« Inglourious Basterds », Quentin Tarantino

Le nouveau film de Q. Tarantino, que l’on pourrait surnommer le Blender tant il aime le mélange des genres, est une version fantasmée de la Seconde Guerre mondiale. Le thème principal du film est en fait le cinéma. Cette approche permet au réalisateur de revisiter l’Histoire. Pour cette raison, Tarantino commence son film par “il était une fois” à la manière d’un conte pour enfant. Cette entrée en matière est aussi l’occasion d’un hommage au cinéma de S. Leone. La séquence d’ouverture où l’on voit s’affronter deux grands acteurs : Christoph Waltz (prix d’interprétation à cannes ) et Denis Menochet (très convaincant) fait référence à la scène d’introduction du personnage de la Brute dans le Bon, la Brute et le Truand. L’imagerie du conte reste présente tout au long du film : le petit chaperon rouge (Shosanna Dreyfus), Cendrillon (la chaussure de Bridget Von Hammersmark), le prince charmant (Frederick Zoller) etc. — Même si Tarantino n’est pas au niveau de ses premières réalisations, il reste l’un des cinéastes les plus funky d’aujourd’hui , avec sa maîtrise des dialogues (moins plombant que dans son précédent film), sa conception mythologique des personnages (Aldo l’apache, le soldat Frederick Zoller, Donnie Donowitz dit le golem ou l’ours juif…), sa mise en scène, sa direction d’acteurs incroyable, et son humour décapant. A ce propos, la scène qui introduit le personnage d’Hitler en bouffon ridicule et grand guignol inscrit le film dans la catégorie des farces du type l’As des as.— Le chapitre où l’on découvre le personnage de Diane Kruger est le moment fort du film. L’histoire prend son envol et Tarantino est à son sommet. Par ailleurs, l’idée vraiment intéressante est d’avoir jouer avec les langues originales des personnages mis en scène (français, anglais, allemand, italien), cette idée parcourt le film du début jusqu’à la fin, où dans une scène drôle, le personnage de Brad Pitt, se faisant passer pour un italien, est ridiculisé par l’éloquence polyglotte du colonel Hans Landa. Le scénario ne manque pas de belles idées et, comme à son habitude, Tarantino nous concocte du cinéma “plaisir”— Son gros défaut est en revanche de manquer parfois de subtilité et surtout de ne pas avoir de message à faire passer comme pouvait l’avoir Leone, qui faisait d’un film parodique comme le Bon la Brute et le Truand une critique acerbe de la guerre. Ici, le scénario ne sert qu’à assouvir nos vils instincts, pulsions sadiques et goût pour la vengeance. La scène où Shosanna se maquille et s’habille avant la soirée où elle accomplira sa vengeance fait penser à un Stallone des années 80, d’autant qu’elle est illustrée en bande son par le tube très 80’s Cat People (Putting Out Fire) de D. Bowie. Pourquoi faut-il aussi que tous les basterds soient juifs? (ça découle d’une pensée simpliste me semble t-il) — Ceci dit on aurait aimé connaitre chaque “basterd” du titre comme c’est le cas dans Les 12 salopards. Ici, seuls trois d’entre eux ont la faveur du réalisateur. Cela vient–il de coupes réalisées pour ne pas rallonger le montage? Qui sait, peut-être aurons-nous la chance de découvrir ces personnages en bonus DVD… @+
Inglourious Basterds - Tarantino - the Weinstein company - 2009

3 commentaires:

  1. belle critique d'un film qui ne mérite certainement pas autant de louanges. Certes, tarantino est un génie du cinéma, aux multiples trouvailles, mais dans ce film il semble se perdre à trop jouer sur l'humour (pas très drôle) et les effets, sans jamais développer les personnages et l'intrigue. Dommage, car l'idée de base était intéressante: une sorte de sergio leone pdt la 2è guerre (comme le dit très bien chi8). le résultat est dc correct mais sans plus, un divertissement qui tient la route car on ne s'ennuie pas pdt les 2h30.swight.

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  2. C'est vrai que Tarantino est l'un des réalisateurs actuel les plus funky mais je suis plutot d'accord avec Swight, meme si ce film est bien meilleur que "Boulevard de la mort", il faut dire que ça n'était pas vraiment difficile.
    Un humour pas toujours super drole et un scénario plutot léger meme si l'idée de revisiter la seconde guerre mondiale à sa façon était une bonne idée de départ! De plus j'ai vu le film en semi-v.o. (les américains parlant la langue de Moliere alors que les allemands et les italiens gardaient leurs propres langues!). Une bonne façon de gacher un film!
    Mais ta chronique positive et argumentée permet de voir le film d'un nouvel oeil!

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  3. Excellent chronique. J'en suis sorti y a 3h de ce film. Et j'ai adoré. Tu as dit tout ce que je n'avais pas vu et qui maintenant me saute aux yeux (cendrillon, etc etc).
    'IB', à part un montage à la machette, est un grand moment de cinéma où Tarantino fait son Tarantino: ces gros plans (quelle maitrise), ces dialogues!!
    Oser faire cette fin, mettre dans la tête du spectateur qu'Hitler est mort finalement, que la WW2 s'est terminée sur ca, c'est immense. Et puis oser tuer Hitler dans un cinéma, y a que Tarantino pour oser. Et c'est encore plus grand.

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