Mafiosa, le clan (Saison 1 & 2)

Comme j'ai pu le lire récemment, on peut penser que le cinéma est un art alors que la télé n'est qu'un meuble ! Un meuble qu'est ce qu'on en fait ? On le bouge, on le modèle, on le repeint à sa convenance !  Depuis le numérique notre génération a cet avantage de pouvoir moduler ce meuble "télé" comme elle l'entend et de créer en quelque sorte sa chaîne de diffusion personnalisée. C'est le summum de l'individualisme mais aussi la fin du diktat des chaînes de diffusion classiques. Grâce à ses divers supports mis à disposition (DVD, BD..), je peux regarder ce que je veux quand je le veux ! Génial n'est-il pas ? Ainsi les soirs, ou le PAF pour la vingtième fois, rediffuse un mauvais film afin de rendre mon cerveau disponible à ingurgiter les  deux coupures publicitaires*, ou encore tente de m'imposer un jeux ou une télé-réalité qui caresse dans le sens du poil "l'idiocratie" érigée en tant que modèle, ou encore une émission de débat dans laquelle la redondance est de mise, je sors de mon tiroir un petit "truc" laissé de côté, oublié. C'est comme ça que j'ai remis la main sur Mafiosa, une série française (une fois n'est pas coutume !) diffusée à partir de 2006 sur Canal. Je n'ai pas Canal, mais la chaîne a une bonne réputation en ce qui concerne la politique d'écriture de ses séries. Une politique inspirée de l'école américaine : sujets plus subversifs, plus réalistes, plus funs, une production de qualité avec une lumière qui ne fait pas obligatoirement mal aux yeux ! Un casting sérieux, une mise en scène idoine, une identité propre à chaque série ! Dans sa tentative d'injecter du sang neuf dans la production "télé", la chaîne a à son actif quelques réussites, je pense à Carlos (les deux premiers épisodes), mais aussi quelques ratés, je pense à Braquo saison 1, à mon sens proche de l'arnaque scénaristique. Enfin bref ! (hommage à Canal, NDLR), revenons à nos moutons ou plutôt nos Corses, qu'en est-il de Mafiosa, le clan

Un peu farouche, la peur de la caricature sûrement : la Corse, la mafia..., je m'envoie le premier épisode, et puis là "BonDiou!" - générique de fin - "ça m'a plu! " je suis accroché, je décide de regarder la saison 1. La série initiée par Hugues Pagan et scénarisée par Stéphanie Benson, raconte comment au lendemain de l'assassinat du chef de Clan, François Paoli (Daniel Duval), sa nièce, Sandra qu'il a désigné comme héritière de la charge, accède au pouvoir et s'impose dans ses fonctions. C'est l'idée majeure de cette série, dans une société violente et machiste, une femme accède aux pouvoirs suprêmes. L'autre nerf de l'histoire est la relation privilégié qu'elle entretient avec son frère : Jean-Michel, qui par respect de la tradition se plie au choix de son ainé, et accepte  d'épauler sa sœur dans ses nouvelles responsabilités. Le duo va peu à peu réussir à redonner au nom des Paoli la place qui lui est réservée et imposer leur prédominance mafieuse sur l'île de Beauté. Les acteurs principaux s'imposent rapidement comme choix incontestable. Hélène Fillières et Thierry Neuvic pour ne citer qu'eux, portent la série à bout de bras. Mais ce qui marque avant tout dans cette série c'est la réalisation de Louis Choquette (réalisateur pour ma part inconnu). Sans esbroufes, il signe une réalisation marquante. Dans sa vision, la Corse est peu ensoleillée, voir même grise, et reflète l'ambiance générale qui règne au sein de la famille et l'état d'esprit de sa chef. Le ton est donné, accentué en cela  par de nombreux  cadrages décalés. Chaque épisode se termine sur un trombinoscope des principaux protagonistes, muets face caméra avec pour seul fond sonore la musique de Cyril Morin, une séquence toujours envoûtante emprunte de nostalgie, de tragédie, de destinée qui donne envie de voir la suite! vraiment une très bonne idée!


Fin de la saison : coup de théâtre, révélation ! je me jette sur le premier épisode de la saison 2. Et là surprise, la réalisation à été confié à Eric Rochant. Pourquoi pas ! Ça me parle : Un monde sans pitié, les patriotes, western, que des bons souvenirs ! Ce qui interpelle en ce début de saison 2 de Mafiosa, le clan ce n'est pas tant ce changement,  (Aux états-unis le changement de réalisateur se fait même d'épisode en épisode, en France on privilégie toujours l'aspect "auteuriste" d'un programme, du coup Eric Rochant est le maître d'œuvre de cette seconde saison et signe également le scénario,) ce qui interpelle vraiment c'est le virage à 90° que prend la série. Tout est différent : nouveau style visuel, nouveau générique, nouvelle musique. C'est une première en ce qui concerne l'identité d'une série, à ma connaissance du moins (mise à part les dernière saison de Weeds et leur nouveau générique qui oubliait les "little boxes" qui avaient fini par nous prendre un peu la tête ! mais le ton restait le même !). Pourquoi cette refonte ? Mystère ! La volonté peut-être d'inscrire le scénario dans une continuité plus homogène sur l'ensemble des 8 épisodes ? C'était effectivement peut-être là, la limite de la première saison et de son écriture épisodique ? Enfin bref ! Je regarde l'épisode et je reste sur ma faim. J'aime bien le générique stylé super 8, qui fait référence aux années 70 et à la jeunesse de Sandra et Jean-Michel Paoli mais ni la réalisation de Rochant, ni la musique de Marco Prince ni le scénario mou du genoux ne m'ont vraiment convaincu !  J'hésite un peu puis me laisse convaincre, je regarde la suite. Il faut attendre le troisième ou quatrième épisode, pour que la saison décolle enfin. Rochant patine un peu dans le début de saison à vouloir conclure l'histoire de la saison précédente. On retrouve même, Hyacinte, le principal rival de Sandra Paoli qui pour moi était mort dans la première saison... Bizarre ! Soit j'ai pas tout pigé, soit Rochant ressuscite les morts !?

Finalement Il trouve sa vitesse de croisière en déplaçant l'intrigue et le clan à Marseille et en initiant une guerre fratricide entre Sandra et Jean-Michel Paoli. À partir de là on y est ! Le générique basé sur une reprise de Somewhere over the rainbow par Marco Prince prend tout son sens. Rochant peut mener à bien son chapitre du clan, suivant le schéma de la tragédie classique. Sandra et Jean-Michel Paoli constituent toujours le nœud dramatique de l'histoire mais l'originalité de cette saison, est de faire la part belle aux second rôles. Outre les cadors, Jean-Pierre Kalfon et Jean-François Stevenin, on retrouve Fabrizio Rongione qui insuffle à son personnage de Rémi Andréani déjà présent dans la première saison, une dimension de premier plan. Frédéric Graziani et Eric Fraticelli  composent quant à eux un duo de "Corsico" assez savoureux.  Au final Rochant réussit son coup et j'ai bien envie de regarder la suite...



Mafiosa, le clan (saison 1&2)
Série créée par H.Pagan, réalisée par Louis Choquette et Eric Rochant.
Avec Hélène Fillières et Thierry Neuvic.
Diffusion Canal +

1.Bref. est une série télévisée française créée par Kyan Khojandi et diffusée au sein du Grand Journal de Canal+ du 29 août 2011 au 12 juillet 2012.

*."Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages." P. Le Lay

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