Eurêka Street, Robert McLiam Wilson

Eurêka Street c'est un peu l'anti Sex and the City. Si les deux univers pouvaient se rejoindre, nul doute que les pulpeuses new-yorkaises ne jetteraient pas un regard à la bande de potes trentenaires pas franchement glamour, sortie de l'imagination de Robert McLiam Wilson. Ici les physiques ne sont pas très avantageux, les boulots plutôt déprimants et les déceptions amoureuses quotidiennes. L'ambiance des pubs et des quartiers populaires de Belfast ne devraient pas davantage plaire à Carrie et ses copines. Dès le titre et la photo de couverture, la ville est mise en avant. On s'installe dans un décor de maisons ouvrières à la déco plutôt kitsch, dans des rues tranquilles où les voisines aiment bien jacasser et où les murs s'ornent de slogans politiques. La violence des attentats et les tensions entre Catholiques et Protestants tissent une toile de fond plutôt sombre. Mais contre la grisaille ambiante l'auteur use habilement d'un humour acerbe et il sait rendre ses personnages attachants malgré leurs multiples défauts. On se plait en la compagnie de Jake qui laisse tomber son boulot déprimant (récupérer les meubles achetés à crédit que des quidams ne peuvent plus rembourser), de Chukie qui préfère gagner de l'argent sans travailler (et qui s'en sort plutôt bien) ou de sa mère Peggy, moins banale qu'elle n'en a l'air. Une bonne lecture en période de crise où on s'aperçoit que les soi-disants paumés sont bien plus rigolos que les icônes de mode sensées nous faire rêver.

Robert McLiam Wilson, Eurêka Street, Paris : 10/18, 1999.

2 commentaires:

  1. Excellent bouquin,Eureka Street.J'ai lu aussi et chroniqué jadis Ripley Bogle et le très prenant,plus sombre,La douleur de Manfred.

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  2. Excellent bouquin.Je préfère cependant chez RMW le plus sombre La douleur de Manfred.

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