Réalisatrice, chère au cœur de notre rédac-chef Paco, Maïwenn poursuit sa carrière derrière la caméra. Après Pardonnez-moi et Le bal des actrices, elle signe ici son troisième film. Une nouvelle fois elle fait mouche, à en croire le démarrage du film au box-office, mais surtout le prix du jury glané à Cannes. Le titre Police étant déjà pris et mémorable, elle choisi d'appeler son film Polisse à la manière des "p'tits". Bonne idée, puisqu'il s'agit justement du thème: l'enfance, mais pas n'importe laquelle puisque le film suit à la manière d'une chronique, le quotidien de la brigade de protection des Mineurs de Paris Nord. Loin du concept " l'enfance est la plus belle période de la vie" , le cynisme du générique sur la musique de l'île aux enfants, nous donne le ton de ce qui va suivre. Après Pardonnez-moi Maïwenn s'intéresse à nouveau à la maltraitance sur mineur.
Avec son style "doc" qu"elle adopte une nouvelle fois, elle propose une vision de cinéma. Côté scénario, le fil conducteur est assez léger et se restreint à suivre Melissa, jeune photographe chargée par le Ministère de faire un reportage photo sur la BPM. Ce personnage interprété par la réalisatrice n'est qu'un prétexte et reste d'ailleurs très effacé dans la grande première partie du film. Le gros du film consiste à faire découvrir, outre le côté flic de chaque membre de l'équipe, le côté vie privée de chacun (mais pas tous, peut-être dans la saison 2?). La campagne de promotion a largement insisté sur la performance de Joey Starr. Il est effectivement très bon dans le film. Le contraire aurait été étonnant tellement c'est un acteur né! En même temps, pour faire la part des choses, ce n'est pas non plus un rôle de composition pour lui. Il ne joue pas ici le rôle d'une nounou ou du Dalaï Lama, mais celui de Fred, le flic écorché vif qui n'hésite pas quand il le faut à ouvrir sa gueule. Un rôle taillé sur mesure donc, avec un peu de "Joey tendresse" dedans. C'est la qualité principale du film : l'interprétation des acteurs. Chacun compose un personnage avec vérité et intensité : Karine Viar et Marina Foïs sont au sommet de leur art, le reste du casting est au diapason. Petit bémol : l'ensemble des caractères est en mode "bout du rouleau" limite hystérique. Le film est assez éprouvant, le sujet y est pour beaucoup. La brigade est continuellement confrontée aux dérives d'ados, à la déviance de parents, à l'exploitation d'enfants ou encore à la maltraitance. Maïwenn joue avec les émotions des personnages et du public, variant le ton des scènes sans hésiter sur le côté "choc". Petit clin d’œil: elle emprunte à Subway deux petites répliques cultes, ce qui n'est pas pour me déplaire. Pour l'aficionados de fiction que je suis, je regrette par ailleurs qu'il n'y est pas une vraie histoire de fond pour tenir l'ensemble comme c'était le cas dans La balance de Bob Swaim par exemple.
Un bon film oui, une claque.
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