Le bandeau rouge qui barre le livre est attirant ; ce court roman de Gérard de Cortanze est estampillé d’un voyant « érotique » qui tranche avec le violet de la couverture. Heureusement le nom de l’auteur offre une certaine caution littéraire qui permet de ne pas rougir jusqu’aux oreilles au moment de passer à la caisse.
L’auteur-narrateur poursuit une quête sur ses origines familiales entamée dans d’autres romans, que vous pouvez lire sans rougir (notamment Assam, prix Renaudot 2002 où on retrouve certains personnages de La Belle endormie). Ici l’histoire débute dans une bibliothèque italienne où le narrateur fait des recherches dans les archives. Il déniche des documents inédits : des lettres érotiques signées par une de ses lointaines parentes, Maria Galante. Émoustillé par les lettres et la pulpeuse bibliothécaire le héros poursuit son aventure italienne dans le château familial, transformé en hôtel de luxe mais qui garde son mystère. Le personnage occupe la chambre de son aïeule et bientôt ses nuits deviennent torrides grâce aux visites d’un fantôme très charnel. Les contours de la réalité deviennent de plus en plus flous, on ne sait plus bien quel rôle jouent le propriétaire de l’hôtel ou la gouvernante ; jusqu’à la pirouette finale qui suggère une deuxième lecture du roman.
Le cadre fait évidemment penser aux romans du Marquis de Sade. L’ingénieux entrelacement entre 18ème et 20ème siècle permet d’utiliser un langage cru mais totalement suranné dans les lettres ainsi que lors des rencontres entre les amants. Cela donne lieu à de jolies scènes plutôt classe. De plus Gérard de Cortanze ajoute à son récit un grain de folie qui peut devenir aussi inquiétant que fantaisiste. On passe ainsi avec plaisir d’une scène à l’autre.
La belle endormie, Gérard de Cortanze, Monaco : Éditions du Rocher, 2009
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire