maladive. Cet album est une petite merveille de délicatesse : un chant d'une troublante beauté, des arrangements très discrets, on est à la limite du « religieux ». Mais derrière cette délicatesse, sublime, se cache l'Histoire pas très gaie d'une famille recomposée : un album très personnel.

Sufjan Stevens - Carrie & Lowell - Asthmatic Kitty Records -2015