Le dernier film de Scorcese est donc un film pour enfants, un genre qu'il n'avait jamais abordé, et que l'on pensait réservé à son ami Spielberg. Bien lui a pris d'adapter à l'écran le livre éponyme de Brian Selznick puisqu'à l'arrivée, Hugo Cabret est tout simplement un chef d’œuvre que j'ai eu la chance de voir avant de faire mon petit bilan 2011 et dans lequel il figure en bonne place. Le livre commence à peu près comme ça: "Imaginez d'abord que vous êtes assis dans le noir, comme au cinéma avant le début d'un film. Sur l'écran, le soleil se lèvera bientôt, et un zoom vous emmènera à travers le ciel jusqu'à une gare située au cœur de la ville. Vous franchirez les portes pour survoler le hall grouillant de monde, et là, parmi la foule, vous apercevrez un garçon qui se déplace dans la gare. Suivez le bien, car c'est Hugo Cabret." Le film commence de la même manière, Scorcese qui ne travaille pas trop du zoom mais plutôt du travelling commence son film sur un plan large de la ville (Paris année 30) et s'engouffre dans la gare passant au dessus des quais jusqu'à cadrer en gros plan l’œil de son héros caché derrière l'horloge de la gare. on appelle ça un plan séquence, et quel plan! la fluidité des mouvements de caméra chère à Scorcese accentuée par l'utilisation de la 3D est tout simplement superbe. La caméra chez Scorcese a toujours été comme le pinceau chez le peintre, le stylo chez l'écrivain, son principal outil, avec lequel il modèle sa pensée cinématographique. Par essence c'est un réalisateur qui a toujours pensé 3D à travers la mise en scène de ses mouvements de caméra. Alors ici, puisqu'il s'agit d'une histoire pour enfant, le réalisateur ne cesse de s'amuser, avec ses mouvements, avec la 3D, il suit son héros dans les galeries de la gare Montparnasse et les mécaniques des mouvements d'horlogerie. A ce propos, les décors de Dante Ferretti sont magnifiques et rendent hommage à l'iconographie du début du siècle dernier. Scorcese, historien du cinéma, en profite pour jouer avec cette idée de 3D qui n'existait pas à l'origine du cinéma pour créer une panique dans la salle. L'arrivée du train en gare de la Ciotat des frères Lumière simplement en 2D avait déjà pu créer cette sensation. Scorcese nous rejoue alors dans une grande scène de film catastrophe un fait divers qui avait marqué l'année 1895, ou à la gare Montparnasse, un train n'ayant pu s'arrêter, avait fini sa course dans la rue! Outre la possibilité de passer le pas de la 3D, Scorcese a vu aussi dans l'histoire de Hugo Cabret l'occasion de rendre hommage au cinéma des débuts. Le scénario nous entraîne en effet sur les traces du réalisateur Georges Mélies interprété par Ben Kingsley qui devient un habitué du réalisateur. On se retrouve alors sur les tournages de ce premier grand magicien du cinéma. Scorcese recrée même ses studios de Montreuil. L'occasion pour les grands et les petits de voir ou revoir les images de ses films en partie oubliés. Méliès était le Spielberg de l'époque, l'un des premiers à avoir fait des effets spéciaux, à avoir vu dans le cinéma la possibilité de créer du rêve, de la magie...
Hugo Cabret, c'est l'hommage de Scorcese à tout un pan du cinéma, celui de la lanterne magique.
Le film est aussi l'occasion de retrouver Sacha Baron Cohen dans un rôle à mille lieues de Bruno. Scorcese prend un petit peu de liberté quand à la géographie parisienne situant la gare Montparnasse dans un plan sur les bords de la seine! (à l'emplacement d'Orsay finalement) Sinon le film est un petit peu long, c'est le seul reproche que l'on puisse faire et encore on sent que le réalisateur et sa célèbre monteuse Thelma Schoonmaker ont coupé deci delà quelques éléments. Je suis donc partagé à l'idée d'avoir un film plus court ou au contraire une version longue, qui me permettrait d'être plongé encore un peu plus dans cet univers. Hugo Cabret est sans conteste l'un des plus grand films de 2011.
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