Dans ce roman, plusieurs voix s'élèvent et se mêlent en un véritable chœur pour retracer le parcours de Billie Holiday ; chacune des femmes qui témoignent, ainsi que le seul homme autorisé à le faire, sont des proches, des confidentes d'un soir, des compagnons de route ou la chanteuse elle-même. Chaque chapitre est bâti sur le monologue d'un témoin et l'histoire avance ainsi d'un point de vue à l'autre. En donnant la parole aux femmes humbles, comme la mère de Billie, aussi bien qu'aux musiciens réputés comme Lester Young, Alain Gerber recrée l'entourage de la chanteuse. C'est pour nous l'occasion d'entendre la voix de ceux qui ne s'expriment pas souvent et leurs monologues sensibles donnent corps à la fragile Lady Day. Au fil des pages la jeune femme se découvre et s'épanouit entre gourbis new-yorkais et clubs de jazz, dans un univers assez sombre. A une époque où la ségrégation fait rage, les musiciens de jazz les plus talentueux vivent dans des conditions précaires. Le combat pour l'égalité des droits est alors loin d'être gagné et la chanteuse va se frotter un peu malgré elle, à l'expression politique avec le célèbre Strange fruits qui provoque scandale et émotion. Au cœur de l'ouvrage il y aussi sa relation énigmatique avec "le président" des saxophonistes, Lester Young, celui qui lui trouvera son célèbre surnom. Une relation qui dépasse les étiquettes et les concepts de l'amour, ou de l'amitié sont insuffisants pour exprimer la communion entre les deux esprits qui se suivront de peu dans la mort.
Alain Gerber est à l'origine d'une série de romans sur le jazz : Chet (2001), Louie (2002), Charlie (2005) et Miles (2007).
Lady Day : histoire d'amours, Alain Gerber, Paris : Fayard, 2005. Également disponible en poche.
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