Ferré, Brassens, Brel, la rencontre

Il y a 40 ans, le 6 janvier 1969, un jeune journaliste François-René Cristiani réunissait trois monstres de la chanson française pour une rencontre historique. Léo Ferré, alors 52 ans, est au sommet de son art. Il s’apprête à monter sur la scène de Bobino pour un mois. Georges Brassens, 47 ans, connaît de sérieux problèmes de santé à cette époque, et n’est pas remonté sur scène depuis le 13 février 1967 à Bobino. Jacques Brel, 39 ans, joue alors dans la comédie musicale « L’homme de la mancha ». Ces 3 artistes sont réunis autour d’une table sur laquelle canettes de bières et cendriers côtoient les micros.
Les trois hommes vont alors disserter pendant plus de deux heures sur la poésieJe mélange des paroles et de la musique, et puis je les chante », Brassens; « Je suis un petit artisan de la chanson », Brel; « Les gens qui se disent poètes, ce sont des gens qui ne le sont pas tellement, au fond », Ferré), leur métierUne putain, je fais le même métier qu’elle, c’est une femme qui vend son corps, et moi aussi je vends quelques chose de mon corps, je vends ma voix », Ferré; « De toute façon, elles sont aussi artiste que nous nous sommes aussi putain qu’elles », Brel), l'argentC’est très emmerdant, cette histoire d’argent. Parce que beaucoup de types se lancent dans la chanson uniquement pour ça. Nous, on était très content de gagner notre vie avec nos petites chansons, mais on n’a pas fait ça dans cette intention, on l’a fait parce que ça nous plaisait. Ça ne nous rapporterait rien qu’on le ferait quand même ! », Brassens), la mortEn acceptant de vivre, j’ai accepté de mourir aussi », Brassens), l'amourQuand l’amour s’en va, il est déjà parti depuis longtemps »Ferré; « La plupart des gens, si on ne leur en avait pas parlé, ils n’y auraient pas même pas pensé ! », Brassens), les femmesOh, la femme, c’est un être charmant quand elle s’en donne la peine, et pénible sans s’en donner la peine ! », Brassens; « On n’a pas le droit de se foutre dans les pattes d’une bonne femme qui vous tient en laisse ! », Ferré; « On est tous les trois beaucoup trop féminins pour apprécier follement les femmes… », Brel), les enfantsN’en ayant jamais eu je ne peux pas savoir ce que ça peut apporter ou pas  », Brassens; « Comme j’en ai et n’ayant été que très peu de temps n’en ayant pas, je ne peux pas en parler non plus », Brel), la critique ( « Il n'y a pas d’hommes méchants, Il n'y a qu’des peureux, il n'y a qu’des couillons ! », Ferré), ou encore le cinéma, la religion, l’anarchie, Gainsbourg, les Beatles. L’ambiance est décontractée, les trois hommes semblent complices, se plaisent à débattre et rire ensemble.

A un moment Léo Ferré avouera une idée de fou, celle de se retrouver un jour tous les trois sur scène pour un tour de chant. Cela ne se fera pas mais vu la dimension historique qu’a pris aujourd’hui ce document, difficile d'imaginer la portée qu’aurait eu un concert commun.



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