L'été 2011 est plein de bonnes surprises, du moins en ce qui concerne les sorties cinéma. Outre les quelques gros films habituels, les exploitants ont eu la bonne idée de sortir quelques œuvres d'auteurs présents à Cannes plus tôt qu'à l'accoutumée. L'avenir nous dira si cette manœuvre commerciale est une réussite ou pas, toujours est-il qu'elle permet aux estivants d'avoir un spectre de choix plus large que d'habitude au mois d'Août.
Première surprise, la sortie de Melancholia, dernière œuvre du trublion provocateur Lars vont Trier. Personne n'a oublié son expulsion du festival après les propos qu'il a tenu lors de la conférence de Presse de Melancholia. Son film est resté en compétition mais le bonhomme s'est retrouvé Persona non grata du festival! pour combien de temps? Pour enfoncer le clou (et pour arranger la dépression chronique de Lars), il s'est avéré courant de l'été que l'un des films préféré du tueur d'Oslo était "Dogville". Pas facile d'être dans la peau de Von Trier ces temps-ci. L'homme semble avoir du mal à encaisser le monde et il tente aux travers de ses films de faire comprendre ses interrogations, son mal-être, souvent par le biais d'un questionnement métaphysique pas toujours compréhensible (du moins au premier abord).
A ce propos, difficile d'isoler Melancholia de son précédent film "Antichrist". Les deux films ont en commun d'avoir valu à leur actrice principale le prix d'interprétation à Cannes (Charlotte Gainsbourg pour l'un, Kirsten Dunst pour l'autre) mais aussi d'être pour le spectateur des expériences très intenses. Le mot qui me vient est "viscéral". Ça n'est pas nouveau chez Von Trier "Breaking the wave" l'était aussi. Ce qui diffère par contre, c'est l'axe et le traitement qu'y apporte le réalisateur. Autant dans "Antichrist", Von Trier exorcisait ses interrogations par le biais d'un récit cauchemardesque, plein de sombres méandres, faisant du film une œuvre dure, limite malsaine, autant ici il semble plus apaisé et livre une œuvre magnifique.
Lars Von Trier sait prendre le spectateur aux tripes, l'entrée en matière de Melancholia est grandiose. Une série de plans surréalistes en hyper-ralenti et "compositing" sur la musique de Tristan et Iseult de Wagner, un grand moment de cinéma à n'en pas douter. La suite en caméra épaule se déroule en deux parties qui se répondent et se complètent. Lars von Trier aborde la fin du monde, puisqu'il s'agit ici d'Apocalypse, par le portrait en huis clos de deux sœurs. Ce qui est une façon pour le moins singulière de traiter ce sujet! Chacune des parties est ainsi consacrée à dessiner le portrait d'une des sœurs: Justine (Kirsten Dunst) et Claire (Charlotte Gainsbourg).
Tout les oppose, la première est blonde et pulpeuse, la seconde brune et longiligne, La première n'est pas mère la seconde l'est, La première présente des fragilités, la seconde semble équilibrée, etc...
La première partie est consacrée à Justine. Dans cette partie Claire tente d'aider sa sœur a surmonter une grave maladie psychologique : la mélancolie. Elle organise avec son mari (Kiefer Sutherland) le mariage de Justine au sein de leur grandiose propriété. En vain. Dans la seconde partie, les relations basculent. C'est Justine qui aidera sa sœur à vaincre ses peurs afin d'accepter l'inéluctable : une planète, dont le nom correspond étrangement à la maladie de Justine, va percuter la terre et l'anéantir. Justine personnage central est intrinsèquement reliée à la nature, du fait de sa maladie, elle sait les choses, détachée du monde matériel mais également en conflit avec la Terre, elle s'avère finalement libre. Comme dans "Antichrist", c'est un personnage emprunt de paganisme - sorcière en quelque sorte - détachée du monde matériel et scientifique (l'enfant la surnomme Tata Steelbreaker, sûrement en rapport avec sa folie mais aussi son lien avec la Nature), contrairement à sa sœur qui elle tente de s'accrocher au monde concret, aux rituels. Justine est déjà dans la mort, Claire tente de s'accrocher à la vie (son statut de mère l'y oblige).
Pour autant, là ou dans "Antichrist" le personnage s'exorcisait dans la violence, ici Justine est détachée. Là ou il y avait scène de masturbation et d'automutilation, ici il y a contemplation, osmose avec les éléments . Le personnage de "Antichrist" était frontalement en guerre contre la Nature, ici Justine trouve la paix dans sa relation cosmique avec l'univers, elle se réalise dans le chaos. Lars von Trier a du manger une cagette de valium entre les deux films!
La mélancolie de Justine est libératrice, rien ne sert de lutter, de s'accrocher au matériel c'est ainsi… "Laisse aller Claire, c'est une valse ou plutôt un grondement sourd qui approche qui approche et qui emporte tout!" Une philosophie nihiliste, une fin onirique, magnifique et belle. Un lâcher prise total… (No futur!)
Même si chez le Danois, la violence reste inhérente au propos et aux interrogations qu'il porte sur le bien fondé de l'amour de l'humanité, il fait de "Melancholia" un grand film, certes plus facile à "encaisser" que son précédent, à son grand dam, mais aussi bien moins misogyne, plus subtil. Je le reverrais avec plaisir, ce qui n'est pas le cas pour "Antichrist". De plus, il s'est entouré d'un casting 4 étoiles : Charlotte Rampling, John Hurt, Kiefer Sutherland, tous parfaits. Il offre après "AntiChrist" un nouveau grand rôle à Charlotte Gainsbourg, rôle qu'elle défend à la perfection. Kirsten Dunst quant à elle, toujours aussi "mimi" avec ses petites fossettes trouve ici son rôle le plus intéressant depuis "Virgin Suicide". Après la palme d'or "Tree of Life", il est intéressant de voir combien les réalisateurs avaient besoin cette année de se confronter à ce qui relie l'Homme au cosmos, à l'infiniment grand, à la Nature. Cette Nature qui fait l'homme et toutes ses interrogations. Von Trier n'a pas eu la palme. Est-ce à cause de sa boutade foireuse ou le jury a t-il préféré l'homme sage (Malick) à celui qui est sur la "voie".
Toujours provocateur, Lars Von Trier a annoncé que son prochain film serait un Porno. ça ressemble à un effet d'annonce mais s'il réussit son porno comme il a réussi son film catastrophe, l'expérience sera sans aucun doute unique pour le spectateur.
Première surprise, la sortie de Melancholia, dernière œuvre du trublion provocateur Lars vont Trier. Personne n'a oublié son expulsion du festival après les propos qu'il a tenu lors de la conférence de Presse de Melancholia. Son film est resté en compétition mais le bonhomme s'est retrouvé Persona non grata du festival! pour combien de temps? Pour enfoncer le clou (et pour arranger la dépression chronique de Lars), il s'est avéré courant de l'été que l'un des films préféré du tueur d'Oslo était "Dogville". Pas facile d'être dans la peau de Von Trier ces temps-ci. L'homme semble avoir du mal à encaisser le monde et il tente aux travers de ses films de faire comprendre ses interrogations, son mal-être, souvent par le biais d'un questionnement métaphysique pas toujours compréhensible (du moins au premier abord).
A ce propos, difficile d'isoler Melancholia de son précédent film "Antichrist". Les deux films ont en commun d'avoir valu à leur actrice principale le prix d'interprétation à Cannes (Charlotte Gainsbourg pour l'un, Kirsten Dunst pour l'autre) mais aussi d'être pour le spectateur des expériences très intenses. Le mot qui me vient est "viscéral". Ça n'est pas nouveau chez Von Trier "Breaking the wave" l'était aussi. Ce qui diffère par contre, c'est l'axe et le traitement qu'y apporte le réalisateur. Autant dans "Antichrist", Von Trier exorcisait ses interrogations par le biais d'un récit cauchemardesque, plein de sombres méandres, faisant du film une œuvre dure, limite malsaine, autant ici il semble plus apaisé et livre une œuvre magnifique.
Lars Von Trier sait prendre le spectateur aux tripes, l'entrée en matière de Melancholia est grandiose. Une série de plans surréalistes en hyper-ralenti et "compositing" sur la musique de Tristan et Iseult de Wagner, un grand moment de cinéma à n'en pas douter. La suite en caméra épaule se déroule en deux parties qui se répondent et se complètent. Lars von Trier aborde la fin du monde, puisqu'il s'agit ici d'Apocalypse, par le portrait en huis clos de deux sœurs. Ce qui est une façon pour le moins singulière de traiter ce sujet! Chacune des parties est ainsi consacrée à dessiner le portrait d'une des sœurs: Justine (Kirsten Dunst) et Claire (Charlotte Gainsbourg).
Tout les oppose, la première est blonde et pulpeuse, la seconde brune et longiligne, La première n'est pas mère la seconde l'est, La première présente des fragilités, la seconde semble équilibrée, etc...
La première partie est consacrée à Justine. Dans cette partie Claire tente d'aider sa sœur a surmonter une grave maladie psychologique : la mélancolie. Elle organise avec son mari (Kiefer Sutherland) le mariage de Justine au sein de leur grandiose propriété. En vain. Dans la seconde partie, les relations basculent. C'est Justine qui aidera sa sœur à vaincre ses peurs afin d'accepter l'inéluctable : une planète, dont le nom correspond étrangement à la maladie de Justine, va percuter la terre et l'anéantir. Justine personnage central est intrinsèquement reliée à la nature, du fait de sa maladie, elle sait les choses, détachée du monde matériel mais également en conflit avec la Terre, elle s'avère finalement libre. Comme dans "Antichrist", c'est un personnage emprunt de paganisme - sorcière en quelque sorte - détachée du monde matériel et scientifique (l'enfant la surnomme Tata Steelbreaker, sûrement en rapport avec sa folie mais aussi son lien avec la Nature), contrairement à sa sœur qui elle tente de s'accrocher au monde concret, aux rituels. Justine est déjà dans la mort, Claire tente de s'accrocher à la vie (son statut de mère l'y oblige).
Pour autant, là ou dans "Antichrist" le personnage s'exorcisait dans la violence, ici Justine est détachée. Là ou il y avait scène de masturbation et d'automutilation, ici il y a contemplation, osmose avec les éléments . Le personnage de "Antichrist" était frontalement en guerre contre la Nature, ici Justine trouve la paix dans sa relation cosmique avec l'univers, elle se réalise dans le chaos. Lars von Trier a du manger une cagette de valium entre les deux films!
La mélancolie de Justine est libératrice, rien ne sert de lutter, de s'accrocher au matériel c'est ainsi… "Laisse aller Claire, c'est une valse ou plutôt un grondement sourd qui approche qui approche et qui emporte tout!" Une philosophie nihiliste, une fin onirique, magnifique et belle. Un lâcher prise total… (No futur!)
Même si chez le Danois, la violence reste inhérente au propos et aux interrogations qu'il porte sur le bien fondé de l'amour de l'humanité, il fait de "Melancholia" un grand film, certes plus facile à "encaisser" que son précédent, à son grand dam, mais aussi bien moins misogyne, plus subtil. Je le reverrais avec plaisir, ce qui n'est pas le cas pour "Antichrist". De plus, il s'est entouré d'un casting 4 étoiles : Charlotte Rampling, John Hurt, Kiefer Sutherland, tous parfaits. Il offre après "AntiChrist" un nouveau grand rôle à Charlotte Gainsbourg, rôle qu'elle défend à la perfection. Kirsten Dunst quant à elle, toujours aussi "mimi" avec ses petites fossettes trouve ici son rôle le plus intéressant depuis "Virgin Suicide". Après la palme d'or "Tree of Life", il est intéressant de voir combien les réalisateurs avaient besoin cette année de se confronter à ce qui relie l'Homme au cosmos, à l'infiniment grand, à la Nature. Cette Nature qui fait l'homme et toutes ses interrogations. Von Trier n'a pas eu la palme. Est-ce à cause de sa boutade foireuse ou le jury a t-il préféré l'homme sage (Malick) à celui qui est sur la "voie".
Toujours provocateur, Lars Von Trier a annoncé que son prochain film serait un Porno. ça ressemble à un effet d'annonce mais s'il réussit son porno comme il a réussi son film catastrophe, l'expérience sera sans aucun doute unique pour le spectateur.
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