"Drive" Nicolas Winding Refn

Certainement le film le plus "sexy" de la sélection cannoise 2011. Typiquement le genre de film qui d'habitude se retrouve hors sélection. Sur le papier, Drive est un film de commande, fait par une star montante à un jeune réalisateur plein de talent. Une machine qui ne semble avoir d'autre prétention que de finaliser la mise en orbite de la carrière de Ryan Gosling vers le walk of fame. De part son titre et son postulat de départ, on pourrait même penser qu'il s'agit d'un film d'action dans la lignée de Transporter. Drive s'inscrit bien dans le cinéma de genre, mais plutôt dans le film noir, le polar urbain, ici pas d'humour de potache et d'action débridée. Le style est à l'image du héros : intériorisé, sombre, décalé. En effet on comprend vite que c'est un drame qui se joue ici, dont le scénario va nous dévoiler petit à petit tous les rouages.
Après une scène d'introduction, à l'ambiance "électro", la première chose qui étonne avec Drive et qui paradoxalement nous fait définitivement rentrer dans le film est son générique très 80's. La musique planante, la police de caractère rose, notamment, inscrivent d'emblée le film dans la lignée des polars urbains à la Michael Mann. Nicolas Winding Refn de part ses choix créé une ambiance du tonnerre. On est capté par son style visuel et l'ambiance planante qu'il inscrit dans son film. La musique de Cliff Martinez y est pour beaucoup, elle est un personnage à part entière, secondée pour lui apporter encore plus de poids par l'utilisation de quelques tubes dont le "A real Hero" de College. Le style musical pourtant daté donne au film des vertus planantes, une mélancolie lancinante parcourt le film. Drive est un rêve. Un rêve sans illusion.
Ce vrai héros, dont il est question dans la chanson, c'est "The Driver" interprété sobrement et intensément par Ryan Gosling. Un héros sombre et romantique : dramatique. Le mutisme de son personnage n'est pas sans rappeler certain héros des années 70. Je pense à Bronson, Eastwood, mais aussi au héros de Macadam à deux voies de Monte Hellman justement crédité par le laconique "the driver". Drive joue beaucoup de ces figures mythologiques et cinématographiques et le réalisateur inscrit son film comme héritage d'un certain cinéma américain.
Même si le scénario est un peu léger, et si le film décolle mieux qu'il atterrit, Nicolas Winding Refn relève le défi avec brio. Sa mise en scène (prix à Cannes), sa direction d'acteurs, son montage, ses ralentis font de Drive, bien plus qu'une simple série B. Un film noir, populaire, que l'on a envie de revoir. Drive est du meilleur présage en ce qui concerne la carrière US de son réalisateur... à suivre.

La playlist vidéos du mois d'octobre

Ce mois-ci une playlist-vidéo de folie avec du hip-hop français sorti directement d'un asile psychiatrique (Son Of Kick), une chanteuse américaine complètement frappée (Merrill Garbus de Tune-Yards), deux gamins à peine sortis de l'enfance qui font de la techno dark (Carbon Airways), un chanteur canadien timbré (Timber Timbre), un britannique superbement accompagné (par Josa Peit) qui fait de la musique à dormir debout (Nostalgia77), le retour d'un allumé (Gonjasufi) et pleins d'autre "dinguerie". Alors bien mieux qu'un Lexomil, près de deux heures de musique en images à avaler d'une traite.
  • Charles Bradley "Heartaches & Pain" sur "No Time for Dreaming" (2011)
  • Ground Up "Wonderful Day" ft Freeway sur "Up Late (Hosted By Dj Don Cannon)" (2011)
  • Mexican Dubwiser "Trouble in my Soul" (2011)
  • Piers Faccini "Tribe" sur "My Wilderness" (2011)
  • Carbon Airways "Razor Edge"(2011)
  • Son Of Kick "Guacha" sur "Guacha ep"(2010)
  • Evelyn Evelyn "Have You Seen My Sister Evelyn" sur "Debut"(2010)
  • Timber timbre "Do I Have Power" sur "Creep on creepin'on"(2011)
  • Wildcookie "Serious drug" sur "Cookie Dough"(2011)
  • Lisa Hannigan "Knots" sur "Passenger"(2011)
  • Elmayonesa "Eesti Kuninganna" sur "Eesti Kuninganna"(2011)
  • Vieux Farka Toure "All the Same" feat. Dave Matthews sur "The Secret"(2011)
  • Murs "316 Ways" sur "Love And Rockets Vol. 1"
  • Mirel Wagner "No Death" sur "Mirel Wagner"
  • The Sway Machinery "Gawad Teriamou" feat. Khaira Arby sur "The House of Friendly Ghosts" (2011)
  • DJ Vadim "Black Is The Night" sur "The Sound Catcher"(2007)
  • Gary Clark Jr. "Bright Lights" sur "Bright Lights ep"(2011)
  • tUnE-yArDs "Gangsta" sur "WhoKill" (2011)
  • The Brandt Brauer Frick Ensemble "Pretend" feat. Emika sur "Mr Machine"(2011)
  • Nostalgia 77 "Sleepwalker" feat Josa Peit sur "The Sleepwalking Society"(2011)
  • Baloji "Karibu ya bintou"  feat. Konono n°1 sur "Kinshasa Succursale"(2010)
  • Sebastian Sturm & Exile Airline "Get going" sur "Get Up and Get Going"(2011)
  • The Dø "Slippery Slope" sur "Live Session at Studio Pigalle"(2011)
  • Buraka Som Sistema "(We Stay) Up All Night" feat. Blaya & Roses Gabor sur "Komba" (2011)
  • The Black Keys "Lonely Boy" sur "El Camino"(2011)
  • Gonjasufi "9th-inning" sur "The 9th Inning e.p."

La mort au tournant...

Le temps n'est pas favorable aux pilotes auto-moto. Dimanche 24 octobre, le pilote italien, âgé de 24ans, Marco Simoncelli est mort sur la piste du Grand Prix de Malaisie. S'il n'avait encore jamais gagné de Grand Prix MotoGP, il avait été champion du monde 250cm3 en 2008. Ainsi disparaît « Super Sic », une personnalité remarquée par son physique (son énorme touffe de cheveux) et par sa conduite réputée « dangereuse ». Cette disparition sur la piste fait suite au décès du pilote auto Dan Wheldon dimanche17 octobre lors du Grand Prix de Las Vegas, dernière manche de la saison IndyCar, lors d'un accident hyper spectaculaire impliquant 15 concurrents. Cette mort du pilote anglais de 33ans, double vainqueur des 500 miles d'Indianapolis, est d'autant plus cruelle que celui-ci travaillait sur les futures mesures de sécurité de protection des pilotes, en limitant notamment l'envol de véhicules, qui lui sera finalement fatal...
(Photo : REUTERS/Tony Gentile)

Mirel Wagner - Mirel Wagner

Avec son premier album, Mirel Wagner nous ouvre son âme sombre et habitée par la mélancolie. Armée simplement d'une guitare, la jeune chanteuse finlandaise aux origines éthiopiennes enchaine une petite dizaine de chansons folk à la simplicité apparente. Dépouillées jusqu’aux os, ses chansons emplies de douleurs vous happent avec des boucles d'arpèges et les mélodies, pourtant si discrètes, ne vous lâchent plus. « No Death » et ses faux-airs d'« Helsinki » de Mélanie Pain en duo avec Julien Doré, est la pièce maitresse de l'album. Le reste, qui pourrait sonner un peu creux étant donner son extrême sobriété, est au contraire plein d’aspérités. Ça nous rappelle Pj Harvey ou Scout Niblett, dans leurs moments les plus dépouillés ou encore une face sombre de Devendra Banhart. Mirel Wagner est une fleur noire qui s'ouvre rarement à la lumière ce qui la rend si fascinante !

Mirel Wagner - Mirel Wagner - Bone Voyage - 2011

Bonnie Prince Billy - Wolfroy Goes to Town

Depuis ses débuts avec Palace Brothers il y a une vingtaine d'années, Will Oldham alias Bonnie Prince Billy a composé d'innombrables chansons dans une veine country-folk. Des chansons d'une telle sobriété qu'on a parfois l'impression de toujours écouter la même. Mais Will Oldham est un magicien et de façon un peu inexplicable, sa musique réussit toujours à nous toucher. Il a pris son temps, plus d'un an si on laisse de côté ses diverses collaborations, pour nous offrir ce nouvel album, « Wolfroy Goes to Town », certainement l'un de ses plus abouti. Il est entouré de musiciens qui maitrisent l'art de la discrétion et d'une chanteuse qui s'impose comme son complément idéal. Angel Olsen a une voix puissante qui contraste à merveille avec celle calme et posée de l'américain. Le single « Quail and Dumplings », morceau le plus rythmé de l'album, en est la parfaite illustration mais ça fonctionne aussi sur les titres plus épurés que sont « No Match » et « New Whaling ». Un album d'une simplicité désarmante!

Bonnie Prince Billy - Wolfroy Goes to Town - Drag City - 2011

Pedro Soler & Gaspar Claus - Barlande

La première rencontre musicale entre le fameux guitariste de flamenco, Pedro Soler, et son fils Gaspar Claus, aventurier du violoncelle, avait donné naissance à un sublime concert à emporter. Cette fois ils se sont donné rendez-vous dans un studio de Brooklyn pour l’enregistrement de « Barlande » façonné par  Bryce Dessner, guitariste de The National. Les deux virtuoses nous offrent un dialogue musical où l'émotion et la sensibilité prennent le pas sur la technique. Gaspar armé de son archet fait grincer ou vibrer son instrument tel un chant flamenco, alors que Pedro garde une oreille bienveillante sur son fils. En voisin,  Sufjan Stevens est venu leur rendre une petite visite, l'occasion pour lui de se fondre dans le morceau de clôture « Encuentro en Brooklyn » avec son harmonium, tel un membre de la famille. C'est une grande liberté qui se dégage de cet enregistrement, une liberté qui nous enivre et on en redemande !

Pedro Soler & Gaspar Claus - Barlande -Infiné - 2011

Habemus Papam - Nanni Moretti

Dix ans après le magnifique film, La chambre du fils pour lequel, il avait reçu la palme d'or, Nanni Moretti présentait à Cannes, sa dernière création Habemus Papam. Le film n'est pas un documentaire sur les us et coutumes du Vatican mais bien une pure fiction qui oscille entre comédie et drame.Le film débute à l'ouverture du conclave qui a lieu suite au décès d'un Pape, et qui a pour but de désigner le nouveau guide de l’Église catholique. La scène du vote est très drôle et on comprend vite que Nanni Moretti nous entraîne sur le chemin de la fable, celle qui commence par Et si…. Et si le cardinal désigné pour être le nouveau pape par ses confrères, après avoir accepté, ne se sentait plus à la hauteur de la charge et refusait de s'avancer sur ce balcon qui surplombe la place Saint-Pierre à Rome afin que soit prononcée cette phrase : Habemus Papam (Nous avons un Pape). Et si… pour faire face à cette soudaine dépression qui envahit le pape désigné, les cardinaux étaient contraints de faire intervenir un psychanalyste. Et si pour finir ce potentiel futur pape s'échappait du Vatican pour fuir ses responsabilités. Voilà pour la trame du film. On suit donc avec délectation l'errance à travers Rome du cardinal Melville incarné par le toujours incroyable Michel Piccoli. Le film épouse une atmosphère doucereuse et décalée, empreinte de poésie, de mélancolie et de drôlerie burlesque chère à son réalisateur. Les atermoiement de son héros face à ses possibles responsabilités sont autant de sujets qui nous interrogent, qui interrogent Nanni Moretti. Alors qu'au départ, le film semble cousu de fils blancs, on est souvent surpris par les chemins qu'emprunte le scénario. La fin est à ce propos déroutante. sans trop en dire, j'y vois le refus de l'idée du chef.

Dobryi Den!

La fin de la malédiction ? Peut-être car Laurent Blanc a réussi sa 1ère mission : qualifier les bleus, et ainsi éloigner les fantômes de Knysna. Mais quel avenir pour cette équipe ? Capables du pire comme du meilleur, les bleus sont toujours en construction : peu de joueurs peuvent revendiquer une place indiscutable, et les nombreuses blessures ont redistribué sans arrêt les cartes : derrière les Benzema et Lloris, qui s'impose vraiment? La défense centrale est toujours en chantier, et les vieux briscards que sont Malouda et Ribéry méritent-ils leur place face à des jeunes fougueux comme Menez et Martin. En plus de cela, la France sera dans le 3è ou 4è chapeau lors du tirage au sort, avec donc forcément des grosses équipes dans sa poule. Va-t-elle mettre fin à 2 compétitions successives d'élimination au 1er tour (euro 2008 et mondial 2010)? Peut-être car les Français, à l'instar des rugbymen, ne sont jamais aussi forts quand ils ne sont pas favoris. Maintenant les bleus peuvent se concentrer sur la Pologne et l'Ukraine. Cet euro sera organisé pour la 1ère fois en Europe de l'est, montrant ainsi le recentrage européen et l'émergence des ex-pays communistes sur l'échiquier géopolitique mondiale. Les infrastructures voient finalement le jour. La Pologne a reçu les félicitations de Platini, le président de l'UEFA, sur l'avancée de leurs travaux. La question était plus épineuse pour l'Ukraine, dont la corruption a gangrené la construction des stades. Platini disait ainsi en avril « si Kiev n'a pas de stade, il n'y aura pas d'euro en Ukraine ». Mais, finalement, après 4 mois de retard, le vieux stade de 1923 (totalement modernisé pour 585 millions d'euros!) a été inauguré avec un concert de shakira le 8 octobre dernier ; il pourra ainsi accueillir la finale de l'euro l'année prochaine. Espérons que le petit incendie lié aux feux d'artifice de l'inauguration ne se renouvellera alors pas! Vitaïu Vas !

Action Bronson - Dr. Lecter

Action Bronson est New-Yorkais, de père albanais, et tient son nom de scène du gangster William « Action » Jackson et de Charles « un justicier dans la ville » Bronson. Dans le milieu du hip-hop, on compare son flow à celui de Ghostface Killah, ce qu'il trouve plutôt flatteur tant il le considère comme une légende, lui préfère se comparer à  Kool G. Rap. Avec son flow en fil directeur, l'album est très old school, parsemé de samples soul, jazz et funky, mais aussi reggae dub, comme sur « Jerk Chicken Ft. Maffew Ragazino » où l'on reconnait la touche King Tubby. Ça dérive parfois dangereusement vers du easy-listening (« Brunch » ou encore et surtout « Shiraz ») mais avec trompette jazzy, cocotes funky, lignes de basses bien rondes (super sample de Dizzy Gillespie sur « Get Off My P.P. »), et flute psyché, l'ensemble garde une énergie positive bienvenue.

Action Bronson - Dr. Lecter - 2011 - autoproduit

Emika « Emika »

Avec un regard captivant sur un visage diaphane et des titres comme « Be my Guest » ou encore « Come Catch Me », Emika nous invite à la rejoindre dans son univers électronique. Il se révèle passionnant bien qu'aussi très éreintant. La Britannique mêle le dubstep qu'elle a découvert lors de son passage à Bristol, à une musique électronique plus froide. L'album est sombre avec une tension aussi palpable que dans un hangar industriel baigné dans l'obscurité. Mais la voix souvent robotique devient parfois féérique et des notes de piano classique viennent alléger l’atmosphère, en même temps que des nappes de claviers se font aériennes. Par instants, la lumière perce comme sur « Double Edge » même si c'est pour mieux nous replonger dans le noir ensuite. Cet album rappelle un peu la découverte de Fever Ray il y a deux ans dans un registre ici plus électro. Une belle et sombre surprise.

Emika - Emika - Ninja Tune - 2011

Thomas Howard Memorial - Ep

En aparté de The Craftmen Club, Yann et Marc, respectivement batteur et bassiste du groupe rock guingampais, ont troqué leurs instruments rythmiques pour la 6 cordes. Ils ont ensuite convié des potes, Colin à la basse et aux claviers, et Camille à la batterie, pour former Thomas Howard Memorial. Avec la sortie de cet ep, au visuel très réussi, le groupe s'engouffre dans un univers inexploré par les Craftmen, même si « Song For Lisa » ses guitares rageuses et sa rythmique sautillante nous ramènent à la frontière du grand ouest américain. Mais l'ensemble est beaucoup plus atmosphérique avec une superposition de couches sonores et des nappes de claviers planantes. Notamment sur « A Game With God », illuminé par la voix, fragile toujours sur un fil du chanteur barbu, ou encore avec la très longue intro de « Ground Attack » avant l'explosion attendue comme une libération. 5 titres prometteurs, sans faiblesse, d'un rock atmosphérique où la tension est toujours palpable et la mélodie jamais bien loin. A suivre donc!

Thomas Howard Memorial - Ep - 2011

Écouter « Nobody Knows »


En images :

En attendant Tintin : Spécial Spielberg

A quelques semaines de la sortie de Tintin et à l'aube du trentième anniversaire de E.T., Spielberg n'a jamais été aussi influent que cette année.

Spielberg et Lucas ont-ils "flingué" le cinéma adulte? La question reste posée et fait toujours débat. Il est clair que Spielberg fait du cinéma populaire, il en est même le chantre. Avec lui on est loin du cinéma à la Von Trier, mais que voulez-vous, pour ma part j'ai été comme beaucoup de ma génération biberonné à E.T., les Dents de la mer, Indiana Jones et autres Goonies. Et j'aime ça. Voilà plus de quarante ans maintenant que Spielberg a inscrit sa marque dans le cinéma américain. Une marque indélébile et on ne compte plus les films imprégnés de son aura. Depuis le début des années 80, on est clairement entré dans l'ère Spielberg.

Reconnu par les plus grands, comme Kubrick par exemple, pour son immense talent de réalisateur, c'est aussi aujourd'hui un producteur influent. Il a créé un nouveau studio à Hollywood, le seul qui ait moins de 70 ans, Dreamworks, pour ainsi dire l'usine à rêves. Spielberg c'est le faiseur des faiseurs. Comme nous le montre le logo de Dreamworks, son univers reste attaché à l'enfance et c'est notamment de là qu'il obtient tous ses succès. Depuis Rencontre du troisième type et bien évidemment E.T., il est aussi le roi du film d'extra-terrestre. Il lui a donné ses lettres de noblesse, et reste attaché au genre, comme réalisateur avec Indiana Jones 4, mais surtout comme producteur. C'est son fond de commerce comme on a pu le voir cette année, avec pas moins de quatre films qu'il a produit qui jouent de ce thème. Je passerais sur Transformers 3, réalisé par Mickael Bay, qui fait dorénavant partie de l'écurie Spielberg. Numéro Quatre, autre film dédié aux ados, se laisse bien regarder mais a pour défaut (comme Jumper) de n'être visiblement que le lancement d'une série. Je m'attarderais plutôt sur les deux sorties du mois d'août qui font clairement hommage au maitre.

"Super 8" J.J Abrams

Super 8 est entièrement dédié à la génération qui a vu E.T. pour la première fois en 1982. Le film joue à fond la carte de la nostalgie. C'est une sorte de mix des films de Spielberg de ces années là! Et sûrement la raison pour laquelle J.J Abrams, grand mixeur de mythes devant l’Éternel à été choisi pour réaliser et écrire ce film. Créateur de nombreuses séries (Alias, Lost, Fringe) et "rebooteur" d'univers ultra-connus, il a notamment réalisé le troisième épisode cinéma de Mission Impossible (MI.III) et relancé Star Trek. Il signe avec Super 8 son troisième long métrage en tant que réalisateur. Auteur et scénariste très inspiré, il n'en reste pas moins très marqué par ses influences, et son talent réside beaucoup dans sa façon astucieuse qu'il a de remixer ce qui existe déjà (de ce point de vue on peut le comparer à Tarantino). "C'est dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleures soupes" est un adage qui lui sied à merveille! Au final, Super 8, comme ses autres films, n'apporte rien de neuf mais se laisse regarder avec plaisir. L'hommage est rendu avec talent, bien dirigé, bien réalisé, un scénario qui tient la route (le final déçoit un peu…), du bon cinéma populaire qui remplit le cahier des charges. Comme son mentor, J.J Abrams joue beaucoup avec le hors-champ, notamment lors des scènes avec la Bête (qui fait un peu penser à celle de Cloverfield d'ailleurs, une sorte de croisement entre E.T. et un Golgoth!). L'hommage à Spielberg est poussé alors jusqu'au traitement de la mise en scène du requin dans Les Dents de la mer. Il joue également beaucoup des diffractions de lumière sur l'objectif de la caméra, accentuant cet esprit 70's. Outre l'hommage à l'univers de Spielberg, il rend aussi hommage au film de zombie et à Romero, cela rajoute pas mal d'humour à Super8.



"Cowboys et Envahisseurs" Jon Favreau

Spielberg sait reconnaître un talent, il embauche ici Jon Favreau réalisateur de Iron Man. Mélange des genres, Cowboys et Envahisseurs est un hommage au film de sérial des années 50. Un classique chez Spielberg et son ami Lucas, auteurs de la série Indiana Jones, issue de leur goût pour ces films qui ont marqué leur jeunesse. Le style graphique de l'affiche n'est d'ailleurs pas sans rappeler celui de Richard Amsel dessinateur des premières affiches du film les Aventuriers de l'Arche perdue, qui ont marqué toute une génération. Cowboys et envahisseurs est une série B, de luxe certes, mais entièrement assumée comme telle (regardez le titre!). Le scénario est basique : face à un ennemi commun, plusieurs groupes d'individus que tout oppose s'allient. Le message du film ne va pas plus loin, on n'en demande pas plus. Ici indiens et cowboys travaillent main dans la main face à l'envahisseur, on aimerait juste peut-être voir un jour quelques extra-terrestres belliqueux s'arrêter dans la bande de Gaza, Alors peut-être y aurait-il un espoir de paix entre Israéliens et Palestiniens! (Haha!) En tête d'affiche, on trouve Harrisson Ford, héros spielbergien et le dernier James Bond en date, Daniel Craig. Deux vrais héros pour un seul film! Leur aura et leur jeu, nous permettent de suivre ce film avec plaisir, sans jamais s'ennuyer. Ils sont secondés par la belle Olivia Wilde découverte dans la série Docteur House. Les caractères sont souvent assez drôles. Un film de pur "entertainment"!

Hanni El Khatib « Will The Guns Come Out »

Avec des parents philippins et palestiniens, Hanni El Khatib représente un peu la jeunesse américaine métissée de son époque. Sa musique n'est pas pour autant inspirée d'un quelconque folklore lié à ses origines, mais bien des pionniers du rock'n'roll. « Dead Wrong », le 1er single, » ne dépareillerait pas sur l'album « Rock 'n' Roll » de John Lennon constitué de reprises de Chuck Berry à Fats Domino. Ça donne une idée des sources d'inspiration du jeune homme qui chérit lui aussi les covers : « You Rascal You » le standard de Cab Calloway de 1932, « I Got a Thing » version stoogienne des cultissimes Funkadelic, ou encore le  « Heartbreak Hotel » habité en son temps par Elvis Presley, et délicieusement revisité façon Tom Waits. Mais l'ancien directeur artistique d'une marque de skateboard compose la plupart de ses morceaux. Il les joue aussi lui-même avant de les produire à sa sauce en véritable "Do It Yourself". Et là où on imaginait un album rock garage basique, on est surpris par la diversité des compositions, « Fuck It. You Win. » est un mix entre les White Stripes et The Black Keys, « Loved One » sonne comme un classique des Modern Lovers, et « Wait. Wait. Wait. » est une véritable balade folk acoustique. Une révélation !

Hanni El Khatib - Will The Guns Come Out - Innovative Leisure – 2011

"La guerre des boutons" Yann Samuell

C'est la rentrée! c'est aussi la guerre des guerres des boutons dans le cinéma français, puisque sont sortis sur les écrans deux films concurrents adaptés du célèbre livre de Louis Pergaud. Une guéguerre jamais vu dans le cinéma made in France! Il y a bien eu, voilà quelques années deux films inspirés de l'affaire Roman, mais les deux long-métrages étaient sortis à une année d'intervalle et le titre et le traitement étaient très éloignés l'un de l'autre. La première raison à cette double sortie est sans conteste la tombée dans le domaine publique du fameux ouvrage de Pergaud ! La guerre des guerres des boutons se poursuivra jusqu'au mois prochain puisque la première adaptation du livre par Yves Robert, La guerre des bouton de 1961 ressort le 12 octobre prochain dans les salles!
Pour ma part, je suis allé voir le premier sorti, en compagnie de mon fiston, c'est à dire le film de Yann Samuell. Premier sorti, premier servi! C'est du moins ce qu'a du penser le producteur (à juste titre sûrement, enfin l'avenir nous le dira!). Yann Samuell est le réalisateur de jeux d'enfants, dont le traitement du moins dans mon souvenir était assez proche d'Amélie Poulain. Ici pas du tout ! Le film est tourné en caméra portée, sûrement pour donner un aspect plus véridique à cette histoire de bagarres entre deux bandes d'enfants ou encore un esprit film d'action moderne à la Jason Bourne. Au début du film j'ai été un peu surpris par ce choix, j'ai le souvenir d'un plan de l'église dans le montage qui m'a semblé étrange sur le moment! Une caméra portée pas toujours maitrisée. Je déplore aussi ces nuits américaines dans les bois, on sent à fond l'effet et franchement ce n'est pas très beau. Bien évidemment le traitement n'intéresse pas les enfants qui sont la cible principale du film. Mon gamin lui à bien "kiffé". Outre les dialogues avec leurs lots de gros mots qui font rire la salle, la force du film tient surtout dans sa direction d'acteurs et son casting quatre étoiles. Eric Elmosnino défend son rôle d'instituteur avec force et conviction, Mathilde Seigner est comme d'habitude très bien, Chabat c'est Chabat! et on aimerait le voir plus souvent, quant à Fred Testot il est parfait et drôle dans le rôle du curé du village. La Guerre des boutons c'est aussi un casting et une direction d'acteurs-enfants, ce qui est toujours une gageure! Ici les enfants sont au diapason, à commencer par Vincent Bres qui interprète le charismatique Lebrac. On remarquera dans un rôle secondaire une jeune actrice à suivre, June Maitre qui interprète Octavie et qui est très convaincante. Au final, on passe un agréable moment à suivre cette guerre des boutons, on rit souvent, même si ça traine un peu en longueur. Les films destinés à un jeune public, pour ceux qui voudraient s'y coller et s'ils m'entendent, ne devraient pas durer plus d'1H30, ce n'est malheureusement pas la tendance actuelle...