The Brandt Brauer Frick Ensemble « Mr Machine »

Daniel Brandt, Jan Brauer et Paul Frick jouent une musique « électronique » à base de véritables instruments. Et « Mr Machine », leur 2ème album après « You Make Me Real » en 2010, est un travail expérimental où l'Homme devient machine à l'image de la cover où une boite crânienne se transforme en boite à musique. Cet album se repose sur les rythmes et la percussion puisque même le piano est utilisé comme telle. En raison de l'origine allemande du trio, la référence au krautrock et à Kraftwerk est naturelle, mais ils se nourrissent aussi de jazz, de house et de musique classique. Eux, revendiquent John Cale et Helmut Lachenmann, grands noms de la musique contemporaine, comme influences majeures. Un album ambitieux et exigeant, mais qui reste accessible avec de nombreuses portes d'entrées comme « Pretend » avec Emika au chant, « Teufelsreiter » et son clavier très « Bitches Brew », ou encore « You Make Me Real » où l'on peut deviner en filigrane la ligne de basse de « London Calling » des Clash !

The Brandt Brauer Frick Ensemble - Mr Machine - !K7 Records - 2011

L'album en écoute intégrale : SoundCloud

La vidéo de « Pretend feat.Emika »

La version live au Concertgebouw à Bruges

La playlist vidéos du mois de novembre

Ce mois-ci une playlist-vidéo d'enfer avec l'anglais Scroobius Pip et sa vidéo macabre inspirée d'Halloween, Emika et sa pâleur mortelle, The Suzan Les quatre diablesses Japonaises du label Fool’s Gold avec leurs percussions en forme de têtes de morts, le "tueur psychopathe" des légendaires Talking Heads, la voix caverneuse du non moins légendaire Tom Waits, Un "fuck" politique du Balkan Beat Box et bien d'autres bonne surprises. C'est parti pour 2 heures de vidéos musicales !
  • Ablaye Thiossane "Aminta Ndiaye" sur "Thiossane" (2011)
  • Scroobius Pip "The Struggle" sur "Distraction Pieces" (2011)
  • Emika "Double Edge" sur "Emika" (2011)
  • Siskiyou "Revolution Blues (Neil Young) / Inside of the Ocean" sur "Keep Away The Dead" (2011)
  • Hidden Orchestra "Antiphon" sur "Night Walks" (2010)
  • Modeselektor feat. Thom Yorke "Shipwreck" sur "Monkeytown" (2011)
  • The Suzan "Devils" sur "Golden Week for the Poco Poco Beat" (2010)
  • Talking Heads "PsychoKiller" sur "Stop Making Sense" (1984)
  • Karina Buhr "Cara Palavra" sur "Longe de Onde" (2011)
  • Bonobo & Speech Debelle "Sun Will Rise" sur "Ninja Tune XX Box Set" (2010)
  • Tom Waits "Satisfied" sur "Bad as me" (2011)
  • Akua Naru "Tales Of Men" sur "The Journey Aflame" (2011)
  • Mansfield.TYA "Animal" sur "NYX" (2011)
  • Les Humphries Singers (Liz Mitchell) "Motherless child" (1971)
  • Eric Burdon and The Animals "When I Was Young" sur "Winds of Change"(1967)
  • Pelbo "Join Their Game" sur "Days Of Transcendence"(2011)
  • Slow Joe "When Are You Comin' Home" sur "Slow Joe Meets the Ginger Accident"(2011) 
  • Kali Mutsa "Tunupa" sur "Ambrolina"(2011) 
  • John Forte & Valerie June "Give Me Water" sur "The Water Suite - EP"(2011)
  • Dominique Young Unique "Hype Girl" sur "Stupid Pretty Mixtape"(2011)
  • Caci Vorba "Te Astept" sur "Tajno Biav Secret Marriage"(2011)
  • Balkan Beat Box "Political Fuck"" sur "new album"(2012)
  • DJ Premier "Regeneration" (2011)
  • Sunni Colón "Lost Tribe" (2011)
  • Max Roach quintet & Abbey Lincoln "All Africa" sur BTR2 (chaine de télé belge) (1964)
  • Azealia Banks "212 (feat. Lazy Jay)"
  • Blitz The Ambassador "Dyin' To Live (feat. John Forte)" sur "StereoLive"(2010)

    "Les aventures de Tintin: le secret de la Licorne" Steven Spielberg

    Le tant attendu Tintin de Spielberg est enfin sorti sur grand écran. Pour les plus fondus des adeptes du reporter belge et les aficionados du papa d'Indiana Jones, l'attente date des années 80. Après avoir acquis les droits d'adaptation de la célébrissime BD de Hergé, il y a maintenant près de trente ans, Spielberg et son comparse Peter Jackson ont jeté leur dévolu sur la double aventure de Tintin: Le secret de la Licorne et le trésor de Rackam le Rouge. Spielberg livre donc le premier opus de ce qui devrait s'avérer au final une trilogie (?). Le deuxième épisode sera donc adapté par Peter Jackson qui devrait en prendre les commandes après son adaptation de Bilbo le Hobbit. Publiés en période de guerre (comme les deux suivantes: les 7 boules de cristal et le temple du soleil), ces deux aventures de Tintin sont d'une part les moins politiques (période oblige), d'autre part les plus ancrées dans l'esprit d'aventure, afin de répondre aux attentes du lecteur de l'époque avide de légèreté et d'évasion.
    On aurait pu penser que Spielberg choisisse l'adaptation de Vol 714 pour Sydney, de par son sujet, il a préféré sûrement pour ces mêmes raisons le Secret de la Licorne. Il faut savoir aussi que d'une certaine manière, l'adaptation de Tintin est pour le réalisateur un petit chalenge en soi puisque Tintin est connu aux Etats-Unis comme Jack-o'lantern chez nous! Ce double album avec sa chasse au trésor, ses pirates, ses décors exotiques semblent être un choix tout naturel pour une adaptation cinéma qui doit plaire à la fois aux plus vieux tintinophiles mais aussi aux enfants et teen-agers de tout poil!
    Nous avons en France et en Europe l'exclusivité, puisque le film ne sortira aux Etats Unis qu'à Noël. Pour adapter Tintin, Spielberg toujours adepte de nouvelles technologies, a choisi de filmer en motion capture (capture de mouvements). Cette technique a été utilisée par Jackson pour créer le personnage de Gollum dans le seigneur des anneaux, par Cameron dans Avatar mais aussi et surtout par Zemeckis qui en a été le fer de lance depuis le Pôle express et la création de son studio ImageMovers. Spielberg, lui, n'y avait pas encore goûté, voilà qui est fait avec Tintin. Cette technique fait du film Tintin un hybride entre film classique et film d'animation. Le graphisme de Tintin a donc été adapté afin d'obtenir une version réaliste de l'univers de Hergé. Spielberg oublie la tant louée ligne claire et par la motion capture s'empare de l'univers Tintin pour non seulement lui rendre hommage mais également le faire sien. Et comme toujours avec lui, il y a un vrai respect du travail des auteurs qu'il admire, ici Hergé (De manière générale une adaptation de BD par Hollywood tente toujours de respecter l'oeuvre d'origine.). 
    L'adaptation des aventures de Tintin est une très bonne surprise et l'affiche : Tintin + Spielberg , tient largement ses promesses : l'aventure est au coin de la rue! Pour les points positifs : le scénario inspiré, reprend certaines scènes des albums précités mais aussi du Crabe aux pinces d'or, tout en réinventant certains passages avec de belles idées (le bateau balancier, la scène de l'hélice, le casse permis grâce à la voix de la Castafiore…), on retrouve l'humour de Hergé et de ses divers personnages, en tête, le capitaine Haddock presqu'aussi truculent (pas de scène d'hallu. dans le désert cependant!) que dans la BD mais aussi les fameux Dupondt. Spielberg toujours à l'aise maîtrise le rythme, le découpage, les mouvements de caméra. En ce qui concerne la technologie de la capture de mouvement, le résultat est dans l'ensemble plutôt impressionnant, notamment sur les gros plans de visages, ça marche vraiment bien. Le rendu semble parfois moins sophistiqué sur les plans moyens. Et ce surtout à partir du moment où les "acteurs" sont en contact direct avec un objet entièrement créé par la synthèse, comme sur un chameau (un peu raide) ou une moto. La scène d'action sur la moto a ce défaut qui existe aussi dans les jeux vidéo, on sent un manque de "poids" de la moto, ce qui nous empêche d'y croire à fond; ça c'est un des points négatif, pour le reste seule la scène de combat avec les grues est un peu "too much" comme on disait dans les années 80! Cette scène de combat par machine interposée entre le Capitaine Haddock et son ennemi fait penser à une production Spielberg du moment: Reel steal, son but est d'attirer les "kids". C'est le prix à payer pour voir adapter Tintin par Spielberg, cela fait partie des petites concessions accordées à l'entertainment pour faire de Tintin un hypothétique Blockbuster.
    Enfin, pour reprendre la dernière réplique du film lorsque Tintin demande au Capitaine Haddock: "Comment est votre soif d'aventure Capitaine?", moi je réponds comme le capitaine: "Insatiable Tintin!" Alors, vivement la suite!

     

    Ibrahim Maalouf « Diagnostic »

    Ibrahim Maalouf, trompettiste franco-libanais aux multiples collaborations (Sting, Arthur H, Mathieu Chedid, Amadou & Mariam, Vanessa Paradis, Lhasa, Jeanne Cherhal, Thomas Fersen, ...) prouve une nouvelle fois qu'il possède son propre univers. Avec chacun des titres dédiés à l'un des siens, sa fille Lily, ses sœurs Maeva et Layla, son père Nassim, sa mère Nada, ou encore sa femme Pauline, « Diagnostic » s'écoute comme on feuillette un album de famille. Et on voyage, à l'image de « Maeva In The Wonderland » qui prend sa source dans les Balkans avec une fanfare de circonstance pour se terminer à Cuba. Les styles musicaux s’enchevêtrent (jazz, pop, classique, hip-hop, world, rock) tout comme les instruments, de la guitare blues-rock de « Never Serious » ou de « We'll Allways Care About You » (hommage au roi de la pop), au piano plus classique à la Chopin de « Your Soul », reléguant parfois la trompette, pourtant toujours aussi magique (« Everything Or Nothing »), au second plan. Un voyage qui se termine à Beyrouth, la ville qui l'a vu naître, avec 10 minutes mélancoliques où la trompette se reposent sur de délicats arpèges de guitares avant un final Led Zeppien!

    Ibrahim Maalouf - Diagnostic - 2011 - Mister Productions

    Martyn "Ghost people"

    Le dubstep a connu de grands jours avec les albums de kode9, Burial ou dans une moindre mesure Chase & Status ou Skream. Cette bass musique apportait un vent de fraicheur dans le paysage électronique. Mais depuis deux bonnes années, cela reste évidemment très subjectif, le style commençait à prendre la poussière et dans l'ensemble ça tournait en rond. Certains nez fins ont alors décidé d'y opérer quelques mutations et il est difficile de leur jeter la pierre car cela méritait véritablement un second souffle. A l'instar de Zomby et de son brillant "Dedication", Martyn nous présente son second album, "Ghost people", et c'est un vrai bol d'air. En signant chez Brainfeeder, le Hollandais s'émancipe des codes du dubstep si on peut toujours parler ici de dupstep. 2-step, house, jungle, deep tech et electronica passent à la moulinette du Dj pour un résultat plus que convaincant. La musique de Martyn ne s'éloigne pas définitivement du genre mais ne s'enfonce pas non plus dans des expérimentations froides ou bizarroïdes. "Je veux être reconnu comme quelqu’un qui surprend sans cesse". C'est effectivement surprenant car il n'y a rien de réellement neuf dans sa musique, c'est plutôt l'alchimie entre les styles et la substance des morceaux qui épatent. En effet, le dubstep n'est pas reconnu pour la chaleur de ses ambiances, dans "Ghost people" les basses sont étonnamment accueillantes. Les variations de rythmes ainsi que le groove permettent à l'album de ne jamais s'étirer en longueur mais au contraire de garder un dynamique enivrante. L'album est réellement taillé pour le dancefloor. "Viper", "Masks", "Horror vacui", "Popgun" ou "We are you in the future" sont déjà en orbite pour devenir des classiques. Brainfeeder est décidément un sacré dealer et a trouvé avec Martyn un grand produit. Il y a beaucoup de nouvelles sensations dupstep qui sont de véritables feux de paille. Martyn, lui, s'ouvre une voie royale pour devenir l'un des cadors du genre.

    Martyn - Ghost people - Brainfeeder -2011 

    Martyn "Horror Vacui"
     

    "Polisse" Maïwenn

    Réalisatrice, chère au cœur de notre rédac-chef Paco, Maïwenn poursuit sa carrière derrière la caméra. Après Pardonnez-moi et Le bal des actrices, elle signe ici son troisième film. Une nouvelle fois elle fait mouche, à en croire le démarrage du film au box-office, mais surtout le prix du jury glané à Cannes. Le titre Police étant déjà pris et mémorable, elle choisi d'appeler son film Polisse à la manière des "p'tits". Bonne idée, puisqu'il s'agit justement du thème: l'enfance, mais pas n'importe laquelle puisque le film suit à la manière d'une chronique, le quotidien de la brigade de protection des Mineurs de Paris Nord. Loin du concept " l'enfance est la plus belle période de la vie" , le cynisme du générique sur la musique de l'île aux enfants, nous donne le ton de ce qui va suivre. Après Pardonnez-moi Maïwenn s'intéresse à nouveau à la maltraitance sur mineur.
    Avec son style "doc" qu"elle adopte une nouvelle fois, elle propose une vision de cinéma. Côté scénario, le fil conducteur est assez léger et se restreint à suivre Melissa, jeune photographe chargée par le Ministère de faire un reportage photo sur la BPM. Ce personnage interprété par la réalisatrice n'est qu'un prétexte et reste d'ailleurs très effacé dans la grande première partie du film. Le gros du film consiste à faire découvrir, outre le côté flic de chaque membre de l'équipe, le côté vie privée de chacun (mais pas tous, peut-être dans la saison 2?). La campagne de promotion a largement insisté sur la performance de Joey Starr. Il est effectivement très bon dans le film. Le contraire aurait été étonnant tellement c'est un acteur né! En même temps, pour faire la part des choses, ce n'est pas non plus un rôle de composition pour lui. Il ne joue pas ici le rôle d'une nounou ou du Dalaï Lama, mais celui de Fred, le flic écorché vif qui n'hésite pas quand il le faut à ouvrir sa gueule. Un rôle taillé sur mesure donc, avec un peu de "Joey tendresse" dedans. C'est la qualité principale du film : l'interprétation des acteurs. Chacun compose un personnage avec vérité et intensité : Karine Viar et Marina Foïs sont au sommet de leur art, le reste du casting est au diapason. Petit bémol : l'ensemble des caractères est en mode "bout du rouleau" limite hystérique. Le film est assez éprouvant, le sujet y est pour beaucoup. La brigade est continuellement confrontée aux dérives d'ados, à la déviance de parents, à l'exploitation d'enfants ou encore à la maltraitance. Maïwenn joue avec les émotions des personnages et du public, variant le ton des scènes sans hésiter sur le côté "choc". Petit clin d’œil: elle emprunte à Subway deux petites répliques cultes, ce qui n'est pas pour me déplaire. Pour l'aficionados de fiction que je suis, je regrette par ailleurs qu'il n'y est pas une vraie histoire de fond pour tenir l'ensemble comme c'était le cas dans La balance de Bob Swaim par exemple.

    Soema Montenegro « Passionaria »

    C'est grâce à Vincent Moon et La Blogothèque que nous avions découvert en 2010 Soema Montenegro : une artiste originaire de Buenos Aires profondément Argentine et difficilement catalogable. « Passionaria » son 2ème album après « Uno una uno » en 2008 est d'une intensité rare. Accompagnée du bandéoniste Jorge Sottile, elle prend parfois des airs de cantatrice et à l'instar de son ainée Yma Sumac, elle aime expérimenter avec sa voix hors du commun. Elle vient titiller la folie sur « Milonga de la ensoñada » , se lance à capella sur « Invocación a la passionaria », des cuivres et des percussions originales donnent  un côté bric à brac à « Flores del desierto » alors que « Profundidade » sonne plus traditionnel. Mais finalement c'est bien la folie qui l'envahit avec « Molecularmente ».
    Soema Montenegro se place dans la lignée de ses contemporaines un peu barrées, Camille la Française, Bjork la pop star islandaise, ou encore Merrill Garbus de TuneYards, tout en s’imprégnant de la tradition et la mélancolie traditionnelle sud américaine à la manière de la regrettée Lhasa.

    Soema Montenegro - Passionaria - Western Vinyl - 2011

    Vidéo :

    Le questionnaire lunaire de Melissa Laveaux

    Le « Questionnaire lunaire » est une nouvelle rubrique sous forme d'un « 4-3-2-1 » tenant compte de notre intérêt pour la musique, le cinéma, les bouquins et le sport.
    Mélissa Laveaux, l'une des premières artistes à avoir été chroniqué ici avec son album « Camphor & Copper », a gentiment accepté de l'inaugurer. Chanteuse, musicienne, et compositrice canadienne de parents haïtiens, elle est aujourd'hui installée à Paris. Sa musique teintée de blues et de folk est un pur enchantement. Elle chante en anglais mais n’abandonne pas pour autant sa culture d'origine, créole et francophone. En attendant son prochain album, actuellement en gestation, qu'on espère pour bientôt, n'hésitez pas à vous replonger dans le précédent, une véritable petite pépite acoustique.


    MUSIQUE

    Premier album acheté ?

    Aaliyah « Age Ain't Nothin' But a Numba » (1994)

    « C'est l'album qu'elle a sorti à 14 ans lorsqu'elle avait épousé R. Kelly de manière clandestine. Bien sûr, je ne savais pas ça à l'époque ! Bon c'était ma première acquisition et pas la dernière dans le monde du R'n'B. » Site d'Aaliyah

    Dernier album apprécié ?

    Trunks « On The Roof » (2011)

    « Je regardais un peu la page facebook de Laetitia Shériff et j'ai suivi le lien... Jolie découverte. » BandCamp

    Un album culte ?

    Stina Nordenstam « The World is Saved » (2004)

    « C'est un album que je peux écouter en boucle sans me lasser. Un peu comme tout ses albums. C'est une artiste tellement mystérieuse. Elle n'a pas donné d'interviews depuis 1992. Et elle écrit des chansons si tristes... Je trouve qu'il y a un côté moderne, atemporel et minimaliste à ses production. Aucune arrogance. » Site de Stina Nordenstam

    UN morceau et UN seul ?

    TV on the Radio « Ambulance » sur « Desperate Youth, Blood Thirsty Babes » (2004)

    « Ben c'est le premier morceau favori qui m'est venu en tête. Tout simple qu'il soit. » Site de Tv On The Radio




    CINEMA

    Premier souvenir?

    « Teenage Mutant Ninja Turtles » (1990) réalisé par Steve Barron

    « à l'anniversaire de Peter, le premier camarade de classe qui m'invite à son anniversaire... »

    Dernier film marquant ?

    « Happy Few » (2010) réalisé par Antony Cordier, avec Marina Foïs, Élodie Bouchez et Roschdy Zem

    « Je trouve que ça traite de manière excellente le sujet des relations ouvertes. J'ai surtout adoré le jeu de Marina Fois. Je la trouve excellente actrice. »



    UN film UN seul ?

    « Roaring Fire » (1998) réalisé par Noribumi Suzuki, avec Hiroyuki Sanada, Sonny Chiba and Etsuko Shihomi

    « Un vieux film de Kung Fu que j'ai regardé au moins mille fois avec mon père. Le doublage est horrible. L'histoire est tragique. Il y a même une héroïne aveugle qui pratiquent les arts martiaux et se défend contre une salle entière de gens... Je le conseille à tous le monde, mais surtout ceux qui sont fans du genre... »




    BOUQUINS

    Dernier bouquin ?

    « Galadio » de Didier Daeninckx (2010)

    « Je me remets à la littérature française et c'est sorti à la rentrée littéraire. Chronique la vie d'un métisse afro-allemand en Allemagne nazie. C'est difficile de tourner les pages, mais pas à cause de l'écriture mais plutôt parce qu'on sait comment tout cela finit... »

    Un chef-d’œuvre?

    « Le Premier Amour est Toujours le dernier » de Tajar Ben Jelloun (1996)

    « Un de mes livres favoris de mon époque de collégienne. Un recueil très bien écrit. Je trouve toujours que ses personnages sont si bien exploités – ils ont beaucoup de profondeur, plusieurs dimensions. »


    SPORTS

    Le plus beau souvenir sportif ?

    « Je n'en ai pas. En ce moment je me suis mise à la salle de sport. Ça fait très mal même si je me sens mieux après, j'ai pas de rêves de sportive. Mais j'aime bien regardé un match de hockey en live – mon côté canadien – ou un match de foot en live- mon côté haitien. »

    Grand merci à Mélissa Laveaux pour avoir été la première à se soumettre à notre questionnaire.

    "The Artist" Michel Hazanavicius

    Si l'on peut douter de l'intérêt qu'a eu Thomas Langmann de produire cette année une nouvelle guerre des boutons, on ne peut par ailleurs que louer son audace quant à la production de The Artist. Paradoxe du métier sûrement, tour à tour "dernier Nabab" (dixit Jean Dujardin) ou "vilain tricheur", vous avez dit producteur?
    Sur le papier, produire The Artist , c'est aller contre la logique de production d'aujourd'hui. Le film est en Noir&Blanc, en 4/3 et de surcroit muet, tout pour plaire à un public de masse! Un film hors norme qui semblait difficile à produire. Le petit truc en plus qui aide à lancer une telle production est certainement le soutien de l'auteur Michel Hazanavicius et de l'acteur Jean Dujardin au projet. Le succès des deux films OSS 117 ont du peser dans la balance de la décision.
    Bref, de l'audace! Une audace qui a permis au film d'être sélectionné à Cannes pour le plus grand plaisir des festivaliers. A cette occasion, Jean Dujardin s'est vu remettre le prix d'interprétation masculine par le grand "Bob" De Niro "himself", au nez et à la barbe du non moins grand Michel Piccoli, ce n'est pas rien! Avec The Artist, Jean Dujardin rentre définitivement dans la cours des grands. Le rôle à été écrit sur mesure par Michel Hazanavicius.
    L'histoire suit le parcours d'un acteur vedette du cinéma muet hollywoodien, de sa rencontre avec la jeune Peppy Miller, de sa déchéance alors que nait à son grand désarroi le cinéma parlant. Hazanavicius rend hommage au cinéma de l'époque, avec beaucoup de classe, que ce soit dans les gags, les idées visuelles, les cadrages, la mise en scène, la lumière et la musique, tout y est pour suivre avec bonheur cette mise en abîme du cinéma dans le cinéma. Jean Dujardin est secondé par une horde d'acteur dont le talent n'est plus à démontrer, je pense notamment à John Goodman ou James Cromwell, mais aussi à Bérénice Bejo, qui face à la tornade Dujardin à Cannes a été un peu oubliée des médias me semble t-il! Face à l'acteur cabot et son chien, elle défend parfaitement son rôle donnant à Peppy Miller un caractère joliment trempé et plein de "pep's", la Julia Roberts des années 20!
    A mon sens le film est un petit peu long, quelques petites longueurs mais le plaisir est toujours là! Avec son sujet, un peu désuet, on peut se demander si le film ne s'adresse pas qu'à quelques cinéphiles averti ou quelques nostalgiques de la belle époque. le succès nous permettra sûrement d'y répondre, toujours est-il que réaliser ce film était une vrai gageure! chapeau l'artiste, c'est réussi.

    Sallie Ford & the Sound Outside « Dirty Radio »

    « Dirty Radio » est un subtil mélange de rockabilly et de country proposé par Sallie Ford, une chanteuse originaire de Caroline du Nord, accompagnée de trois musiciens de Portland. La contrebasse swingue à merveille, et couplée à une rythmique peu orthodoxe à la Tom Waits, donnent une furieuse envie de se bouger le popotin. Les soli de guitare sur « Cage », « Danger » ou « This Crew » nous baignent dans une compilation Nuggets des 60's. Mais c'est en grosse partie grâce à la voix puissante de Sallie Ford, n'ayant pas grand chose à envier à celle d'Amy Winehouse (« Where Did You Go? ») que l'ensemble encore plus 50's que 60's prend toute sa dimension. On pense parfois aux sœurs Casady des CocoRosie (« Write Me a Letter ») mais le côté désuet de l'album nous fait encore plus penser à Timber Timbre (le clavier de « Nightmares » !) dans un registre bien moins mélancolique. Régénérant.

    Sallie Ford & the Sound Outside - Dirty Radio -2011 - Partisan Records

    En images :

    L'album en écoute en intégralité : 
     


    Brown Bird « Salt for salt »

    Alors qu'ils étaient 5 à former Brown Bird, ce groupe de Rhode Island, sur le précédent enregistrement, ils ne sont plus que 2 aujourd'hui : David Lamb au chant, à la guitare et au banjo, à la grosse caisse et au tambourin, et Morgan Eve Swain aussi au chant, mais surtout au violon, son instrument de prédilection, au violoncelle et à la contrebasse. Et ces deux-là s'occupent de tout ! Avec un mélange de folk, de blues et de country, l'album est rustique tout en préservant quelques belles surprises. Une intro tout en sifflet sur « Chairkickers » à la manière d'Andrew Bird, un autre artiste au nom d'oiseau, un final à rendre fou n'importe quel derviche tourneur stambouliote sur l'instrumental « Shiloh », un « Nothing Left » qui prend la forme d'une veillée funèbre et des violons digne des meilleures musiques de l'Est de l'Europe sur « Cast No Shadow ». Un album americana bien sympathique.

    Brown Bird - Salt for salt - Supply & Demand - 2011

    L'album en écoute partiellement :


    En images :

    The Dark Destroyer

    Malgré une coupe du monde en dent de scie, l'équipe de France de rugby a frôlé la victoire face aux All blacks. Symbole de leur domination en finale, l'IRB a désigné le capitaine de l'équipe de France Thierry Dusautoir comme meilleur joueur du monde 2011 (le seul français à recevoir cette distinction après Fabien Galthié en 2002). Pas seulement un lot de consolation pour les bleus car Dusautoir mérite le respect, tant par son talent de « Serial plaqueur » ( 38 plaquages en quart de finale du mondial 2007 !) que par son parcours original. Né en Côte d'Ivoire en 1981 d'un père français, professeur de physique-chimie, et d'une mère ivoirienne, il grandit dans la plantation de ses grands parents paternels. Rien ne prédisposait alors Thierry à devenir rugbyman. C'est le retour dans le sud-ouest de la France, vers l'âge de 10 ans, qui modifie la donne. Choc culturel, divorce des parents, il a tendance à se renfermer, tout en menant de brillantes études (diplomé de l'École nationale supérieure de chimie et physique de Bordeaux). La découverte du rugby sera pour lui une révélation, et son parcours professionnel à Bègles-Bordeaux, puis Colomiers, Biarritz, et enfin Toulouse le confirme. Il a ainsi presque tout gagner : quadruple champion de France, vainqueur de la coupe d'Europe HCup, grand chelem au tournoi des 6 nations, il ne lui manque plus qu'une coupe du monde... Pour 2015 ?

    * Photo de Denis Rouvre dans la collection "Les portraits du rugby".

    Nicolas Jaar - Space Is Only Noise

    Pour un sample  non crédité du « I Got a Woman » de Ray Charles, « Space Is Only Noise » l'album du jeune prodige de la musique électronique Nicolas Jaar sorti en début d'année, a refait parler de lui le mois dernier. Un album à la maturité surprenante vu l'âge de l’artiste (21 ans) qui s'écoute dans sa globalité tant les morceaux s'enchainent subtilement. Les notes de piano constituent la trame enrobée de diverses textures sonores comme le ruissellement de l'eau, des cris de jeunes enfants mais aussi des dialogues en français comme celui-ci : « Est-ce qu'on peut décrire bien un paysage si on ne le parcours pas de haut en bas, de la terre jusqu'au ciel et puis du ciel jusqu'à la terre aller-retour ?». Sans doute que non, et il en va de même pour la musique du jeune américain si l'on désire en appréhender toute sa richesse : de l'éléctro aérienne avec « Colomb », du dub mâtiné de cordes grinçantes avec « Too Many Kids Finding Rain In The Dust », de la house avec « Keep me there » et son sax saccadé, ou encore du bricolage sonore digne du meilleur abstract hip-hop avec « Specters Of The Future ». Un album marquant de l'année 2011.

    Nicolas Jaar - Space Is Only Noise - 2011 - Circus Company

    L'album en écoute en intégralité :
       

    Camille « Ilo Veyou »

    Depuis ses débuts il y a une dizaine d'années et la période où elle usait et abusait parfois de la pédale à boucles, Camille a su évoluer pour devenir une figure majeure de la chanson française. Loin du controversé et expérimental "Music Hole" qui prenait toute sa dimension sur scène, ce 4ème album, parfois présenté comme « médiévale » alors que seul « Le berger » nous transporte dans ces temps anciens, dégage toutefois une atmosphère singulière. En raison, à la fois des lieux d'enregistrements (une église, une ruelle, ...) mais aussi du choix délibéré de garder quelques sons "parasites" comme des bruits de pas, des chants d'oiseaux, ou des voix lointaines. Les morceaux alternent les plaisirs, « L'étourderie » nous embarque dans une magnifique mini-transe amoureuse, sur « Allez allez allez » Camille s'amuse à singer les voix d'enfants pour reconstituer un chœur de fête de fin d'année scolaire, « My man is married but not to me » est un bricolage sonore à la Tom Zé et « Le banquet » est un instant de grâce mélancolique. Alors même si on sent qu'elle s'amuse beaucoup, comme sur « Mars is no fun » aux airs de Feist, c'est souvent lorsque la mélancolie pointe que Camille nous touche le plus.

    Camille - Ilo Veyou - 2011 - EMI Music