Le titre (ou plutôt le sous-titre) annonce la couleur, il s'agit de conter l'histoire de Serge Gainsbourg, non pas à la manière classique d'un biopic comme c'était le cas dans la Môme par exemple, mais au travers du regard du réalisateur Joann Sfar. Ce dernier étant surtout connu par son activité de dessinateur de BD à succès, avec Le chat du rabbin ou encore Klezmer pour ne citer que les plus connues. Par ailleurs il faut savoir que toutes ses bandes dessinées ou presque ont en commun la musique. Joann Sfar étant sans conteste un grand connaisseur de cet art et un mélomane averti. Pour sa première incursion dans le cinéma (avec un budget confortable), il a donc choisi de conter Gainsbourg. Serge Gainsbourg, figure emblématique s'il en est de la chanson française, auteur et compositeur à succès, chantre de la provocation, star incontesté de la pop culture made in France et éternel insoumis. Un auteur par un autre auteur donc.— Après un générique de toute beauté en animation et dessiné par Sfar lui-même, le film débute à Paris sous l'occupation où il ne fait pas bon être juif. On suit la vie du jeune Lucien Ginsburg, un garçon juif, obligé de porter l'étoile jaune, et dont le père tente en vain de lui enseigner la musique au travers de leçons de piano. Malgré ses facilités pour cet exercice, ces leçons ne semblent pas intéresser le garçon celui-ci se prédestinant à être artiste peintre. Durant cette période on découvre tour à tour les différents centres d'intérêt qui feront de ce jeune garçon le personnage mythique que tout le monde connaît: la peinture, les femmes, la musique et son aversion pour son physique ingrat. La suite parcourt de façon assez originale la vie de Lucien Ginsburg, pianiste jazz de cabaret qui deviendra plus tard Serge Gainsbourg, auteur à succès de la pop musique, des années 50 jusqu'aux années 80. On croise au fur et à mesure les artistes qui ont changé la vie du bonhomme. Sa rencontre avec Boris Vian, interprété par le farfelu Philippe Katerine, son amour "qui dura une chanson" avec Juliette Gréco, interprétée par la toujours sensuelle Anna Mouglalis, sa relation avec la plus belle femme du monde de l'époque, Brigitte Bardot, interprétée par "Elaeudanla Teïtéïa" Casta, impressionnante! Sa rencontre avec Birkin (Lucy Gordon) etc... Au fur et à mesure des années, le jeune et talentueux Gainsbourg se transforme peu à peu en poète maudit Gainsbarre, les deux étant interprétés par un acteur dont la ressemblance avec le modèle est très frappante, Eric Elmosnino, vraiment convaincant.— Sfar joue beaucoup sur le mythe de Faust à travers son portrait de Gainsbourg. érudit de Jazz, et auteur au succès confidentiel, il vendra son âme aux yéyés afin d'acquérir la gloire et l'argent. L'originalité du traitement vient de la façon dont la vie de Gainsbourg est racontée ou contée comme le souligne le titre. Sfar traite la vie de l'artiste qu'il dépeint comme un rêve éveillé où la duplicité du personnage est directement mise en scène à travers un double caricaturé et de carton pâte. La marionnette est souvent intégrée aux scènes et rend le film assez intéressant et étrange, créant des visuels fantasmagoriques. Le procédé est simple mais ça fonctionne plutôt bien, seul petit reproche : le réalisateur joue avec, peut être un peu trop souvent. Sinon impossible de parler de Gainsbourg sans dire un mot sur la musique, en l'occurrence ici la Bande Originale du film arrangée par les soins de Olivier Daviaud (arrangeur notamment de Dyonisos) qui mêle chansons originales, compositions et reprises par les acteurs eux-mêmes, et ce, de belle façon— Gainsbourg (vie héroïque) est un film à voir comme une œuvre à part entière, très bien filmée, et intelligemment réalisée par un auteur de talent qui, rappelons-le, signe ici son premier film.
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Oui, chouette film (si on accepte dès le départ que c'est un conte et non une autobiographie pure et dure). Le jeu de Eric Elmosnino et Laetitia Casta est vraiment bon. J'ai été très surpris par Casta. Un peu déçu de l'interprétation de Katerine. Comble du truc, son playback est vraiment raté... Dommage. Concernant les arrangements, les parties piano sont juste terribles.
RépondreSupprimerCharly
@Charly_SDDD