Les Bêtes du sud sauvage, Benth Zeitlin

Peu de films réunissent autant de qualités que ce premier long métrage extraordinaire très justement auréolé de la dernière caméra d’or du festival de Cannes et autre grand prix au festival de Sundance.

Le nez dans la gnôle, les mains dans la boue, la tête dans les tôles, le reste dans les choux, bienvenue mes frères, welcome dans le Bayou ! C’est dans ce trou pourri et fabuleux à la fois que se joue la vie d’Huspuppy et de son daddy. Comme tous les enfants de son âge la petite Hush parle aux arbres et aux oiseaux et comme tout ce qu’elle fait, elle le fait pour de vrai, Huspuppy est une petite fille de six ans. Elle vit avec son père, une sorte de fou malade qui l’élève à la dur, comme un ptit gars qui va devoir apprendre à faire sans. A faire sans lui car il sent bien que pour lui, c’est pour bientôt. Alors il se consume comme une chandelle, fait le fou avec ses copains et gloupe des bouteilles de gnôle dont il sert des rasades à son petit chiot de fille et quand il se réveille parfois, il lui fait cuire un bon poulet. C’est une vie d’aventures, c’est un paradis pour les petits. Dans le monde d’Hush ça zouc à toute heure, on sait s’y amuser ! Au son des violons, des banjos et des Lost Bayou Rambler on plonge au milieu d’une horde d’éclopés survivants qui semblent passer leur temps à descendre des bouteilles en jouant de la musique, à se réveiller au milieu des cadavres de 33cl ou beaucoup plus. Kerouac, Bukovski, John-Fante… venez donc boire un verre ! Ici la nature est souveraine, l’eau omniprésente. Ils vivent tous sur des îlots, leurs maison-cabanes deviennent en un rien de temps de formidables radeaux permettant à leurs occupants de continuer à flotter dans cette forêt quand celle-ci est inondée, quand la tempête est passée. Plus haut des glaciers éternels cèdent au réchauffement de la terre , ils libèrent de leurs entrailles des tonnes d’eau qui noient tout et libèrent des animaux mythologiques…

Les Bêtes du Sud sauvage est une histoire de fin du monde et donc une histoire de survie. Face à une découverte aussi vivifiante on peut se rappeler ce que pouvait nous proposer Kusturica quand celui-ci était encore un très grand, bien sûr on songe aussi à Terence-Malik, référence indiscutable sitôt qu’il faut montrer et faire ressentir le langage des arbres, de l’air et des cieux. Mystique vous avez dit, je réponds Pinocchio ! On se jette dans la mer sans même savoir si l’on sait nager, ni si la petite lumière que l’on a cru apercevoir était une amie, si elle serait accessible un jour. Là encore un miracle, notre bande de petits débarquent à bord d’un rafiot cabaret avec ce qu’il faut de femmes langoureuses (des putes oui !) qui le temps d’une danse deviendront des mamans aimantes et câlines pour ces petits anges. Ces enfants sortis de la mer (hum hum) qui se rassasieront bientôt d’un bon steack d'alligator… Magie je vous dit. La petiote est persuadée qu’un jour des chercheurs se pencheront sur son cas et tenteront de percer à jour les mystères de sa vie. Alors elle la dessine, elle gribouille l’intérieur de sa cabane en carton pendant que la cuisine s’enflamme d’un feu qu’elle vient d’allumer. Quoi de plus normal après tout de penser qu’on est le centre du monde quand on est enfant ? C’est peu de dire que Huspuppy est le centre de ce film, sa très jeune interprète Quvenzhané Wallis, y est tout simplement miraculeuse.

Ce film est un cadeau, prenez le dans vos bras, prenez la route avec Hushpuppy, mangez des feuilles et marchez dans la lumière.

Film américain de 2012 réalisé par Benh Zeitlin avec Quvenzhané Wallis, Dwight Henry, Levy Easterly

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