Playlist de la lune : marées vertes

Une actualité et une playlist pour l’illustrer. voilà le concept de cette nouvelle rubrique où on mêle des titres méconnus à des classiques. Cette rubrique, fonction de l'actualité, est ce mois-ci consacrée aux marée vertes en Bretagne à l'occasion du plan proposé par l'État.

Les « marées vertes » font directement référence aux « marées noires » qui ont marquées la Bretagne ces dernières décennies. On pense à la catastrophe de l’Erika en 1999 mais aussi à l’Amoco Cadiz en 1978, des catastrophes dues à l’échouage de pétroliers au large des côtes bretonnes. Ces marées, bien que de couleurs différentes ont quelques similitudes dans leurs conséquences écologiques et économiques en raison de la soif de profit des industriels pétroliers d'une part et de la recherche d'une productivité meilleure pour les professionnels de l'agriculture d'autre part. A l’époque de l’Erika, on se rappelle qu’on avait fait appel à la population et au bénévolat, sous prétexte de conscience écologique et de fibre régionaliste, pour participer au nettoyage des côtes, et ceci en dépit de risques sanitaires évidents. Pour les algues vertes, l’Etat n’a pas poussé la  provocation à ce point mais a décidé d’apporter une enveloppe de 134 millions d'euros sur 5 ans qui lui permettra de contribuer au ramassage, au financement du compostage des algues ramassées et au plan de méthanisation, qui devrait permettre de produire de l'énergie et de l'engrais, et "d'accompagner les évolutions nécessaires des pratiques agricoles". Bonne nouvelle pour le monde du tourisme, bien-sûr et on ne va pas le blâmer. Les touristes vont enfin pouvoir revenir se dorer la pilule sous le soleil breton sans avoir à supporter cette infâme odeur d’œufs pourris, et profiter de la baignade dans une eau claire à 15°C et sous une petite bruine locale. Une véritable thalasso à moindre coût. Bonne nouvelle aussi pour l'agriculteur qui bien « accompagné » par l’Etat, ce qui va bien entendu le réjouir et l’aider à devenir autonome, va voir arriver de nouveaux fertilisants labellisés « verts » et s'il s’organise bien en investissant dans une usine de méthanisation, il pourra même revendre de l’énergie à EDF. Alors de quoi se plaint-t-on?


La playlist à écouter :
tilidom.com

1- Erik Marchand & Titi Robin « Az zoudar maleurus » sur l'album « Chants du Centre-Bretagne "An Heñchoú Treuz" » (1990) 00’00’’ à 04’45’’
La musique bretonne n'est pas seulement fest-noz, bignous et bombardes, mais parfois aussi vecteur d'émotions comme nous le prouvent ces deux musiciens d'exceptions. Vive la Bretagne.


2- A Hawk and a Hacksaw « In the river » sur l’album « The Way The Wind Blows » (2006) 04’45’’ à 10’34’’ 
La rivière, première polluée mais aussi responsable du transport de l'azote jusque la mer, chantée par un groupe américain qui joue de la musique balkanique. Peu commun.


3- Bonnie Prince Billy « Ebb tide » sur l’album « The Letting Go » (2006) 10’34’’ à 15’37’
Le boulimique Will Oldham enregistre plusieurs albums par an avec du bon et du moins bon. Il faut faire le tri! il chante ici la marée descendante. La même qui laisse délibérément ses algues sur la plage en partant.


4- Iggy Pop « I want to go to the beach » sur l’album « Préliminaires » (2009) 15’37’’ à 18’27’’
Sur cet album controversée, Iggy se fait crooner et clame son envie de rejoindre la plage. Il va falloir bien la choisir iggy pour éviter l'intoxication. Mais bon.. t'en as vu d'autres!


5- Andrew Bird « Natural Disaster » sur l’album « Noble Beast » (2009) 18’27’’ à 22’40’’
L'oiseau chanteur nous parle de catastrophe naturelle. Mais à mon avis, elle est un peu plus chimique que naturelle la catastrophe?


6- Marvin Gaye « Mercy Mercy Me (The Ecology) » sur l’album « What's Going On » (1971) 22’40’’ à 25’50’’
En 1971 déjà, Marvin Gaye interrogeait sur le nombre d'agression que la terre pouvait encore supporter. Finalement elle en supporte encore, mais pour combien de temps ?


7- Prefuse 73 « Natures uplifting revenge » sur l’album « Everything She Touched Turned Ampexian » (2009) 25’50’’ à 27’48’’
Le bricoleur de chez Warp nous parle d'une revanche de la nature. Si ce n'est pas le cas, c'est au moins une adaptation exceptionnelle.


8- Saul Williams « Seaweed » sur l’album « Saul Williams » (2004) 27’48’’ à 31’25’’
Du volant de sa voiture jaune, le rapper new-yorkais voit les algues sécher sur la plage. Tu passes tes vacances à Saint-Michel en Grève Saul?


9- Hocus Pocus « Touriste ft. Elodie Rama and Tribeqa » sur l’album « Place 54 » (2007) 31’25’’ à 35’20’’
Les touristes se prennent pour les kings où qu'ils soient! Mais ce sont vraiment les rois et c'est leur confort qu'il faut privilégier avant tout, non?


10- Serge Gainsbourg & Jane Birkin « Sous le soleil exactement » sur l’album « Je t'aime... moi non plus » (1969) 35’20’’ à 38’13’’
C'est où que les algues prolifèrent? Sous le soleil! Et c'est où qu'on bronze? ben sous le soleil! Alors on fait comment? ben on ramasse!

4 commentaires:

  1. Plutôt sympa cette nouvelle rubrique qui m'inspire un petit commentaire...

    Ah les marées vertes en Bretagne…L’Etat qui débloque 134 millions d’euros pour lutter contre ce fléaux vieux de plusieurs décennies. Il faut savoir que des millions d’euros ont déjà été consacrés à la lutte contre la pollution des eaux en Bretagne mais les effets tardent à venir… Les lobbies agricole, phyto-pharmacetique (désherbants) et pétrochimique (engrais) font du bon travail pour éviter que l’agriculture se tourne vers un mode de production qui puisse véritablement répondre aux enjeux de la préservation de l’environnement. Alors ce nouveau plan ? Il va permettre de financer le ramassage de ces algues mais pour en faire quoi ? de l’engrais qui retournera nourrir les culture intensives de mais et de céréales. La boucle est bouclée ! Ces solutions essentiellement curatives sont une aberration tout comme la méthanisation dont on parle de plus en plus comme solutions pour limiter la pollutions des cours d’eau et donc le développement des algues vertes sur nos côtes de bretagne. La methanisation ne permet en aucun cas d’éliminer les fameux nitrates, principaux responsables du développement des algues vertes…encore une aberration proposée par le lobbies agricole qui voit là une manne financière pour ses agriculteurs qui pourront vendre leur électricité !
    Les solutions sont aujourd’hui connues mais quel pourvoir politique aura le courage de reformer en profondeur le modèle agricole breton ? Produire des produits de qualité dans le respect de l’environnement paraît encore et toujours au 21 ème siècle un défit surréaliste !

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  2. Effectivement, c'est une bonne idée cette nouvelle rubrique qui mêle politique, écologie et musique. A vrai dire je n'étais pas au courant du plan proposé par l'état. Même si je ne peu m'empêcher d'être entièrement d'accord avec ce que dit H2O, il est bon de voir que le problème n'a pas été entièrement oublié par les pouvoirs publics depuis l'été derniers. Le gros soucis vient aussi d'une surproduction de cochons en Bretagne je crois.Et pourtant les pouvoirs autorisent encore aujourd'hui de nouvelles productions à s'implanter! Même si aujourd'hui les agriculteurs ont des cuves pour faire décanter le lisier, la production trop grosse, les oblige à épandre beaucoup trop sur le sol. il faudrait exporter le lisier en surproduction vers d'autres régions comme l'Alsace par exemple ou je crois il en manque. mais cela coûte énormément d'argent en transport notamment. J'attends de voir dans 20 ans si le problème est un temps soit peu réglé ou s'il fera l'actualité pendant les 20 prochains étés en Bretagne comme c'est le cas depuis déjà 20 ans?

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  3. Ce plan "algues vertes" qui sort moins de 2 mois avant des élections régionales... ça sent St Michel en Grève un 15 août sans vent!!!
    On s'attache bien sûr au curatif en vue de réconcilier les touristes avec nos vertes côtes. Concrètement pas d'affirmations d'un virement de bord agricole qui serait fort à propos: les crises successives de nos filières agricoles ne démontrent-elles pas que nous sommes au bout d'une méthode? Il semble bien que l'on continue de plâtrer la jambe de bois!!
    Quant aux interrogations concernant l'avenir des algues collectées, d'après des sources proches du dossier il semble que la solution choisie soit l'incinération! Etonnant, non?
    Pas tant que cela de la part d'un gouvernement qui aura réussi à placer Luc Guyau, ex-président de la FNSEA et de l'assemblée nationale des chambres d'agriculture, à la tête de la FAO!!

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  4. Je dis oui à cette nouvelle rubrique, c'est pas dégueulasse de mélanger musique et politique.

    En plus, les algues vertes, c'est toutes mes vacances, merci les grands-parents au fond de la baie de Saint-Brieuc. C'était beurk, mais ça faisait de bonnes munitions pour des batailles acharnées.
    Je me souviens des agriculteurs qui, au moins pour la vallée de l'Ic, rejetaient l'unique responsabilité sur le tout à l'égout et les laves linge. Il a bon dos le siemens. Et je suis macpoolin sur le pur electoralisme de ce plan : ils paieront plus de tracteurs pour nettoyer les plages, no màs.

    Ah, et le groupe avec Hocus Pocus, on l'écrit "Tribeqa".

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