"La Horde", Yannick Dahan et Benjamin Rocher

Nouvelle tentative du jeune cinéma français dans le film de genre, la Horde est ce que l'on appelle un film de zombie. Un genre dans le genre du film d'horreur ou d'épouvante. Ce premier film au budget de 2 millions d'euros (ce qui est peu pour un film à effets spéciaux) est co-réalisé par Benjamin Rocher et Yannick Dahan. Ce-dernier est un journaliste cinéma qui a notamment officié sur le câble en tant que présentateur d'émissions ayant trait au cinéma de genre. Comme je n'ai pas le câble, je ne connais pas cet homme, mais il est considéré comme un référent en la matière. A la vue du film, on ne peut pas douter que ses auteurs ont une bonne connaissance de ce cinéma tant le film n'apporte rien de nouveau ou presque (je reste mesuré) sous la lune zombiesque.— L'histoire suit un groupe de flics qui pour venger l'un de leur collègue assassiné s'introduisent dans une tour de la banlieue nord de Paris où règnent les truands coupables de ce méfait. Leur plan aurait dû se passer "sang à-Crocs", s'il n'avait fallu compter sur le coup du sort et l'intervention inopinée d'une armée de zombie. Devant l'adversité, flics et truands vont s'associer afin d'essayer de sortir de cette tour infernale en chair et en os! Voilà pour l'histoire qui n'est évidemment pas sans rappeler Assaut de Carpenter ou encore Nid de Guêpe qui faisait déjà référence à Assaut. On aurait aimé que les auteurs essayent de renouveler le genre, un peu comme l'avaient fait les anglais (Danny Boyle) avec 28 jours plus tard, mais au vu de ce postulat de départ il semble que ce ne soit pas dans leurs intentions. Ceci étant, ne soyons pas trop gourmands, c'est un postulat de départ comme un autre et dans ce genre de film ce sont plutôt les relations entre les personnages et l'originalité des scènes qui font la qualité du film. Malheureusement on en sera, de ce point de vue là aussi, pour nos frais! On reproche souvent au cinéma français de ne pas blinder le scénario en usant du brainstorming auprès de plusieurs scénaristes, à la manière du cinéma américain. Or ici il n'y a pas moins de quatre scénaristes crédités au générique de la horde. On ne peut pas dire qu'à ce niveau là le film ait manqué de moyens! Que coûte un bon scénario par rapport à un mauvais? Alors que s' est-il passé au niveau de la production de ce film? Quatre cerveaux et huit mains pour ne pas réussir une seule scène originale ou presque (ici encore je mets un petit bémol), pour ne pas écrire un dialogue au minimum correct, enfin un truc que l'on n'aurait pas déjà vu cinquante mille fois... Vraiment je me pose la question. Au vu du reste du film, à quoi sert la scène en exergue? (je crois cependant qu'elle inscrit le film dans la continuité d'un court-métrage appelé Rivoallan). Le début du film, où l'on suit le groupe qui s'introduit dans la tour n'aurait-il pas été plus intéressant si l'on n'avait pas su tout de suite que ses membres étaient flics. Un petit montage alterné entre cette scène et la scène du cimetière (qui ne sert pas à grand chose non plus) aurait pu être envisagé à mon sens. Une autre idée assez simple aurait été de faire progresser la descente des protagonistes d'étage en étage puisque leur but est de sortir de la tour. Il aurait suffit de quelques plans sur les numéros d'étages pour créer un semblant de suspens dans leur descente infernale. Les zombies sont parfois version Roméro -quand on les voit du haut de la tour- à savoir mous et hébétés (mes zombies préférés d'ailleurs), parfois version moderne comme dans 28 jours, à savoir rapides et prédateurs. Que dire des relations entre les personnages, orchestrées par des dialogues souvent ridicules, voire même risibles (ceci étant c'est peut être voulu mais alors ce n'est pas très clair). Comme dans cette scène par exemple où la tension monte entre les deux frères truands, Adewale et Bola. Bola part clairement en saucisse, voulant se détacher de l'influence charismatique de son grand frère. L'un des héros (Ouessem) qui assiste à la scène comme nous, dit alors à Adewale d'un ton très sérieux : "ton frère va nous poser problème!". Sans blague!!! Personnellement, j'ai ri. Mais je ne suis pas sûr que telle ait été la volonté des réalisateurs... Je n'ai pas bien saisi non plus pourquoi Aurore change de comportement vis à vis de ses collègues flics. Enfin bref j'en passe et des meilleures. — Ceci dit, j'ai vu le film aux Montparnos, et je me demande encore si le projectionniste n'a pas oublié de monter une bobines : au moment où les protagonistes, acculés à une porte, semblent apercevoir des zombies dans la pénombre, il semble se passer quelque chose, mais quoi... A la scène suivante, le groupe est séparé en deux, sans que j'ai pu y comprendre quoi que ce soit! Franchement soit il manque une bobine soit le montage est bizarre... Alors que reste-t-il de la Horde au final? Du sang, des globules et des boyaux, ça oui. Le film est plutôt réussi d'un point de vu gore et l'hémoglobine ne manque pas. Même si encore une fois les scènes où des zombies mangent en gros plan de la chair humaine, ça fait redite de Zombie, le classique du genre. La scène où on découvre le premier zombie (un otage qui vient de se faire descendre dans les toilettes par les truands) est plutôt pas mal. Encore que je n'avais pas compris au début que c'était le type des toilettes... (conseil gratuit : revoir les McTiernan, qui, lui, permet au spectateur de ne pas être perdu dans l'espace de l'action!). C'est le sac plastique sur son visage qui m'a fait comprendre de qui il s'agissait (là aussi plus de tension et de suspens aurait été bienvenue!). A leur décharge, ce zombie là est quand même bien effrayant. Sinon la réalisation est plutôt tonique et le film a clairement gagné mon attention sur la fin avec cette fabuleuse scène ou Ouessem (Jean-Pierre Martins) sur le toit d'une voiture charcute à qui mieux mieux la horde de zombie qui l'attaque. Ces images là sont vraiment impressionnantes et nous font regretter que le reste du film n'ait pas été de ce niveau. Dommage aussi qu'à la toute dernière scène du film, on dirait que les zombies ont disparu. Même si le son nous dit le contraire, on n'y croit peu, tellement l'extérieur de la tour est déserté. La plus grande qualité de la horde est la lumière de Julien Meurisse qui inscrit le film dans une ambiance glauque et putride. Les acteurs quant à eux rament, à part Eriq Ebouaney, Claude Perron, Yves Pignot et Joe Prestia, lequel tire son épingle du jeu en exécutant notamment une scène de baston intense. Une dernière chose, le film est vendu par les médias comme un truc qu'on a jamais vu en France... Certes, mais qu'est ce qu'on en a à faire! Puisqu'on l'a déjà vu ailleurs et en bien mieux!

1 commentaire:

  1. excellente critique, un film prometteur mais un scénario fade et longuet, sans réelle "quête" des héros pour s'en sortir. Très décevant et sans originalité, tout à l'inverse des espagnols de "rec" qui avaient réussi avec peu de moyens à renouveler totalement le genre.swight

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