Le roman de Milena Agus est peuplé d'êtres fantasques, de conformistes qui se lâchent et de personnages angoissés. C'est une adolescente de 14 ans qui témoigne de la vie dans ce petit coin de Sardaigne où les promoteurs immobiliers n'ont pas encore réussi à déloger quelques familles. La jeune fille dresse le portrait d'une galerie de personnages, tous un peu hors-normes. Elle explique ainsi que « La famille des voisins est organisée comme une armée où le général d'armées est la grand-mère », mais personne n'ose lui avouer que son petit-fils, qu'elle croit étudiant à la Sorbonne, est musicien de jazz à Paris. La grande amie de l'héroïne c'est « Madame », une voisine qui tient une maison d'hôtes, coud ses robes dans de vieilles nappes, serviettes et rideaux et collectionne les amants pas vraiment fiables. On s'attache très vite à cette cohorte de personnages auxquels il faut ajouter le grand-père « riche citadin, professeur de philosophie par pur plaisir et non par besoin est devenu retraité et paysan prenant un malin plaisir à être pauvre ». Le décor magique de la Sardaigne apporte aussi sa note dans l'atmosphère du récit. Les odeurs de maquis, les expressions populaires, les chemins rocailleux qui descendent à la mer nous transportent dans ce petit coin d'Italie. Ce deucième roman de Milena Agus est à déguster, à lire et à relire pour profiter de la liberté de ton, de l'humour et de la naïveté présents dans le récit de ces vies cabossées mais dans lesquelles on se sent bien.
AGUS Milena, Battement d'ailes, Paris : Liana Levi, 2008
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