Auréolé de son succès public et critique à Cannes, le nouveau film de Jacques Audiard était très attendu pour sa sortie. Un prophète suit le parcours en “zonzon” de Malik El Djebena. Un véritable parcours du combattant, puisqu’il s’agit avant toute chose de survivre dans cette univers extrême et violent. Pour ce faire, le jeune Malik, garçon paumé et analphabète à son arrivée, déploiera tout ce qu’il a de ressources stratégiques et d’énergie intellectuelle. A commencer par le meurtre d’un co-détenu qu’il exécutera pour le compte de César Luciani, parrain corse, maître des lieux, et devenu alors son protecteur. — Un prophète est un film dense avec plusieurs niveaux de lecture. Un aspect documentaire sur la prison comme reflet de la société extérieure: corruption, communautarisme, économie libérale. Analyse sociale du milieu carcéral: la prison comme école du crime mais également comme centre éducatif (Malik y apprend à lire), Parcours Initiatique: figure du père qu’on assassine, éloge de l’Individualisme. Une dimension fantastique qui donne au film son titre — Le film est littéralement porté par Tahar Rahim tout en retenue, secondé par Niels Arestrup qui s’offre un véritable rôle de composition puisqu’il parle corse la moitié du film.(pour moi qui suis un pinzuti* en tout cas ça le fait!) Adel Bencherif, qui interprète Ryad, personnage en quête de sérénité, est également parfait. — Mais il faut surtout ici louer le talent de Jacques Audiard. Il aborde tous les thèmes liés à la prison avec une rare finesse. Au travers de ses choix: acteurs charismatiques, mise en scène sérieuse, subtile et efficace, dialogues aux petits oignons, photographie et montage sonore adéquat, il offre ici un film certes violent mais intense, à la foi moderne notamment dans le montage et classique en ce qui concerne la construction scénaristique. Son propos est de faire de Un prophète, un anti-Scarface, héros sociopathe qui s’accomplit par la violence et la destruction, il oppose ici l’alternative d’un héros qui s’accomplit par la réflexion.
*pinzuti: littéralement "pointu" ce qui désigne ceux qui parlent avec un accent "pointu" c’est-à-dire du continent.Un prophète - Jacques Audiard - 2009- UGC distribution
bravo pour ta critique!!! BIZZZ SLY
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