Hasna El Becharia « Smaa Smaa »

Hasna El Becharia a seulement 16 ans lorsque qu'elle décide de monter dans un bus à Béchar en direction d'Oran, à 800 kilomètres de là. Et malgré la désapprobation de son père, musicien gnaoui et guérisseur, son but est simple, il s'agit de dégotter une guitare et un ampli électrique. Sans argent, elle se déleste alors de ses bracelets en or hérités de sa mère pour  s'acheter l'objet de ses rêves. C'est le point de départ d'une vie entière dédiée à la musique. Pendant de nombreuses années, elle va animer des fêtes, des mariages, des baptêmes se forgeant une véritable réputation notamment auprès des femmes qui louent son courage.  Seule femme a jouer la musique gnaoua, habituellement réservée aux hommes, elle garde le caractère bien trempée de son adolescence qui la pousse à refuser tout enregistrement par défiance envers le système. Ce n'est qu'en 2001 à 50 ans que paraît son 1er album « Djazair Johara ». Elle s'est alors installée à Paris après la 1ère édition du festival « Femmes d'Algérie » en 1999 à laquelle elle était invitée. C'est aussi à partir de ce moment qu'Hasna s'approprie le guembri, instrument à trois cordes, avec lequel elle pose sur la pochette.
C'est au début de l'année 2010 qu'est sorti « Smaa Smaa » et il n'est vraiment pas trop tard pour se plonger dans cette merveille enregistrée à Tariq, à 100 kilomètres au sud de Béchar, en Algérie. Des notes de guitares, le guembri en guise de basse, des percussions et quelques claquements de mains pour donner le rythme, une voix grave presque masculine, des paroles en arabe (et que cette langue est belle et émouvante), des chœurs féminins qui donnent le frisson, une petite touche de clarinette qui ne fait que renforcer le côté brut de la musique et quelques nappes de violons qui renforcent la mélancolie, tout est réuni pour une véritable immersion. On s'imagine immédiatement à partager le thé à la menthe avec Hasna et son équipe au cœur du Sahara.
Le père  d'Hasna utilisait la musique gnaoui comme thérapie, Hasna, elle, ne guérit pas, mais sa musique fait un bien fou. À consommer sans aucune modération.

Hasna El Becharia - Smaa Smaa - Lusafrica - 2010

 

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