Asmara All Stars " Eritrea's Got Soul "

L'Érythrée est de retour, après 30 ans de guerre avec l'Éthiopie. The Asmara All Stars, sous l' impulsion de Bruno Blum, producteur français, historien du reggae, entouré de musiciens de diverses générations, langues, et écoles stylistiques, nous livre avec "Eritrea's Got Soul" un projet original puisqu'il s'intéresse à un monde musical trop longtemps isolé. Si l'enregistrement de cet album ne fut pas une tache facile dans ce pays disparu des écrans radars, où de nombreux aspects de la vie sont dominés par des préoccupations politiques, intrigués par l'approche inhabituelle de ce projet les talents ont afflué vers le studio pour donner vie a cette rencontre. Dès les premières notes de ce melting pot, l'interaction entre l'Érythrée et son imposante voisine l'Éthiopie est manifeste, on apprend d'ailleurs que de nombreux pionniers du désormais fameux Ethio-Jazz étaient Érythréens. Panorama authentique et saisissant, "Eritrea's Got Soul" explore la large variété de la musique de ce pays qui a n'en pas douter devrait affoler bon nombre de radars a travers le monde. A écouter en boucle.

Asmara All Stars - Eritrea's Got soul - 2010 - Out Here Records

Ben Weaver « Mirepoix and Smoke »

Ben Weaver est originaire du Minnesota aux États Unis et en est déjà à son 7ème album. Après son précédent « The Ax in the Oak », riche et complexe, sortie en 2008, voici son 2ème chez Bloodshot Records. Et cette fois il se met complètement à nu pour nous offrir 9 titres dépouillés, 30 minutes sans aucun artifice. Il s’accompagne à la guitare ou au banjo et seule Erica Froman du groupe Anathallo, vient ajouter sa grâce en doublant la voix du chanteur ou en venant jouer quelques notes de piano. Une basse et une batterie subtiles viennent bien soutenir l’artiste ici ou là mais c’est lui-même qui les a enregistré. La musique est réduite à son minimum mais est tellement habitée qu'elle en devient fascinante. Il suffit d'écouter « Drag the Hills », « Maiden Cliff », ou encore « 22 Shells » pour sentir les frissons nous parcourir l’échine. Sublime.

Ben Weaver - Mirepoix and Smoke - 2010 - Bloodshot Records

Ebo Taylor "Love & Death"

Figure majeure du highlife ghanéen durant les années 50 et 60, Ebo Taylor sort ces jours-ci son premier album international. Le guitariste virtuose n'a pourtant pas chômé entre ces deux périodes. Il quitte son Afrique natale en 1962 pour s'installer à Londres afin d'étudier d'autres genres et de bonifier le sien. Financé par des gouvernements africains, Ebo Taylor officie au sein du "Black star highlife", ce band essentiellement composé d'étudiants, lui permet de confronter son style à un côté plus occidental. Cette fusion se ressent ensuite dans sa musique, toujours abondante en idées, plus structurée aussi mais qui par moments lui ôte une certaine fraicheur, comme une petite mollesse dans les riffs. Mais il n'y a vraiment pas matière à faire la fine bouche devant une œuvre aussi riche. De retour aux pays, Ebo Taylor produit une grande quantité de morceaux pour différents labels et travaille aussi bien entouré, comme avec C.K Mann, autre figure plus jeune du highlife. Toute cette production se retrouve éparpillée sur diverses compilations, notamment chez Strut. Et Strut, qui continue tranquillement à devenir un des labels les plus fins et intelligents du moment, a mis en forme cette belle inspiration de convaincre Ebo Taylor à plancher sur de nouvelles productions. Car pour notre plus grande joie "Love and death" est un album à ne pas manquer. Assisté de membres des Poets of rhythm et de Kabu Kabu, il alterne avec force nouvelles compos et réinterprétations. Le highlife et l'afrobeat cohabitent naturellement, il est quasiment impossible de résister à des morceaux comme "Victory", "Love and death" ou "Nga nga". Retour gagnant pour ce grand monsieur de la musique africaine.

Ebo Taylor - Love and death - strut Records - 2010

Gregory Isaacs (1951-2010)

« Night Nurse »
Disparition de Gregory Isaacs le 25 Ocobre 2010.
Sa biographie.

Dominique Young Unique "Domination Mixtape"

Originaire de Tampa en Floride, la jeune rappeuse Dominique Young, 18 ans seulement, que les spécialistes du buzz, toujours prompts a s'emballer, considèrent déjà comme la prochaine Santigold, nous offre avec sa mixtape "Domination" un concentré d'énergie mêlant vocalises hip-hop, sonorités pop et riffs électroniques. Derrière cette énergie en talons aiguilles et son flow de riot girl teigneuse on retrouve le duo de Tampa, Yo Majesty qui aux dernières nouvelles n'en serait plus un, après le séjour derrière les barreaux de Jwl B. Comme ces dernières, Dominique mélange les influences hip-hop, électro, soul, booty, comme si ESG, Kélis, MIA, CSS ne faisaient qu'une. Plutôt pas mal comme références même si la miss n'invente rien et il est à parier qu'à l'écoute de "Music Time", "Hard luck", "Hot girl" entre autres, la température risque de monter sur les dancefloors.

Dominique Young Unique - Domination Mixtape - 2010

Aronas " Culture Tunnels "

Pour celles et ceux qui comme moi seraient passés a coté d'eux, Aronas est un groupe de jazz mené par le pianiste Aron Ottignon qui nous vient tout droit de la Nouvelle-Zélande, âgé de 24 ans seulement, il s'est fait remarquer par son style impétueux, rapide, saccadé, entouré d'une rythmique tribale, de basses puissantes, de percussions endiablées, leur créativité est manifeste. Désormais basé au Royaume-Uni, Aronas enflamme la critique avec un cocktail molotov d'influences électro, rock, soul, punk ; la formule se révèle dans toute sa dimension sur scène, pour celles et ceux qui auront la chance de les voir, la rencontre s'annonce comme la promesse d'un grand rendez-vous musical. Un nouvel album devrait sortir courant de l'année. Jazz + Punk + Groove c'est Aronas.

Aronas - Culture Tunnels - 2007 - Solid Air

Cheyenne Marie Mize « Before Lately »

On a déjà pu croiser Cheyenne Marie Mize cette année aux côtés de Bonnie Prince Billy sur « Among the Gold », album constitué de traditionnels américains de la fin du 19ème siècle, et de Ben Sollee et Daniel Martin Moore sur la tournée suivant le très réussi « Dear Companion ». Cette fois c’est en solo qu'elle vient nous proposer ce « Before lately », un album tout en sobriété, jusqu’aux titres des morceaux toujours composés d’un seul et unique mot  très court (« Best », « Rest », « Kind », « Not », …) comme pour aller à l’essentiel. Mais derrière cette sobriété, rien de monotone mais une musique obsédante, parfois même un peu étrange. L'Américaine accompagnée d'une guitare, d'un piano, et de percussions occasionnelles, chante des berceuses aérées avec une simplicité désarmante. Et certains titres viennent nous cueillir par surprise, comme « Friend », petite perle folk, ou encore « With(out) ».

Cheyenne Marie Mize - Before lately - SonoBlast Records -2010

"Des Hommes et des Dieux" Xavier Beauvois

Sans conteste, le film français de la rentrée. Précédé d'une rumeur dithyrambique, depuis sa présentation au festival de Cannes, où il a reçu le grand prix du jury. Le film a actuellement dépassé les 2 millions d'entrée en France, ce qui lui confère une aura de film évènement, comme nous l'indique tous ces articles qui lui sont consacrés dans la presse cette dernière semaine. (Le Figaro, Le Nouvel Obs, L'Express) Il est vrai que ce n'est pas le genre de film censé, du moins à première vue, cartonner au box-office, d'où cet engouement de la presse nationale. Un vrai phénomène social! Devant tant de succès, de louanges et de bonnes critiques, je me suis jeter dans une salle obscure afin de visionner avec le plus grand intérêt cette rareté cinématographique. J'y suis allé avec d'autant plus d'entrain, que j'avais particulièrement aimé le dernier film de Xavier Beauvois : le petit Lieutenant, alors que je ne suis pas spécialement fana de son cinéma. J'ai malheureusement encore (ce n'est pas la première fois cette année) du subir une projection franchement pas terrible ce qui m'énerve un petit peu quand même! Au prix de l'entrée, cela devrait être mieux que ça ! Mise à part ce petit désagrément quand est-il du film ? En sortant de la séance, "qu'est ce que j'aurais aimé voir les abeilles!" est la première chose qui m'est venue à l'esprit. Je m'explique…. — à vrai dire, Le film ne m'a pas autant emballé que ça. Même si, pour faire simple, ça reste un bon film. Il me semble que la presse française a surestimé ses qualités un peu comme cela avait été le cas pour le film La graine et le mulet.—D'un point de vue formel, le film est une proposition intéressante, entièrement opposée au tout-venant du cinéma actuel. Il y a clairement un refus de sombrer à la facilité de l'effet percutant. Le réalisateur, s'intéresse à ce qui précède et ce qui succède "le coup de poing" plutôt qu'au coup de poing lui même. Il y a de fait très peu d'inserts et de gros plans dans le film. J'en est dénombré un seul : un plan sur un tableau représentant la vierge, posé sur le bureau de Christian. Le récit se refuse ainsi a toute implication sentimentale pour son sujet et tente de relater les faits, rien que les faits! On suit ainsi les moines au travers de leur quotidien. L'un soigne la population locale, l'autre s'occupe du bois, un autre de la cuisine, ensemble ils produisent du miel, et se rendent à l'office pour la messe. Xavier Beauvois évite ainsi effectivement tout prosélytisme, mièvrerie, ou traitement naïf de son sujet. J'ai lu dans la presse que le film était contemplatif, peut-être mais ce n'est pas mon point de vue, j'aurais aimé justement que le film le soit un peu plus, il y a cette tentative ou Christian en civil se promène solitaire dans les paysage de l'Atlas. Seule illustration d'une méditation autre que celle classique que représente la messe, régulièrement illustré dans le film par des séquences qui au final n'ont que peu d'intérêt. A trop vouloir traiter son sujet avec délicatesse, le réalisateur perd toute implication sensorielle du spectateur. Le refus de Beauvois de se laisser aller à un traitement onirique, voir lyrique m'a laissé de marbre. J'en veux pour preuve que la seule scène qui m'aie marquée dans "Des Hommes et Des Dieux" est ce moment où un hélicoptère survole le monastère. Le duel sonore opposant le bruit de l'hélicoptère avec le chant des moines qui s'élève du monastère est de toute beauté. Même si la métaphore est appuyée, pour ma part c'est une scène qui me parle. La construction du plan m'a d'ailleurs fait pensé à cette image de Max Von Sydow défiant la statue du Diable dans le désert au début de L'exorciste. L' autre tentative lyrique du film, la (s)cène, dans laquelle les moines communient autour d'une dernière bouteille de vin sur la musique du Lac des Cygnes est loupée à mon sens. Même si l'intention est bonne le début du montage avec les "pauvres" panoramiques qui relient les visages des moines ne fonctionnent pas. Seul le moment qui suit, en "cut "sur les visages en gros plans approche la scène de l'émotion qu'elle voudrait nous faire ressentir. Pour moi, cette scène restera une tentative ratée. L'esthétique hyper-classique du film m'a donné l'impression d'un film déjà vieux, même si les faits relatés se passent dans les années 90, jamais on ne sent que cette histoire a été adaptée en 2010— Par ailleurs, même s'il est signifié que le film s’inspire librement de la vie des Moines Cisterciens de Tibhirine en Algérie de 1993 jusqu’à leur enlèvement en 1996, soulignant par là, une certaine liberté prise par le réalisateur sur l'Histoire, l'encart en fin de film qui nous informe sur le doute quant aux coupables de l'assassinat de ces moines, m'amène à penser que de ce point de vue là, le film passe à côté de cet aspect des faits. Même s'il ne semble pas que ce soit la chose qui intéresse le réalisateur dans cette histoire, je n'ai pour ma part jamais douté dans le film quant à l'identité des assassins. Il me semble historiquement parlant que ce doute est très important et méritait un autre traitement, qu'un simple encart en fin de film. Pour finir, Des Hommes et des Dieux s'appuie essentiellement sur le jeu et le physique de ses acteurs, que ce soit Lambert Wilson, Michaël Lonsdale, pour les plus connus ou encore Olivier Rabourdin, Jacques Herlin (sublime Amédée), ou la jeune actrice Sabrina Ouazani (déjà présente dans la Trilogie des Limbes)… Ils sont tous très bons et subtilement éclairés par Caroline Champetier.

Philippe Katerine " Philippe Katerine"

Si je vous dis sourire niais, cheveux longs, silhouette de dandy kitch vous répondez... Philippe Katerine. On retrouve l'ex étudiant, 42 ans déjà, amateur de performances et de dérision pour le lancement de son nouveau disque et l'album divise déjà la critique, Katerine cultive le 1er degré et nous offre un objet non identifié où l'on célèbre la naïveté, la facétie, la provoc à deux balles. Alors le nouvel album de Philippe Katerine est une folie douce, une œuvre démente, un album raté, une pochade débile, c'est tout ça à la fois et encore merci parce que quel plaisir à l'écoute de : "Le rêve", "La banane", "Bla bla bla", "Bisous" et j'en passe . Le chef d'œuvre dadaïste, personnel et touchant d'un garçon heureusement génial, pour les grincheux et autres pisse-froid ils n'ont qu'a aller savourer Johnny.

Philippe Katerine - Philippe Katerine - 2010 - Barclay

Renaissance acte1

L'heure est au premier bilan de l'ère Laurent Blanc. Partant de quasiment rien, il avait pourtant tout à perdre ; en effet après la défaite contre le Bélarus, on n'osait imaginer deux défaites contre la Bosnie et la Roumanie, et ainsi enfoncer les bleus dans les limbes footballistiques, pour une période indéterminée (d'au moins 2ans jusqu'au prochain Championnat d'Europe) ; heureusement les bleus n'ont pas choisi ce scénario et nous ont offert un quasi orgasme footballistique contre la Bosnie, avec le plus beau match de l'équipe de France depuis la victoire contre l'Italie en septembre 2006 (au lendemain de la finale perdue lors de la Coupe du Monde). Les 2 matchs de la semaine dernière allaient donc servir de révélateur pour connaître l'avenir et le niveau réel des bleus. Côté comptable, tout va bien ; côté jeu, tout reste à faire, tant la construction d'une action semblait aussi compliquée que d'éviter les algues vertes sur une plage bretonne. Mais quelques points positifs apparaissent avec des jeunes sur-dynamités (Rémy et Payet) et le retour en grâce (et non en graisse) de Benzema et de Gourcuff, qui en marquant nous ont fait oublier leurs matchs relativement moyens. Côté négatif, Malouda qui semble touché par le syndrome Ribery-Evra (maladie qui fait perdre ses moyens physiques et psychologiques en équipe nationale quand on se prend pour plus beau que l'on est). Pour le reste, la malédiction Domenech semble se dissiper, mais rien n'est fait, les matchs amicaux contre l'Angleterre et le Brésil nous permettront d'y voir plus clairs... Kenavo!

Belleruche « 270 Stories »

C’est déjà l’heure du 3ème album pour Belleruche (toujours chez Tru Thoughts) après « Turntable Soul Music » en 2007, un album marqué par le tube « Minor Swing », et « The Express » l’année suivante. Et dès le début de ce « 270 Stories », les Londoniens veulent marquer les esprits avec un « Fuzzface » plutôt rock, plus sale qu’à l’habitude, assez loin de leur style fait d’un subtil mélange de soul et de sons électroniques. Sur ce 1er titre, on peut même imaginer la chanteuse Kathrin deBoer, déjà collaboratrice de DJ Vadim, comme futur égérie d'un certain Jack White. Pourtant par la suite on retrouve tout ce qui fait que Belleruche est Belleruche :  Kathrin retrouve sa voix entre soul et jazz, Ricky Fabulous pose ses notes de guitares aux influences bluesy ici ou là, et Dj Modest continue d’installer ses ambiances à base de beats et de samples même si les atmosphères s'assombrissent quelque peu cette fois ci. Il n’y a finalement rien de bien révolutionnaire dans ce nouvel album, et il y a même quelques morceaux dispensables mais l’ensemble s’écoute avec plaisir à l’image du « Cat in a dog suit », blues contemporain, ou du single au refrain pop « Clockwatching ».

Belleruche - 270 Stories - Tru Thoughts - 2010

Hidden Orchestra "Night Walks"

Les Ecossais de Hidden Orchestra débarquent avec un ambitieux premier album "Night Walk". Joe Acheson dirige ce combo dans une ambiance jazz très atmosphérique et cinématique. Contrairement à ce que ce genre de qualificatifs peut parfois laisser penser, on ne se trouve pas ici devant un disque d'ascenseur. Les deux batteries du groupe guident le style très aérien de l'ensemble pour lui donner un vrai souffle. Rythmiquement les morceaux du Hidden Orchestra sont en constante évolution, les mélodies s'adaptent et varient au gré de ces humeurs. Le groupe s'aventure du côté du trip hop, de l'électro ou de la musique classique et ceux-ci appuient ou effleurent les morceaux, la base reste solidement ancrée jazz. Les pistes de cette marche de nuit sont solides. On ne peut évidemment pas s'empêcher de penser au "Cinematic Orchestra" mais les 10 morceaux de l'album ont assez d'épaisseur et de personnalité pour tenir la comparaison. "Dust" ou "Antiphon" sont mêmes plutôt énormes. Pour 2010, en matière de disques jazzy, frais, accessibles, riches en textures et contrastes, Hidden Orchestra se trouve une belle place en tête de gondole.

Hidden Orchestra - Night walks - Tru thoughs - 2010

Das Racist « Sit Down, Man »

Das Racist est un projet initié en 2008 par deux étudiants New-Yorkais rejoint par un de leur acolyte pour les performances scéniques. Le groupe a provoqué un petit buzz avec la sortie du single "Combination Pizza Hut & Taco Bell", chanson qui a fait le tour du net au point de devenir pour certain la pire chanson hip-hop de l'histoire et pour les autres (dont je fais partie) un futur "classique" ayant pour thème le consumérisme mondialisé, avec peu de mots et un beat qui claque les voila maitres d'un hip-hop drôle, percutant, et faussement foutraque bien loin des trop nombreuses productions ultra formatées, une vrai bouffée d'oxygène. Derrière leur fausse nonchalance se cache un des sons les plus stimulants que le rap US est connu ces derniers temps, rien que ca, alors jetez vous sur leur dernière sortie "Sit Down, Man".

Das Racist - Sit Down Man - Mad Decent - 2010 

La mixtape en écoute intégrale ici :

Grasscut « 1 inch ½ Mile »

Ninja Tune est l'un de ces labels qui a grandement contribué à l’entrée de la musique dans le 21ème siècle. Et après 20 ans de recherches, d’expérimentations, et de découvertes, entre jazz, house, hip-hop, et électro,  les ninjas se sont dernièrement laissé aller à l’auto-célébration avec la sortie de la XX Box Set et l’organisation de soirées anniversaires à Londres, Tokyo, New-York ou encore Paris. Mais le label n'a pas pour autant perdu son esprit de découvertes. Il poursuit ainsi sa route, tout en  laissant les voix prendre une place plus importante, à l’image de l'envoutant « Lost Where I belong » d’Andreya Triana ou encore de ce 1er album de Grasscut.  Un duo  de Brighton parfaitement complémentaire, composé d’Andrew Phillips, habitué aux musiques de films, et de Marcus O’Dair, bassiste et claviériste. Ainsi lorsque les mélodies Beach Boys-iennes(!) pourraient rendre la musique gentillette, les beeps, les dongs, les couing, les couics viennent la salir, et à contrario, quand le côté expérimental devient étouffant, ce sont les chants et les mélodies qui ramènent la sérénité. Grasscut alterne ainsi les ambiances, la douceur et la mélancolie, les bidouillage actuels et les samples de voix du passé. Une belle réussite.

Grasscut - 1 inch ½ Mile - Ninja Tune - 2010

"La Trilogie des Limbes" Eric Bu

Cette semaine, il ne sera pas ici question de longs-métrages mais de courts-métrages. Pas un, pas deux mais trois courts, qui constituent une trilogie appelée La trilogie des limbes et forment ainsi un long dans lequel le thème principal est la mort. La mort comme révélateur des vivants, donc pas un sujet obligatoirement drôle. Pour autant, il y a de l'humour, notamment dans le premier opus intitulé Le soleil des ternes et le deuxième La fille de sa mère. Un humour principalement issu de la plume de Hervé Prudon, qui au travers de ses dialogues, s'amuse souvent avec les mots et en trouve de bons. Il manque peut être à l'ensemble une unité de ton et/ou de style, pour en faire un long plus cohérent. En effet, les trois films sont très différents. Le premier est une comédie absurde dans lequel une famille partage son dîner avec le père qui vient de mourir en jouant au tennis, le second une comédie dramatique à la française dans lequel deux sœurs vont en Bretagne récupérer les cendres de leur mère qu'elles n'ont jamais connue. Le dernier acte, Nathan est, quant à lui, un film plus d'atmosphère et d'ambiance centré sur le souvenir du drame que constitue la perte d'un enfant. Cet épisode est filmiquement le plus cinématographique (à mon goût), par la lumière, les cadrages, et l'ambiance étrange qui se voudrait dans l'esprit d'un Lynch. Malheureusement c'est dans cette envie que le film pêche un peu à mon sens. Même si j'ai beaucoup aimé le début de cet acte, la suite m'a un petit peu moins emballé. Je m'attarde un peu sur cet opus, puisque je suis allé à la projection au Max Linder, pour me faire une idée de la qualité d'images tournées avec le 7D de Canon sur grand écran. De ce point de vue, je suis plutôt convaincu (petite info qui intéressera Paco, avec qui j'ai tourné un court-métrage cet été avec ce système, je vous en reparlerais sûrement). Pour autant, l'hétérogénéité des trois actes n'est pas dérangeante, cela rappelle dans l'esprit la trilogie de Belvaux. l'ensemble est, de plus, très bien interprété. Les films seront probablement diffusés dans l'intégralité sur France 2 dans l'émission court-circuit du dimanche soir et pour les Bretons qui sont nombreux à lire ce blog, je crois, les 3 actes seront également diffusés sur la TNT régionale (à savoir: Ty TV, Tébéo, et Tv Rennes suivant l'endroit où vous créchez).
Pour plus d'informations concernant cette aventure, cliquez ci après: TRILOGIE DES LIMBES

Fanswa Ladrezeau "Espwa Kouraj (Alka Omeka)"

Direction la Guadeloupe pour une rencontre avec Fanswa Ladrezeau percussionniste amoureux de son gros "Ka" (percussion traditionnelle guadeloupéenne) avec lequel à l'instar des griots africains, il accompagne les misères et les joies de ses concitoyens. La force des percussions du Ka est le symbole d'une indépendance d'esprit et l'affirmation d'une identité trop longtemps réprimée ; la musique de cet esprit frappeur sonne comme une évidence, difficile de résister a ces rythmes incandescents et pour celles et ceux qui en voudraient plus, jetez vous sur l'album "Gwotet " de David Murray & The Gwo-Ka Masters où vous aurez le plaisir de retrouver Fanswa ladrezeau. Bon voyage.

Fanswa Ladrezeau - Alka Oméka - 2008 - Alka Oméka Sound

Nul n'est prophète en son pays

Sébastien le Toux, ce nom vous dit-il quelque chose? Non, ce n'est pas votre voisin de palier aux origines bretonnes, ce n'est pas non plus un des chanteurs du groupe Tri Yann, encore moins un navigateur de la Route du Rhum. Non, ce nom est celui d'une star aux USA, dans quel domaine? le football, euh pardon, le soccer là-bas. En effet, malgré l'absence de suivi médiatique et d'apport financier, le soccer est très populaire aux USA, autant chez les hommes que chez les femmes (doubles championnes du monde 1991 et 1999) mais essentiellement sur le mode « amateur et universitaire ». La nouvelle ligue professionnelle MLS (créé en 1996) est encore à ses balbutiements, après plusieurs tentatives infructueuses par le passé (faillite de l'ancienne ligue NASL en 1984 après avoir pourtant attiré des joueurs vieillissants avec Pelé et Beckenbauer), mais la MLS commence à se faire un nom en signant quelques anciennes stars comme Beckham et plus récemment Thierry Henry (qui a d'ailleurs relancé le marché de l'immobilier newyorkais avec l'achat de son triplex à SoHo pour 15 Millions dollars). Mais Le Toux ne jouait pas dans cette catégorie. Espoir prometteur, vainqueur de la coupe Gambardella avec Gourcuff pour le Stade Rennais en 2003, il a ensuite bien galéré, 2 saisons comme remplaçant à Lorient ; sa carrière aurait bien pu ne jamais voir le jour. Jusqu'à ce contact avec les États-Unis, un essai à Dallas puis une saison en L2 américaine avec Seattle, qui va le révéler au public américain. Le plus surprenant c'est que S. Le Toux arrive aux USA en tant qu'arrière droit, mais est rapidement replacé dans d'autres positions , avant de s'affirmer en attaque, en devenant meilleur buteur pour sa 1ere saison (ce qui intrigue sur le niveau technique des américains). Il intègre ensuite la MLS : la ligue fermée (pas de descente en division inférieure) des clubs privés et signe cette année aux Philadelphia Union et plante un triplé dès la 2 journée. Actuel 4è buteur de la ligue (12buts), il a intégré l'équipe All Stars MLS qui affrontait Manschester United en match de gala cet été. Il joue devant 35000 personnes toutes les semaines, et rêve de jouer pour la sélection américaine. Alors pourquoi si peu de joueurs tentent leur chance outre-atlantique? Tout simplement pour le salaire, 5 fois inférieur qu'en France (8500 euros contre 35000 en moyenne en L1!) : Mais Sébastien le Toux ne doit pas pour autant regretter son choix car comme dit le proverbe « nul n'est prophète en son pays ». Ah, je vois déjà certains d'entre vous qui regrettent de ne pas voir quitter l'U.S Plouguiel pour tenter la gloire à l'étranger! Kenavo!

Interview de Sébastien Le Toux après son triplé :