Django Unchained - Quentin Tarantino

En 1858, le Dr Schultz, chasseur de primes libère Django, un esclave et s’engage à l’émanciper si Django l’aide à identifier trois criminels. Django demande de l’aide à Schultz pour libérer Broomilda sa petite femme, propriétée d’un planteur très puissant, Calvon Candie. Les deux hommes entrent en contact avec celui-ci.

Totale réussite que ce nouvel opus du si passionnant Quentin Tarantino. Il semble être arrivé ici à son apogée, tant tous ses talents de cinéaste éclatent. Il nous offre une régalade, un spectacle ample et passionnant. Son nouveau grand film est un écrin superbement réalisé, un voyage so savoureux.

Mais c’est l’heure des présentations

Le Dr King Schultz ( Christopher Waltz terrible ! ) est un étrange personnage, un bouffon qui apparait dans la nuit. Juché sur sa carriole, coiffée d’une grosse dent qui gigote au bout d’un ressort. Quoi de plus normal après tout puisqu’il est dentiste. Et l’on imagine volontiers ce bon vieux Quentin qui se tape dans les mains quand il trouve l’idée d’un pareil coco. L’une des grandes forces du maestro a toujours été dans l’invention de personnages improbables mais qui sont si forts, qu’ils deviennent instantanément des figures inoubliables. Shultz c’est Cyrano ! Il est fin, brillant, savant et … Allemand. On sent qu’il prend goût à la vie, c’est un bavard étourdissant. Lorsqu’il s’ébabouche avec des cow-boys cons comme des babouins qui ne comprennent rien à ce qu’il dit et qui du coup ont envie de le tuer, il sort son colt fou et répand la mort dans la nuit. Mais l’homme a du style et plutôt que de régler ça fissa il préfère exploser la cervelle du cheval qui dans sa chute va écraser le cow-boy pourri, lui brisant un os au passage et surtout l’immobilisant comme un steak qui attend d’être découpé… On s’est fait avoir, le dentiste est en fait un redoutable tueur, il dézlingue à tout va et c’est toujours magnifique.

Teasty je vous dis.

C’est dans ces circonstances que Shutz rencontre Django, à la lueur d’une bougie. Il faut que je vous parle de la nature splendide, des paysages d’hiver filmés comme des tableaux. Tarantino, cinéaste jusqu’ici très urbain prend la clé des champs. Il a acheté une caravane et il se prend pour les frères Coen. Sa nature est géante, nickel, les filles font de la balançoire suspendue à des arbres gigantesques, un bouquet d’angélique nous dit bonjour, du sang gicle sur les fleurs de coton. Cette Natura Tarantina donne une ampleur folle à son conte, il se permet tout et il le fait avec tant de goût, tant de générosité, qu’on bascule parfois dans l’outrance. Notons ici le plaisir qu’il prend à faire couler/gicler le sang. Ça glougloute à tout va, ça fait sploch sploch. On peut trouver ça un peu trop, surtout qu’il y va l’animal, on en a partout. Son usage de la violence est multiple, elle est le plus souvent bouffonne et ne fait pas vraiment mal, mais elle peut aussi nous faire l’effet d’aiguilles qui glissent sous nos ongles et là il est trop tard pour faire marche arrière, on a basculé dans la sauvagerie et on ne rigole plus du tout.

Ça fait longtemps maintenant que Leonardo Di Caprio est le meilleur acteur du monde. Ici il faudra attendre près de la moitié de l’histoire pour le voir apparaître (au cours de l’un des merveilleux zoom que comprend le film, brutal, violent, implacable). Et il est de nouveau immense. Il campe ici un propriétaire de plantation, il est immensément riche et il semble vivre pour en profiter. C’est un gamin sadique avec des dents pourries. Il se réjouit de sa puissance et se grise du sang qu’il peut faire couler, lors de combat à mort : "Plonge le dans le noir" hurle-t-il à son combattant qui se bat à ses pieds. Celui-ci crève alors les yeux de son copain avant de l’achever, avec un marteau… Plus tard après une très longue parlotte, il livrera l’un de ses combattants qui essayait de fuir… aux chiens. Calvon Candie est un affreux salaud, un dingo responsable des deux scènes les plus insoutenables du film dont l’écho sera déterminant pour notre ami Schultz et aussi durablement pour le spectateur un peu sensible.

Là encore Tarantino nous en met plein le cinéma, il a tout mangé, digéré, alors il nous démoule de jolies quenelles parfaitement savoureuses. Il sait jusqu’où il peut aller trop loin, il a comme tout maître manipulateur compris la loi implacable du poids/contrepoids. Celle qui fait qu’une bonne saillie sonnera toujours mieux si elle surgit brutalement après une discours qui nous a endormi, de même qu’un coup de flingue libérateur nous fera sortir d’un état trop doux qu’aura pu provoquer une causerie interminable. C'est aussi celle qui érige toutes ses histoires depuis le choc Reservoir Dogs, de Kill Bill & Inglourious Bastard, le sang qui coule dans ses scripts n’a qu’une direction, celle de la vengeance.

Pas grand chose à dire sur Django (Jamie-Fox), il est classe dans la neige et au fur et à mesure de sa transformation physique (total look) au fil de l’histoire, jusqu’à endosser le costume de son ennemi… Mention spéciale aux petits pas de danse qu’il fait faire à son canasson dans les dernières images du film, c’est superbe !

Parmi les étrangetés réussies du film on notera le Tarantino acteur. C’est affreux, il est devenu énorme, il s’habille comme un sac, c’est lamentable. Il s’offre ici un petit rôle dans lequel son physique épouvantable lui permet de donner vie à un vieux cow-boy tout pouilleux. Il transporte Django qui est redevenu esclave. Mais il n’a pas compris que Django est devenu super dangereux et du coup il explose.

Finissons avec les plus dingues de tous, Stephen. Stephen le vieil esclave “Oncle Bens” devenu chef majordome, c’est chic (extraordinaire Samuel Lee Jackson ! ) Un noir affreux qui s’est tellement pris au jeu des blancs qu’il est devenu le pire raciste de tout le Mississipi. Il est amoureux de son maître et faut pas le chercher, c’est lui qui commande tout dans la maison. Cela donne-là encore des scènes si savoureuses entre Candie/Caprio et cette nounou infernale. Mélange de méchanceté absolue, de servilité infâme et de cruauté envers le reste du monde. Un tel niveau de bêtise, de pleutrerie, de méchanceté ne peut qu’être salué par des cris, des hourras plus quelques coups de flingues tirés en direction du ciel.

Terminons notre récit par un grand feu de joie, feu d'artifice libérateur et purificateur de tant de vices, avant de reprendre la route paisiblement en compagnie de l’exquise Broomilda.

1 commentaire:

  1. Le film de ce début d'année! Tarantino, retour brillant!

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