Dès les premières pages du roman le ton est donné puisque le récit s'ouvre sur le dernier jour de Slavko, le grand-père adoré et farfelu d'Aleksandar. On navigue tout du long entre rire et larmes dans cette histoire racontée par Aleksandar, gamin facétieux et attachant qui voit son pays, la Yougoslavie, sombrer dans une guerre fratricide. La naïveté, l'humour et la sensibilité du garçon nous rappellent parfois l'univers du Petit Nicolas, surtout quand il évoque ses souvenirs d'école et son professeur de serbo-croate M. Falgazić : « En matière d'énervement, l'ex-camarade professeur est de toute façon imbattable. Il annonce au moins une fois par semaine d'une voix tremblante : Vous finirez par me faire entrer à Sokolac ! Quand il dit "vous", il désigne, par exemple, ceux qu'il prend en train d'essayer de mettre le feu au tableau, ou ceux qui rédigent la première rédaction sur table de l'année scolaire en caractères cyrilliques, alors que, depuis la troisième mort de Tito, il est expressément défendu d'écrire en alphabet cyrillique. » Mais on ne lit pas pour autant un roman jeunesse et cet adolescent qui rend compte de son quotidien tragi-comique fait aussi penser à Momo, le narrateur de La vie devant soi, par exemple quand il découvre qu' «une fête peut devenir guerre » et qu'il raconte : « Une voix d'homme qui se met à hurler, soudain, la musique s'arrête. Il n'y a plus de chant. Le silence s'abat. »
C'est le premier roman ce ce jeune auteur qui revisite son enfance avec beaucoup d'esprit pour nous faire partager son Histoire.
Le soldat et le gramophone, Stanišić Saša, Paris : Stock, 2008.
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