Sans conteste, le film français de la rentrée. Précédé d'une rumeur dithyrambique, depuis sa présentation au festival de Cannes, où il a reçu le grand prix du jury. Le film a actuellement dépassé les 2 millions d'entrée en France, ce qui lui confère une aura de film évènement, comme nous l'indique tous ces articles qui lui sont consacrés dans la presse cette dernière semaine. (Le Figaro, Le Nouvel Obs, L'Express) Il est vrai que ce n'est pas le genre de film censé, du moins à première vue, cartonner au box-office, d'où cet engouement de la presse nationale. Un vrai phénomène social! Devant tant de succès, de louanges et de bonnes critiques, je me suis jeter dans une salle obscure afin de visionner avec le plus grand intérêt cette rareté cinématographique. J'y suis allé avec d'autant plus d'entrain, que j'avais particulièrement aimé le dernier film de Xavier Beauvois : le petit Lieutenant, alors que je ne suis pas spécialement fana de son cinéma. J'ai malheureusement encore (ce n'est pas la première fois cette année) du subir une projection franchement pas terrible ce qui m'énerve un petit peu quand même! Au prix de l'entrée, cela devrait être mieux que ça ! Mise à part ce petit désagrément quand est-il du film ? En sortant de la séance, "qu'est ce que j'aurais aimé voir les abeilles!" est la première chose qui m'est venue à l'esprit. Je m'explique…. — à vrai dire, Le film ne m'a pas autant emballé que ça. Même si, pour faire simple, ça reste un bon film. Il me semble que la presse française a surestimé ses qualités un peu comme cela avait été le cas pour le film La graine et le mulet.—D'un point de vue formel, le film est une proposition intéressante, entièrement opposée au tout-venant du cinéma actuel. Il y a clairement un refus de sombrer à la facilité de l'effet percutant. Le réalisateur, s'intéresse à ce qui précède et ce qui succède "le coup de poing" plutôt qu'au coup de poing lui même. Il y a de fait très peu d'inserts et de gros plans dans le film. J'en est dénombré un seul : un plan sur un tableau représentant la vierge, posé sur le bureau de Christian. Le récit se refuse ainsi a toute implication sentimentale pour son sujet et tente de relater les faits, rien que les faits! On suit ainsi les moines au travers de leur quotidien. L'un soigne la population locale, l'autre s'occupe du bois, un autre de la cuisine, ensemble ils produisent du miel, et se rendent à l'office pour la messe. Xavier Beauvois évite ainsi effectivement tout prosélytisme, mièvrerie, ou traitement naïf de son sujet. J'ai lu dans la presse que le film était contemplatif, peut-être mais ce n'est pas mon point de vue, j'aurais aimé justement que le film le soit un peu plus, il y a cette tentative ou Christian en civil se promène solitaire dans les paysage de l'Atlas. Seule illustration d'une méditation autre que celle classique que représente la messe, régulièrement illustré dans le film par des séquences qui au final n'ont que peu d'intérêt. A trop vouloir traiter son sujet avec délicatesse, le réalisateur perd toute implication sensorielle du spectateur. Le refus de Beauvois de se laisser aller à un traitement onirique, voir lyrique m'a laissé de marbre. J'en veux pour preuve que la seule scène qui m'aie marquée dans "Des Hommes et Des Dieux" est ce moment où un hélicoptère survole le monastère. Le duel sonore opposant le bruit de l'hélicoptère avec le chant des moines qui s'élève du monastère est de toute beauté. Même si la métaphore est appuyée, pour ma part c'est une scène qui me parle. La construction du plan m'a d'ailleurs fait pensé à cette image de Max Von Sydow défiant la statue du Diable dans le désert au début de L'exorciste. L' autre tentative lyrique du film, la (s)cène, dans laquelle les moines communient autour d'une dernière bouteille de vin sur la musique du Lac des Cygnes est loupée à mon sens. Même si l'intention est bonne le début du montage avec les "pauvres" panoramiques qui relient les visages des moines ne fonctionnent pas. Seul le moment qui suit, en "cut "sur les visages en gros plans approche la scène de l'émotion qu'elle voudrait nous faire ressentir. Pour moi, cette scène restera une tentative ratée. L'esthétique hyper-classique du film m'a donné l'impression d'un film déjà vieux, même si les faits relatés se passent dans les années 90, jamais on ne sent que cette histoire a été adaptée en 2010— Par ailleurs, même s'il est signifié que le film s’inspire librement de la vie des Moines Cisterciens de Tibhirine en Algérie de 1993 jusqu’à leur enlèvement en 1996, soulignant par là, une certaine liberté prise par le réalisateur sur l'Histoire, l'encart en fin de film qui nous informe sur le doute quant aux coupables de l'assassinat de ces moines, m'amène à penser que de ce point de vue là, le film passe à côté de cet aspect des faits. Même s'il ne semble pas que ce soit la chose qui intéresse le réalisateur dans cette histoire, je n'ai pour ma part jamais douté dans le film quant à l'identité des assassins. Il me semble historiquement parlant que ce doute est très important et méritait un autre traitement, qu'un simple encart en fin de film. Pour finir, Des Hommes et des Dieux s'appuie essentiellement sur le jeu et le physique de ses acteurs, que ce soit Lambert Wilson, Michaël Lonsdale, pour les plus connus ou encore Olivier Rabourdin, Jacques Herlin (sublime Amédée), ou la jeune actrice Sabrina Ouazani (déjà présente dans la Trilogie des Limbes)… Ils sont tous très bons et subtilement éclairés par Caroline Champetier.
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J'aime bien ta chronique car elle donne un avis sans casser mon envie d'aller juger sur pièce par moi-même...
RépondreSupprimerSi tu m'autorises : article très difficile à lire pour une question de mise en forme! Il faut faire des paragraphes!!!
;-)
salut marsu
RépondreSupprimerj'y penserais pour les pargraphes mais comme j'ai une tendance a faire un peu long je condense de cette façon là. je vais voir avec paco.
sinon n'hésite pas à voir le film c'est quand même un film qui se démarque...@+
Salut chi8 :j'ai trouvé ton article intéressant car il est très personnel et va à l'encontre de tout ce que l'on entend sur ce film ;j'y vois (de ta part )l'avis d'un vrai cinéphile -aux vues des références données- mais je crains que tu sois passé à côté de cette dimension "spiritualité"et lyrique (pour reprendre tes paroles ).La caméra cerne chaque expression ,visage ,la dernière scène (le partage du vin) est de toute beauté -comme d'autres d'ailleurs ,le contraste entre cette violence et le recherche de PAIX est permanent ,tu oublies aussi le côté humaniste et la volonté affichée de donner une vraie vision de l'Islam , pour faire court , je l'ai vu 2 fois , je compte y retourner ,j'ai été émue jusqu'aux larmes à chaque fois !!!peut-être est-ce question de génération??nous en reparlerons ;;Anne-marie (mam)
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